[CRITIQUE] : La Déposition
Réalisatrice : Claudia Marschal
Acteurs : -
Distributeur : Shellac
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min
Synopsis :
1993. Emmanuel croit trouver un refuge auprès de Hubert, le curé de son village en Alsace. Mais un après-midi pluvieux, Emmanuel ressort du presbytère après avoir juré de ne jamais raconter ce qui s’y est passé.
Trente ans plus tard, Emmanuel se souvient de ce jour. À la gendarmerie, il active discrètement l’enregistreur de son téléphone et commence sa déposition.
Critique :
Il y a des sujets qui ne fuient pas l'actualité, tant les maux qu'ils portent sont d'une dureté continue, intemporelle, impossible à guérir, parce qu'ils sont perpétués avec une inhumanité froide presque quotidiennement.
Des maux souvent, longtemps condamnés au silence jusqu'à ce que le courage des victimes s'exprime, parfois trop tardivement pour qu'une justice déjà à deux vitesses en temps normal (quand elle n'est pas absolument inexistante), ne puisse faire son office.
Les VSS au coeur d'un milieu aussi fermé que l'église, est un mal qui ne nous quitte pas et dont les atrocités nous sont révélés avec une banalité monstrueuse : c'est presque " commun " que de telles abominations arrivent, tellement que l'on ne n'y prête pas plus attention que cela, et encore moins que l'on prête une quelconque attention aux (nombreuses) victimes - nous avons aussi notre culpabilité dans l'équation.
Cette vérité, c'est le moteur même du très beau documentaire de Claudia Marschal, La Déposition, qui sonde l'omerta entourant les abus subit par Emmanuel, trente ans plus tôt, au presbytère de son petit village alsacien, et son difficile parcours introspectif autant vers la vérité qu'une paix longtemps souhaité, lui dont les parents catholiques pratiquants, se sont enfermés autant dans le silence que dans le déni; des parents pour qui l'idée illusoire de l'infaillibilité de l'autorité ecclésiale, était finalement plus importante que l'intégrité physique et psychologique de la chair de leur chair.
Le ciment, au fond, de la résistance abjecte et de l'hégémonie rarement discutée, de toutes les structures - où personnes - profondément enracinées, usant abusivement de leur pouvoir.
D'une délicatesse rare dans son exploration aussi bien des multiples fardeaux du traumatisme, que du vague espoir de réconciliation familiale/intime ou de reconstruction face à un crime à jamais impuni, La Déposition accompagne et écoute une âme qui a besoin de se faire entendre, met la parole en scène avec justesse face à un monde qui ne lui donne que peu d'intérêt où pire, qui protège les agresseurs.
Jonathan Chevrier
Acteurs : -
Distributeur : Shellac
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min
Synopsis :
1993. Emmanuel croit trouver un refuge auprès de Hubert, le curé de son village en Alsace. Mais un après-midi pluvieux, Emmanuel ressort du presbytère après avoir juré de ne jamais raconter ce qui s’y est passé.
Trente ans plus tard, Emmanuel se souvient de ce jour. À la gendarmerie, il active discrètement l’enregistreur de son téléphone et commence sa déposition.
Critique :
Délicat dans son exploration aussi bien des multiples fardeaux du traumatisme, que du vague espoir de reconstruction face à un crime impuni, #LaDéposition accompagne et écoute une âme qui a besoin de se faire entendre après des années de silence/déni sur les abus qu'elle a subit. pic.twitter.com/r7zRr4k7E1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 24, 2024
Il y a des sujets qui ne fuient pas l'actualité, tant les maux qu'ils portent sont d'une dureté continue, intemporelle, impossible à guérir, parce qu'ils sont perpétués avec une inhumanité froide presque quotidiennement.
Des maux souvent, longtemps condamnés au silence jusqu'à ce que le courage des victimes s'exprime, parfois trop tardivement pour qu'une justice déjà à deux vitesses en temps normal (quand elle n'est pas absolument inexistante), ne puisse faire son office.
Les VSS au coeur d'un milieu aussi fermé que l'église, est un mal qui ne nous quitte pas et dont les atrocités nous sont révélés avec une banalité monstrueuse : c'est presque " commun " que de telles abominations arrivent, tellement que l'on ne n'y prête pas plus attention que cela, et encore moins que l'on prête une quelconque attention aux (nombreuses) victimes - nous avons aussi notre culpabilité dans l'équation.
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Cette vérité, c'est le moteur même du très beau documentaire de Claudia Marschal, La Déposition, qui sonde l'omerta entourant les abus subit par Emmanuel, trente ans plus tôt, au presbytère de son petit village alsacien, et son difficile parcours introspectif autant vers la vérité qu'une paix longtemps souhaité, lui dont les parents catholiques pratiquants, se sont enfermés autant dans le silence que dans le déni; des parents pour qui l'idée illusoire de l'infaillibilité de l'autorité ecclésiale, était finalement plus importante que l'intégrité physique et psychologique de la chair de leur chair.
Le ciment, au fond, de la résistance abjecte et de l'hégémonie rarement discutée, de toutes les structures - où personnes - profondément enracinées, usant abusivement de leur pouvoir.
D'une délicatesse rare dans son exploration aussi bien des multiples fardeaux du traumatisme, que du vague espoir de réconciliation familiale/intime ou de reconstruction face à un crime à jamais impuni, La Déposition accompagne et écoute une âme qui a besoin de se faire entendre, met la parole en scène avec justesse face à un monde qui ne lui donne que peu d'intérêt où pire, qui protège les agresseurs.
Jonathan Chevrier