[CRITIQUE] : Le Dernier Loup
Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Acteurs : Feng Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa, Yin Zhusheng,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : 38 000 000 $
Genre : Aventure.
Nationalité : Français, Chinois.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un représentant régional de l'autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.
Critique :
Avec #LeDernierLoup, Annaud signe une puissante fable pleine de grâce et enivrante, renouant avec les grandes fresques d'antan @MarsFilms
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 17, 2015
Qu'on se le dise, l'inestimable Jean-Jacques Annaud est l'un des cinéastes les plus talentueux du cinéma français de ses quarante dernières années, tout en étant également, l'un de ses auteurs les plus sous-estimés.
Metteur en scène et scénariste émérite, sa filmographie regorge de péloches d'exceptions (La Guerre du Feu, Le Nom de la Rose, L'Ours, L'Amant ou encore Stalingrad, pour ne citer que) et démontre son amour aussi bien pour la nature que sa fascination pour la religion, la cause humaine et animale.
Un complet marginal au sein d'un septième art hexagonal (dont il ne fait pas entièrement parti finalement, avec ces films à la portée internationale) peu à même de célébrer ses faiseurs de rêves n'entrant pas vraiment dans le moule de la " normalité populaire ", à l'instar des précieux Michel Gondry, Gaspard Noé ou encore Jean-Jacques Beneix.
En quatre décennies de cinéma ambitieux, le bonhomme n'a commis qu'un réel faux-pas notable - et quel faux-pas pour le coup -, Sa Majesté Minor, une épopée foutrement barrée qui a presque mis en péril sa carrière vu son flop retentissant, et qui a surtout salement entaché son aura de génie auprès des cinéphiles pourtant acquis à sa cause, que nous sommes (idem pour ce qui est de José Garcia).
Peu prolifique depuis - deux films en huit ans -, et près de quatre ans après son très beau Or Noir, il nous revient plus revanchard que jamais avec une nouvelle et épique aventure sur pellicule via Le Dernier Loup, adaptation fraco-chinoise bourrée de belles promesses du best-seller Le Totem Du Loup écrit par Liu Jiamin et tourné dans les steppes de Mongolie.
Une nouvelle réalisation qui lui permet ainsi de renouer avec l'histoire asiatique (le bonhomme n'est pas réellement en odeur de sainteté en Chine, oui il est interdit de séjour depuis son Sept ans au Tibet) mais également avec toutes ces thématiques les plus chers : l'amitié bigger than life, le rapport de l'homme à son environnement et la quête initiatique en terre inconnue, au milieu de paysages à couper le souffle.
Le Dernier Loup, ou l'histoire, en 1969, de Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, qui est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades, faussement considérés comme des incultes.
Mais c’est véritablement Chen qui a finalement beaucoup à apprendre sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes : le loup.
Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser.
Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal, ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même, est menacée lorsqu’un représentant régional de l’autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région...
Si ces plus récents films étaient loin d'atteindre la maestria de ces premières œuvres, avec Le Dernier Loup, Jean-Jacques Annaud retrouve son précieux mojo et remet admirablement les pendules à l'heure avec ni plus ni moins que son film le plus imposant et ambitieux de sa carrière.
Impressionnant, puissant et vertigineux, Annaud pose sa caméra perfectionniste au milieu de décors somptueux et reculés, pour accoucher d'une merveilleuse épopée épique et romanesque comme on n'en voit que trop peu sur grand écran, doublé d'un vrai et fort propos écologique (critique de la politique environnemental sous Mao) et politique (critique de la sédentarisation et de la modernisation forcée des peuples mongoles sous Mao, ainsi que sa main mise sur ses diverses collectivités).
En suivant l'itinéraire bouleversant et fascinant d'un jeune homme aussi simple que modeste, au rapport intime et réaliste avec les loups (tous incroyablement bien dressés), figure animale insaisissable et fascinante, et en s’imprégnant magnifiquement de ce peuple nomade qu'incarne les mongoles, de ses coutumes à son histoire et ses traditions; le papa de L'Ours aligne avec une frénésie rare les scènes époustouflantes (l’attaque nocturne et sous blizzard des chevaux, un pur moment de cinéma à part entière) avec la précision d'un docu fiction tout droit sorti de National Geographic.
Porté par un casting sincère mais méconnu - excepté les exceptionnels Feng Shaofeng et Shawn Dou -, une 3D réellement immersive et une photographie renversante, Le Dernier Loup est beau et émouvant à en pleurer, un drame déchirant comptant l'affrontement entre l'homme et la nature ou chaque plan explose littéralement au visage d'un spectateur qui n'aura rarement aussi bien eu connaissance de la beauté du monde qui l'entoure.
Alors tant pis si le rythme est assez bancal, et que le scénario plutôt classique, est prévisible (surtout concernant sa love story) et manque cruellement d'originalité; le nouveau Jean-Jacques Annaud est un sublime et exaltant divertissement familial renouant avec les grandes fresques d'antan, une fable sur la nature de l'homme et de l'animal proprement authentique et magique.
Une œuvre pleine de grâce et enivrante qui vous fait voyager et vous touche en plein cœur, une véritable claque sans nom qui prouve qu'à 71 printemps, Jean-Jacques Annaud n'a décidément rien perdu de sa verve et de son talent.
Prions juste pour qu'il n'attende pas quatre ans de plus pour nous revenir dans les salles obscures...
Jonathan Chevrier