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[CRITIQUE] : Le Mohican


Réalisateur : Frédéric Farrucci
Acteurs : Alexis Manenti, Mara Taquin, Théo FrimigacciPaul Garatte,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
En plein cœur de l’été, Joseph, l’un des derniers bergers du littoral corse, voit son terrain convoité par le milieu pour un projet immobilier. Il refuse de céder. Cela signerait la fin d’un monde. Quand il tue accidentellement l’homme venu l’intimider, il est forcé de prendre la fuite et devient la proie d’une traque sans répit du sud au nord de l’île. Portée par sa nièce Vannina, la légende de Joseph, incarnant une résistance réputée impossible, grandit au fil des jours et se propage dans toute la Corse…




Critique :



Mine de rien, même si son nom n'explose pas encore à la face du spectateur lambda (même si le cinephile de bon goût de fait déjà l'un des visages les plus passionnants à suivre du moment), il y a une vraie petite hype qui se construit autour du talentueux comédien Alexis Manenti qui, en l'espace de quelques péloches mieux que bien choisies, est gentiment passé du stade de second couteau affûté à une potentielle next big thing d'un septième art hexagonal qui ne les compte pas par dizaines.

Clairement de ces talents qui peuvent te pousser à payer ta place dans une salle obscure, et dont on espère que l'ascension ne connaîtra pas de creux.

Copyright Koro Films - Atelier de production - Les Films Velvet - Novoprod

Passé une année 2024 assez exceptionnelle et sans véritable bout de gras superflu (excepté Ad Vitam, il sort d'un joli Grand Chelem L'Affaire Vinča Curie, Roqya, Diamant brut, Karmapolice et À son image), et une année 2025 qui commence sur le même tempo (Le Dossier Maldoror), le voilà de retour avec Le Mohican, estampillé second long-métrage de Frédéric Farrucci (l'excellent La nuit venue), gentiment logé entre le western politique aux - très légers, certes - accents Fordiens et le thriller/survival rural haletant, vissé qu'il est sur les aternoiements de Joseph, le " dernier des mohicans " du sud rocheux d'une île de beauté gentiment bouffée par la gentrification et une modernité qui s'accaparent le moindre bout de terrain viable.

Pas un indien au sens Mannien du terme, mais le garant d'une tradition qui se perd, l'un des rares bergers encore présents et qui continue à élever des chèvres comme le faisaient ses ancêtres, mais dont l'activité est vite remise en cause par la pression de nouveaux investisseurs issus de la mafia, qui forcent les locaux à vendre leurs terres, alors que ceux-ci perdent en productivité depuis des années.
S'il refuse continuellement de vendre, tout bascule lorsque les propositions pécuniaires se transforment en menaces armées, une confrontation (intelligemment) hors-champ qui se termine dans le sang (avec un fils de chef mafieux, pour ne rien gâcher à l'équation) pousse alors Joseph à fuir un pays qu'il ne voulait pas quitter, s'il ne veut pas perdre la vie.

Copyright Koro Films - Atelier de production - Les Films Velvet - Novoprod

Au-delà d'un portrait idiosyncrasique d'une Corse à la beauté sauvage qui, à l'image même de notre monde contemporain, voit sa singularité culturelle de plus en plus écrasée par la modernité (qui, paradoxalement, sert de force au sein de la narration, par l'utilisation des réseaux sociaux), Le Mohican construit une solide spirale de violence sauce opposition  David contre Goliath, autour d'un simple berger isolé et solitaire transformé en un anti-héros symbole de résistance à travers sa quête de survie, dont on pourra certes critiquer le schématisme affirmé - voire le rythme en dents de scie passé le premier tiers -, mais surtout reconnaître un vrai savoir-faire.

Un bon western revisité, dominé par la prestation investie et puissante d'Alexis Manenti.


Jonathan Chevrier