[CRITIQUE] : La Planète des singes : Le Nouveau Royaume
Réalisateur : Wes Ball
Avec : Owen Teague, Freya Allan, Peter Macon, Kevin Durand, Lydia Peckham,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h25min
Synopsis :
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l'état sauvage et vivent en retrait. Alors qu'un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l'amènera à questionner tout ce qu'il sait du passé et à faire des choix qui définiront l'avenir des singes et des humains...
Critique :
La trilogie La Planète des singes du tandem Rupert Sanders/Matt Reeves avait réussi une sorte de petit miracle improbable : ne jamais souiller l'héritage de la saga originale, sans même chercher à le brandir comme un totem, tout autant que de le laver de l'affront Tim Burtonien du début des années 2000 (qui a vite capitulé sous un cahier des charges écrasant); le tout sans forcément renier ses contours de blockbuster racé et intelligent, avec quelques séquences aussi émouvantes que férocement spectaculaires.
Une réussite à laquelle Disney, qui venait de récupérer le bébé des mains de la FOX, a donc vite voulu offrir une continuité aussi peu désirée que purement opportuniste - La Planète des singes : Le Nouveau Royaume -, venant loucher un peu plus vers la transition opérée par La Planète des singes : Suprématie, à savoir une dissolution progressive de l'allégorie sociale captivante, pour voguer vers le survival dystopique matiné d'aventure et aux relents spectaculaires de plus en plus exacerbés, tout en étant emprunt d'un espoir d'utopie qui venait totalement rompre l'aspect méchamment désenchanté des premières heures de la franchise.
De là à dire que l'on se dirigeait tranquillement mais sûrement vers une régression, il n'y a qu'un pas que l'on osait pas forcément franchir avant sa vision.
Séance faite et digérée, un constat clair s'impose face à ce qui a tout d'un opus d'introduction à une nouvelle trilogie visant à combler le fossé entre l'épopee épique de Caesar, et le véhicule cinématographique original de Franklin Schaffner : non, les nobles intentions ne font pas forcément un bon film, aussi divertissant soit-il.
Partant d'un point de départ ambitieux le rapprochant sensiblement de ses plus proches aînés, en sondant les complexités plurielles de l'héritage de Caesar et de sa révolution plusieurs décennies plus tard (entre croyance des faits et légende récupérée), sous fond de discours sur les dangers du culte aveugle et incontesté des idoles (plutôt culotté venant de la firme aux grandes oreilles), tout en y accolant un plus ou moins fin récit de passage à l'âge adulte simiesque; La Planète des singes : Le Nouveau Royaume vend un temps du pâté même s'il fait un peu trop vite redescendre la température.
Déclinaison à peine masquée du tout-venant du blockbuster d'aventure Hollywoodien matiné des codes du western - syndrome post-Logan, jusque dans ses relans bibliques -, la péloche de Wes Ball ne tend pas trop à épouser la richesses de ses cadres somptueux (sauf peut-être dans un dernier tiers qui peine à pointer le bout de son nez), puisqu'il part du principe pas toujours sain de conter plus que de montrer, reléguant dès lors le choc des différentes civilisations de singes d'un monde désormais divisés en différents clans - à l'antispécisme plus ou moins marqué -, à une accumulation de dialogues d'exposition manquant cruellement de corps (tout comme le rapport humain-singe, avec la connexion morale nouée entre Noa et Mae), là où la présence du vilain majeur, Proximus (à qui Kevin Durant donne merveilleusement vie), symbole furieusement évocateur de l'héritage spirituel déformé de Caesar (dont les motivations ne sont jamais totalement contextualisées non plus, alors qu'elles se font le miroir de ceux de Mae), est mis sur la touche jusqu'à la seconde moitié bien tassée du film.
Tout du long, La Planète des singes : Le Nouveau Royaume ne donne l'impression d'effleurer plutôt que d'approfondir ses thématiques (comme l'ambivalence d'une humanité désormais inférieure, peu prompt à accepter son sort et qui rêve encore intimement à un renversement du pouvoir de force; à laquelle se juxtapose un regard simiesque à la fois compatissant et hésitant à l'idée d'exterminer notre espèce) et ses questionnements (notamment, celle essentielle : les singes, à force de s'en inspirer, sont-ils appelés à reproduire les mêmes erreurs/horreurs de l'humanité ? Sont-ils appelés eux aussi à s'autodétruire ?), quand bien même il laisse parfois s'exprimer quelques belles fulgurances, malgré que l'idée d'introduire une nouvelle trilogie pèse un peu trop sur une carcasse qui, quant elle laisse parler sa poésie post-apocalytique et contemplative, peut s'avérer merveilleuse.
Pas désagréable donc, même dans ses élans volubiles et ses contradictions (l'utopie fragile de son final, qui peine a convoquer une entente/harmonie que l'on sait impossible, entre humains et singes), en attendant de voir si la suite osera pousser franchement une vérité qui claque au visage de tout son auditoire depuis Les Origines : le grand vilain de l'histoire, c'est nous.
Jonathan Chevrier
Avec : Owen Teague, Freya Allan, Peter Macon, Kevin Durand, Lydia Peckham,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h25min
Synopsis :
Plusieurs générations après le règne de César, les singes ont définitivement pris le pouvoir. Les humains, quant à eux, ont régressé à l'état sauvage et vivent en retrait. Alors qu'un nouveau chef tyrannique construit peu à peu son empire, un jeune singe entreprend un périlleux voyage qui l'amènera à questionner tout ce qu'il sait du passé et à faire des choix qui définiront l'avenir des singes et des humains...
