[CRITIQUE] : Hot Milk

Réalisatrice : Rebecca Lenkiewicz
Acteurs : Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Yann Gael,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h32min

Synopsis :
Par un été étouffant, Rose et sa fille Sofia se rendent à Almeria une station balnéaire du sud de l’Espagne. Elles viennent consulter l’énigmatique docteur Gómez, qui pourrait soigner la maladie de Rose, clouée à un fauteuil roulant. Sofia, jusque-là entravée par une mère possessive, s’abandonne au charme magnétique d’Ingrid, baroudeuse qui vit selon ses propres règles. Tandis que Sofia s’émancipe, Rose ne supporte pas de voir sa fille lui échapper - et les vieilles rancoeurs qui pèsent sur leur relation vont éclater au grand jour...

Au cœur d'un été fièrement ensoleillé, une mère britannique et sa fille, Rose et Sofia, arrivent sur la côte d'Almería avec la ferme intention de trouver une solution à la mystérieuse maladie qui a obligé la première, à vivre confinée entre les roues de son fauteuil roulant depuis des années, grâce aux méthodes non conventionnelles et férocement onéreuse, d'un toubib/guérisseur local.

Contrainte d'être au chevet de sa matriarche paralysée depuis toute petite, Sofia, qui est étudiante étudiante anthropologie, trouve une échappatoire à la monotonie de la potentielle cure médicale " miracle " de Rose auprès d'Ingrid, une femme énigmatique et bohème qui se promène sur la plage accompagnée d'un cheval blanc qui a tout d'une invitation, d'une promesse tout autant d'une émancipation pieusement souhaitée du joug maternel, que d'une évasion romantique passionnée...

Dans la vie comme au sein du septième art, il y a des cadeaux que l'on se fait qui ont tout, même avec la meilleure des volontés, de véritables offrandes empoisonnées.
Celui que s'est elle-même offert la scénariste émérite Rebecca Lenkiewicz, pour son premier passage derrière la caméra, est instinctivement de ceux-là : une adaptation du best-seller gentiment complexe Hot Milk de la romancière Deborah Levy, wannabe fusion entre le drame familiale noué autour d'une relation mère-fille perturbée et tout mépris, et le récit introspectif sous fond de frustrations et d'éveil sexuel, au cœur d'un cadre estival sensiblement bouillant - les plages d'Almería... enfin grecques.

Mauvaise pioche, ce " lait chaud " n'a d'enflammé que de nom, mélodrame transgénérationnel et feuilletonesque tout en stéréotypes et à la subtilité absente (des dialogues philosophico-risibles aux allégories pompeuses, en passant par ses ellipses irritantes), plombée tout autant par le développement totalement superficiel de ses personnages, que sa propension maladive à diluer et asséché toute la portée émotionnelle - voire même organique - de ce portrait divergent et nébuleux de femmes co-dépendantes l'une de l'autre et qui comme la narration, fuient leurs traumatismes.

Heureusement pour Lenkiewicz, se sont ses comédiennes qui empêchent son premier effort de totalement sombrer, notamment une fantastique Fiona Shaw au timing caustique so british dans son rôle de mère au corps douloureusement immobilisé, qui peine autant à se lancer sur la voie de la guérison que de la repentance.
C'est maigre, rachitique même et, au bout de 90 minutes qui en paraissent quasiment le double, le lait chaud a tourné et est désormais rance pour son auditoire...

Jonathan Chevrier