[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #96. The Great Mouse Detective
© 1986 - Walt Disney Productions |
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#96. Basil, Détective Privé de Ron Clements et Burny Mattinson (1986)
Si aujourd'hui, nous bouffons du Sherlock Holmes quasiment à toutes les sauces depuis le retour en grâce du personnage aussi bien sur le petit écran (Sherlock, Elementary) que sur le grand écran (Sherlock Holmes sauce Ritchie, Mr Holmes,...), gageons que le personnage cher à Sir Arthur Conan Doyle, n'a pas toujours été autant en odeur de sainteté, et synonyme de succès garantit non plus.
Et les 80's l'ont démontré avec une douloureuse acuité ausis bien avec le fantastique Young Sherlock Holmes/Le Secret de la Pyramide de Barry Levinson, que le follement mésestimé Basil, Détective Privé du grand Ron Clements et Burny Mattinson, petit bijou d'animation made in Disney qui plus encore que Taram et le Chaudron Magique (autre pépite trop vite oubliée), alliait à la perfection une histoire classique et travaillée, à une animation plus fluide et moderne, symptomatique d'un virage " computer " qui sera pleinement digéré dès la décennie suivante.
© 1986 - Walt Disney Productions |
Autant adaptation du roman Basil of Baker Street de Paul Galdone et Eve Titus, que vraie relecture du mythe Sherlock Holmes racontée à l'échelle d'une souris (Basil vit dans le même monde que Sherlock, et il est évidemment taillé dans le même marbre, jusque dans sa pipe toujours présente et son Watson de substitution, Dr Dawson), portée par une liberté et une créativité d'animation rares, le film suit donc l'histoire, dans Londres de 1897, de Basil, une souris détective appellé à l'aide par Olivia, témoin de l'enlèvement de son paternel d'inventeur, M. Flaversham, par une inquiétante chauve souris, qui ne peut être que Fidget, le sous-fifre de l'ignoble Docteur Ratigan, son pire ennemi...
Ratigan a pour ultime dessein de prendre la place de la Reine des Souris et de gouverner toute la Grande Bretagne, Basil va alors devoir tout faire pour l'en empêcher et ramener M. Flaversham sain et sauf auprès de sa fille...
Assez éloigné de ses films d'animation pour enfants tellement saturés de sucre en poudre qu'il donnerait presque des caries rien qu'en les regardant, suffisament adulte et sombre pour séduire petits et grands sans jamais faillir, le film séduit autant dans sa facture so Disney (notamment via des méchants au flair si spécial, des figures jouissivement sombres - voire effrayantes - qui aiment l'être), que dans sa façon faussement insouciante dont les animateurs parcourent leur histoire, retranscrivant avec minutie le réalisme du 19e siècle (les rues ternes et dangereuses de la capitale britannique) dans la quête de justice de son arrogant petit héros, qui agit autant par vanité que par vertu.
© 1986 - Walt Disney Productions |
Plein d'esprit sans être trop intellectuel, touchant sans être trop sentimental, dominé par un héros délicieusement cool et d'un flegme so britannique (qui finit par l'emporté sur son ennemi uniquement grâce à son intelligence) et un score dantesque, catapulté dans un contexte bien réel (le cadre Londonien et surtout Baker Street, la mention de plusieurs figures populaires et historiques,...), Basil, Détective Privé est une petite pépite intemporelle et ludique, qui mériterait clairement une réhabilitation comme l'un des meilleurs dessins animés Disney, concocté à une époque charnière ou la firme cherchait à se renouveler sans totalement renier son identité.
Jonathan Chevrier