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[CRITIQUE] : Yao


Réalisateur : Philippe Godeau
Acteurs : Omar Sy, Lionel Louis Basse, Fatoumata Diawara, Germaine Acogny,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget :-
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français, Sénégalais
Durée : 1h44min

Synopsis :
Depuis son village au nord du Sénégal, Yao est un jeune garçon de 13 ans prêt à tout pour rencontrer son héros : Seydou Tall, un célèbre acteur français. Invité à Dakar pour promouvoir son nouveau livre, ce dernier se rend dans son pays d’origine pour la première fois. Pour réaliser son rêve, le jeune Yao organise sa fugue et brave 387 kilomètres en solitaire jusqu’à la capitale. Touché par cet enfant, l’acteur décide de fuir ses obligations et de le raccompagner chez lui. Mais sur les routes poussiéreuses et incertaines du Sénégal, Seydou comprend qu’en roulant vers le village de l’enfant, il roule aussi vers ses racines.



Critique :


Producteur, Philippe Godeau est aussi un réalisateur et scénariste, qui ancre ses récits dans notre réalité. Que ce soit pour Le dernier pour la route en 2009, où il s'intéressait à la dépendance à l’alcool et au combat de tous les jours pour s’en sortir ou 11.6 en 2013, tiré d’un fait réel, l’histoire du convoyeur lyonnais qui a détourné onze millions d’euros. Pour Yao, il s’est replongé dans son enfance. Il a souvent rendu visite à son père au Mali étant enfant, il s’est inspiré donc de cette culture très éloignée de sa vie occidentale pour en faire un film. La famille, le partage, l’accueil bienveillant et sans jugement, ce sont ces valeurs que le réalisateur a voulu nous faire partager, nous présentant Dakar et le Sénégal bien loin des clichés.


Pour cela faire, Godeau délaisse son acteur jusque là fétiche, François Cluzet et se tourne vers Omar Sy qui représente bien plus ce que le réalisateur veut montrer dans Yao. Car le film parle bel et bien de la difficulté de se trouver une identité propre quand on a des origines étrangères en France. Considéré comme blanc par les Sénégalais car son personnage est né et a grandi en France, il a pourtant des ancêtres dans un petit village du Sénégal qu’il n’a jamais pris le temps de chercher. Seydou Tall est un grand acteur, fils d’immigrés africains, venus à Dakar faire la promotion de son livre retraçant son parcours, de son enfance dans les Yvelines à son succès. Il vit dans un grand appartement parisien, fraîchement séparé de sa femme, a un fils Nathan qu’il néglige même s’il a l’air de lui porter un amour infini. C’est en rencontrant le jeune Yao, qui a fait 68 km tout seul pour le rencontrer que Seydou va prendre conscience de son privilège, de ses erreurs et va le contraindre en toute humilité à prendre du temps pour se recentrer sur l’essentiel et de ce fait, devenir un meilleur père. Il n’y a pas à dire, cela fait du bien de voir Omar Sy dans ce rôle, après les récents fiasco de Knock et Le flic de Belleville. L’acteur est ici tout en pudeur et sobriété et laisse de la place pour que le jeune Lionel Basse puisse briller. Car la force du film est bien le personnage qui a donné le titre du film. Yao est un petit garçon espiègle, plein de bon sens et d’humour, avide de connaissance et de culture. La complicité bon enfant, la fusion de ces deux personnalités que tout opposent est ce qui fait de Yao un film sincère et touchant.


Pétri de bon sentiments, le film n’est pas exempt de défauts. A commencer par la longueur du scénario, étiré afin de multiplier les situations drôles ou émouvantes pour que le personnage de Seydou en apprenne plus sur lui-même et son pays d’origine. C’est dégoulinant de bienveillance, peut-être trop, rendant ce road-movie mou et prévisible.
Dédié à Jacques Godeau et Demba Sy (pères du réalisateur et de l’acteur principal), Yao est un film émouvant sur la paternité et la transmission, sur la richesse de la culture sénégalaise, loin des clichés occidentaux. Il est donc dommage d’avoir une mise en scène si paresseuse et un scénario si statique.


Laura Enjolvy