[CRITIQUE] : Good Kill
Réalisateur : Andrew Niccol
Acteurs : Ethan Hawke, January Jones, Bruce Greenwood, Zoë Kravitz,...
Distributeur : La Belle Company
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.
Synopsis :
Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.
Critique :
#GoodKill ou un pertinent drame de guerre aux enjeux réalistes, une œuvre subtile et militante porté par E.Hawke impliqué @LaBelleCompany
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) April 22, 2015
Dire que le dernier long en date du jadis vénéré Andrew Niccol, Good Kill, était méchamment attendu par chez nous est un doux euphémisme.
Puisque, soyons honnête deux secondes, le bonhomme décemment n'a rien pondu de bon depuis une bonne dizaine d'années et son puissant Lord of War, dans lequel figurait déjà le précieux Ethan Hawke, son acteur fétiche depuis le cultissime Bienvenue à Gattaca.
En quête de rachat auprès des cinéphiles après deux bouses intersidérales (Time Out malgré un bon concept original, et l'affreux teen movie Les Âmes Vagabondes), Niccol revient à ses premières amours avec un sixième long très proche dans ses thématiques sociales et contemporaines, de Lord Of War, tout en s'attachant à un autre versant de la Guerre moderne des USA contre le terrorisme, mais de manière moins frontal que le récent et merveilleux American Sniper.
Good Kill donc, ou l'histoire fictive du Commandant Tommy Egan, pilote de chasse qui se voit reconverti en pilote de drone.
Il combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas.
De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question.
Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ?
L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.
Dénué de tout effet pop et d'une love story centrale cul-cul la praline, Good Kill - toute propension gardée - pourrait presque se voir comme un versant moderne du culte Top Gun, le propos morale mais surtout politique (le voyeurisme et le sentiment de toute puissance du pays de l'Oncle Sam), en prime.
En tentant d'offrir un divertissement le plus crédible possible en posant sa caméra sur le terrain (le film prend place en plein désert du Mojave, non loin des vraies bases de l'armée US), Niccol s'amuse à questionner son spectateur sur la nécessité de la guerre à distance - plus économique -, mais surtout de l'utilisation des drones, transformant ses " aviateurs " en gamers/tueurs à distance face à des écrans d'ordinateurs et la main sur le joystick, rabaissant au plus bas la notion d'humanité de ses patriotes littéralement obsédés par le sens du devoir.
Tellement, que les frappes préventives plus ou moins justifiées dont ils sont les artisans, se voient instinctivement justifiés par un gouvernement (CIA) leur déléguant le droit de vie et de mort au moindre comportement " potentiellement dangereux".
Révoltant, nécessaire et fascinant (la notion de la réalité du combat totalement biaisée, avis appuyé par son rapport entre le pilotage des drones et le monde du jeu-vidéo notamment), soulevant de manière constante la légitimité de la guerre, le film pêche cependant à provoquer la moindre empathie pour ses personnages que ce soit pour les victimes afghanes (pixelisées) ni même Tommy et sa famille, un quotidien manquant cruellement d'émotion mais surtout d'intérêt.
En héros désabusé dont les rêves de voler à nouveau se noie aussi bien dans l'alcool que dans la triste réalité d'un quotidien frustrant qu'il remet de plus en plus en question, Ethan Hawke impressionne par sa justesse et sa froideur tandis que January Jones (pas la plus talentueuse des blondes à Hollywood), s'avère elle nettement moins convaincante dans la peau d'une desperate housewife au beau milieu de la banlieue fictive d'une base militaire.
Son alchimie avec Hawke peine même cruellement à convaincre.
Porté une mise en scène à la plastique des plus élégantes (on reconnait là la précision chirurgical voir presque maniaque, de Niccol), un rythme intelligemment lent et tendu, Good Kill est un excellent drame de guerre aux enjeux réalistes et importants, une œuvre aussi subtil que militante, mais avant tout et surtout le meilleur et le plus inspiré des longs du génial Andrew Niccol depuis bien longtemps.
Et si ça ce n'est pas l'une des meilleures nouvelles de ce début d'année, on ne sait pas ce que c'est...
Jonathan Chevrier