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[CRITIQUE] : Super Happy Forever


Réalisateur : Kohei Igarashi
Acteurs : Hiroki Sano, Yoshinori Miyata, Nairu Yamamoto, Tomo Kasajima,...
Distributeur : Survivance
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais, Français.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Sano est de retour à lzu, sur le littoral japonais. Il semble absent à lui-même et à ce qui l'entoure, sauf à cette casquette rouge qu'il cherche obstinément. Il est en quête d'un signe, d'une trace, de quelque chose qui pourrait attester d'un événement survenu ici, en réincarner le souvenir.




Qu'on se le dise, elles sont rares, les évasions cinématographiques capables de vous bousculer à une heure où, période estivale de l'année oblige, vous pensiez que les belles découvertes seraient à réserver pour une période beaucoup plus propice au refuge dans les salles obscures.
Mais, à l'instar des semaines précédentes, et quand bien même l'attention est totalement focalisée où presque sur les grosses productions venues de l'autre côté de l'Atlantique (dont quelques-unes sont hautement recommandables, attention), les belles découvertes sont toujours présentes pour celles et ceux qui se donnent la peine de vouloir les voir.

Et il y a des détails qui ne trompent pas, Super Happy Forever, estampillé premier long-métrage du cinéaste nippon Kohei Igarashi (le très chouette film d'animation Takara, la nuit où j'ai nagé, co-réalisé avec Damien Manivel), s'annonçait déjà aussi doux que mélancolique et ce dès sa bande annonce.

Magnifique chronique blessée et quasi-Nietzschienne sur le deuil dans un monde à la dérive (à la lisière du post-apocalyptique), presque figé dans une stase infinie où le passé et le présent s'emmêlent dans un ballet des sens douloureux, le film scrute le douloureux mais essentiel voyage intérieur d'un homme à l'aube de son existence (à peine dans la vingtaine), mais déjà frappé par la tragédie : sa femme est morte subitement dans son sommeil, ce qui motive sa quête désespérée pour revenir dans la paisible station balnéaire japonaise où ils se sont rencontrés cinq ans plus tôt, pour retrouver la casquette rouge qu'ils avaient perdus lors de leur première visite.


Une fuite en avant où, plutôt, vers le passé, là où le vrai bonheur existera pour toujours, celui d'une rencontre fortuite mais magique dénué de chagrin et de colère.
À travers une narration inversée à l'écriture délicate, où les temporalités se superposent pour mieux nous confronter réellement à ce qu'est perdre l'amour de sa vie, avant d'embrasser la joie pure d'en faire sa rencontre (comme si le cinéma pouvait, d'une manière naïve, réparer l'irréparable et bousculer la dureté du destin); Igarashi sait comment brillamment cueillir son auditoire en croquant une expérience à la fois douce-amère et sincère sur comment la tristesse a su sournoisement vaincre le bonheur.


L'un des beaux miracles ciné de l'été.


Jonathan Chevrier