Critique :
Sentiment mitigé à la vision de #LaPlanèteDesSingesLeNouveauRoyaume, qui poursuit la transition opérée par Suprématie, tout en se rapprochant inéluctablement du film de Schaffner, même s'il ne fait qu'effleurer à defaut d'approfondir, toutes ses thématiques et ses questionnements pic.twitter.com/mBlvIkZPyS
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 8, 2024
La trilogie La Planète des singes du tandem Rupert Sanders/Matt Reeves avait réussi une sorte de petit miracle improbable : ne jamais souiller l'héritage de la saga originale, sans même chercher à le brandir comme un totem, tout autant que de le laver de l'affront Tim Burtonien du début des années 2000 (qui a vite capitulé sous un cahier des charges écrasant); le tout sans forcément renier ses contours de blockbuster racé et intelligent, avec quelques séquences aussi émouvantes que férocement spectaculaires.
Une réussite à laquelle Disney, qui venait de récupérer le bébé des mains de la FOX, a donc vite voulu offrir une continuité aussi peu désirée que purement opportuniste - La Planète des singes : Le Nouveau Royaume -, venant loucher un peu plus vers la transition opérée par La Planète des singes : Suprématie, à savoir une dissolution progressive de l'allégorie sociale captivante, pour voguer vers le survival dystopique matiné d'aventure et aux relents spectaculaires de plus en plus exacerbés, tout en étant emprunt d'un espoir d'utopie qui venait totalement rompre l'aspect méchamment désenchanté des premières heures de la franchise.
Copyright 2023 20th Century Studios. All Rights Reserved. |
De là à dire que l'on se dirigeait tranquillement mais sûrement vers une régression, il n'y a qu'un pas que l'on osait pas forcément franchir avant sa vision.
Séance faite et digérée, un constat clair s'impose face à ce qui a tout d'un opus d'introduction à une nouvelle trilogie visant à combler le fossé entre l'épopee épique de Caesar, et le véhicule cinématographique original de Franklin Schaffner : non, les nobles intentions ne font pas forcément un bon film, aussi divertissant soit-il.
Partant d'un point de départ ambitieux le rapprochant sensiblement de ses plus proches aînés, en sondant les complexités plurielles de l'héritage de Caesar et de sa révolution plusieurs décennies plus tard (entre croyance des faits et légende récupérée), sous fond de discours sur les dangers du culte aveugle et incontesté des idoles (plutôt culotté venant de la firme aux grandes oreilles), tout en y accolant un plus ou moins fin récit de passage à l'âge adulte simiesque; La Planète des singes : Le Nouveau Royaume vend un temps du pâté même s'il fait un peu trop vite redescendre la température.
Déclinaison à peine masquée du tout-venant du blockbuster d'aventure Hollywoodien matiné des codes du western - syndrome post-Logan, jusque dans ses relans bibliques -, la péloche de Wes Ball ne tend pas trop à épouser la richesses de ses cadres somptueux (sauf peut-être dans un dernier tiers qui peine à pointer le bout de son nez), puisqu'il part du principe pas toujours sain de conter plus que de montrer, reléguant dès lors le choc des différentes civilisations de singes d'un monde désormais divisés en différents clans - à l'antispécisme plus ou moins marqué -, à une accumulation de dialogues d'exposition manquant cruellement de corps (tout comme le rapport humain-singe, avec la connexion morale nouée entre Noa et Mae), là où la présence du vilain majeur, Proximus (à qui Kevin Durant donne merveilleusement vie), symbole furieusement évocateur de l'héritage spirituel déformé de Caesar (dont les motivations ne sont jamais totalement contextualisées non plus, alors qu'elles se font le miroir de ceux de Mae), est mis sur la touche jusqu'à la seconde moitié bien tassée du film.
Copyright 2023 20th Century Studios. All Rights Reserved. |
Tout du long, La Planète des singes : Le Nouveau Royaume ne donne l'impression d'effleurer plutôt que d'approfondir ses thématiques (comme l'ambivalence d'une humanité désormais inférieure, peu prompt à accepter son sort et qui rêve encore intimement à un renversement du pouvoir de force; à laquelle se juxtapose un regard simiesque à la fois compatissant et hésitant à l'idée d'exterminer notre espèce) et ses questionnements (notamment, celle essentielle : les singes, à force de s'en inspirer, sont-ils appelés à reproduire les mêmes erreurs/horreurs de l'humanité ? Sont-ils appelés eux aussi à s'autodétruire ?), quand bien même il laisse parfois s'exprimer quelques belles fulgurances, malgré que l'idée d'introduire une nouvelle trilogie pèse un peu trop sur une carcasse qui, quant elle laisse parler sa poésie post-apocalytique et contemplative, peut s'avérer merveilleuse.
Pas désagréable donc, même dans ses élans volubiles et ses contradictions (l'utopie fragile de son final, qui peine a convoquer une entente/harmonie que l'on sait impossible, entre humains et singes), en attendant de voir si la suite osera pousser franchement une vérité qui claque au visage de tout son auditoire depuis Les Origines : le grand vilain de l'histoire, c'est nous.
Jonathan Chevrier