[CRITIQUE] : Mr Peabody et Sherman : Les Voyages dans le Temps
Réalisateur : Rob Minkoff
Acteurs : avec les voix de : Guillaume Gallienne (VF), Ty Burell (VO), Max Charles, Ariel Winter, Leslie Mann, Stephen Colbert, Allison Janney,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Famille
Nationalité : Américain.
Durée : 1h32min.
Synopsis :
M.Peabody est la personne la plus intelligente au monde. Il est à la fois lauréat du prix Nobel, champion olympique, grand chef cuisinier... et il se trouve aussi être un chien ! Bien qu’il soit un génie dans tous les domaines, M. Peabody est sur le point de relever son plus grand défi : être père. Pour aider Sherman, son petit garçon adoptif, à se préparer pour l’école, il décide de lui apprendre l’histoire et construit alors une machine à voyager dans le temps. Les choses commencent à mal tourner quand Sherman enfreint les règles et perd accidentellement dans le temps Penny, sa camarade de classe.
Critique :
Depuis le sublime Dragons, Dreamworks Animation a pris un virage à 180° des plus fascinants, en revoyant complètement à la hausse sa fibre créatrice pour le plus grand bonheur des cinéphiles.
Reléguant au second plan les énièmes suites de leurs succès passées - on ne bouffera plus du Shrek et du Madagascar, même si Kung Fu Panda 3 reste lui, toujours d'actualité -, la firme s'est laissé aller à jouer avec le feu, en multipliant les projets originaux et ambitieux à risque, qui si ils n'ont pas réellement tous cartonnés au box-office, ce sont tous au moins révélés des claques animés comme on en a rarement vu d'aussi réussites ses dernières années dans nos salles obscures.
Dragons, Les Cinq Légendes, Les Croods ou encore Turbo, des péloches aux tons variés et séduisants, qui rivalisent - voir même mettent quasiment k.o - leurs concurrents de chez Pixar, dont la chute qualitative depuis Toy Story 3, est proportionnelle à l’ascension fulgurante de celle de chez DWA.
Avant la gifle monumentale - et déjà annoncée - qu'incarnera Dragons 2 cet été (qui n'aura d'ailleurs, pas de péloche Pixar pour le gêner dans ses résultats financiers), le studio nous revient donc cette semaine avec un pari tout aussi alléchant que couillu, Mr Peabody and Sherman : Les Voyages dans le Temps, ou l'adaptation ciné du show animé Peabody's Improbable History, crée en 1959 et diffusé dans The Rocky & Bullwinle Show.
Totalement inconnu ou presque sur nos terres, et même hors des terres ricaines, le cartoon suivait un chien génial et doué d'une intelligence hors norme, Mr Peabody, et son fils adoptif, Sherman.
Oui, vous lisez bien, un chien qui adopte un enfant humain, soit le monde à l'envers, et pas qu'un peu...
Grâce à sa machine à remonter le temps - le Chronomat -, le duo poussait des personnages célèbres et historiques à accomplir leurs plus grands faits d'armes, et du coup, façonner l'histoire en la récrivant avec malice et humour.
Foutrement culte, pédagogique et divertissante - le grand Robert Zemeckis le cite souvent comme une référence majeur à son Retour vers le Futur -, la version cinématographique s'efforce de moderniser un minimum son contenu tout en respectant scrupuleusement son matériau d'origine, aussi riche que profondément fédérateur.
Résultat, ici on suit les aventures d'un Peabody toujours expert en tous les domaines, sauf celui d'être un parent hors pair, et de son rejeton, nettement moins doué que lui dans... tous les domaines.
Histoire de le préparer pour la rentrée scolaire, il décide de lui apprendre et de lui faire découvrir l'histoire grâce à sa machine, mais les choses se corsent le jour où Sherman, après avoir désobéit à Mr Peabody, utilise la machine inconsciemment et perd dans le temps sa camarade de classe : Penny, avec qui il n'est pas réellement amis, en plus...
Sous couvert d'un pitch tellement barré qu'il en devient de facto infiniment intéressant voir même joliment malin (un chien intelligent qui parle et adopte un enfant, quoi de mieux pour faire passer une morale du " on est tous égaux " à nos jolies petites têtes blondes sans choquer la critique bien pensante ?), Mr Peabody et Sherman est une réussite étonnante, certes moins pimpante et éclatante qu'un Croods - comme Turbo, il est un cran en-dessous des prods les plus inspirés de la firme -, mais joliment attachante et drôle, et qui assume son originalité de bout en bout.
Étonnement pédagogique et ludique puisqu'il fait vivre plusieurs morceaux de l'histoire mondiale avec un humour toujours juste - les jeux de mots de Peabody sont vraiment sympas - et des clins d’œils référencés franchement sympa (de Troie à Marie-Antoinette, en passant par Leonard De Vinci et la Joconde), visuellement très propre même si la 3D n'apporte pas réellement de profondeur au récit, le film vaut également le détour pour sa belle et émouvante leçon sur la paternité, ou quand devenir père chamboule toute une vie, pour le pire mais surtout pour le meilleur.
Vraie vision moderne et universel de la famille et ou la relation père-fils est le cœur central du récit, pourvu d'une méchante cruellement réaliste (une assistante sociale voulant séparer le chien et son fils adoptif), de personnages brillamment croqués (Sherman est curieux et timide tandis que Peabody est sérieux mais toujours plein d'humour) et pour cerise sur le gâteau, l’interprétation vocale impliquée et délicieuse de Guillaume Galienne, parfait dans la peau numérisé du chien le plus intelligent du monde; le film est un excellent divertissement d'aventure familiale bourrés de bonnes intentions qu'il est difficile de ne pas tomber sous son charme, tant il cherche aussi bien à s'adresser aux plus petits comme au plus grands, sans ne jamais trahir une seule seconde son spectateur.
Du grand cru donc, certes pas à la hauteur d'un Croods, d'un Dragons ou même d'un Cinq Légendes, mais clairement au-dessus du lot d'une concurrence animée définitivement moins ambitieuse et émouvante, mais surtout nettement plus frileuse face à l'originalité et l'éclectisme.
Ou une nouvelle belle et solide pierre à l'édifice Dreamworks Animation, plus que jamais leader incontesté dans la hiérarchie de l'animation Hollywood.
Longue vie au roi.
Jonathan Chevrier