[CRITIQUE/RESSORTIE] : Princesse Mononoké
Réalisateur : Hayao Miyazaki
Avec : avec les voix de Billy Crudup, Billy Bob Thornton, Minnie Driver, Claire Danes,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Fantastique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h15min
Date de sortie : 12 janvier 2000
Date de ressortie : 23 août 2025
Synopsis :
Japon, XVe siècle. Jadis protégée par des animaux géants, la forêt se dépeuple à cause de l'homme. Blessé par un sanglier rendu fou par les démons, le jeune guerrier Ashitaka quitte les siens et part à la recherche du dieu-cerf qui seul pourra défaire le sortilège qui lui gangrène le bras. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, à la tête d’une communauté de forgerons, qui doit se défendre contre ceux qui lui reprochent de détruire la forêt pour alimenter ses forges. Parmi ses pires ennemis se trouve San, une jeune fille sauvage élevée par des loups, aussi appelée "Princesse Mononoké", la princesse des spectres...
Il y a quelque chose de profondément grisant et didactique de replonger avec un oeil adulte, sur les premières oeuvres d'un cinéaste que l'on chérit depuis que nous sommes biberonnés par le septième art.
Et encore plus quand celui-ci est un conteur hors pair tel qu'Hayao Miyazaki, dont les premiers efforts ont gentiment pris leur temps pour débarquer dans l'hexagone, la faute à un mélange obscur de distribution difficile et d'intérêt relatif pour une animation familial plus sombre et débridée, en comparaison à tout ce qui était pondu avec plus ou moins de conviction par, entre autres (mais surtout), la firme aux grandes oreilles.
Heureusement réhabilité au tout début des années 2000 dans nos salles obscures (notamment grâce à... Walt Disney, par l'intermédiaire de Miramax, aussi contradictoire que cela puisse paraître), et désormais disponible sous diverses formes (éditions physiques, plateformes SVOD,...), ses mythes et rêves animées peuvent s'épanouir pleinement dans l'imaginaire, au point même de pouvoir s'offrir le luxe de quelques ressorties aux petits oignons à l'occasion, comme avec le monument Princesse Mononoké en ces dernières heures d'un été cinéma définitivement bien plus riche qu'il n'en avait l'air.
Film somme et mature, fruit d'une gestation longue de deux décennies (il était même un temps pensé comme une adaptation sensiblement sombre de La Belle et la Bête), le long-métrage se revendique comme une épopée mythologico-réaliste au cœur de l'ère Muromachi, compilant toutes les valeurs nobles (l'acceptation de soi et des autres, la solidarité, l'amitié,...) comme les thématiques chères au cinéaste (avec en tête l'opposition entre nature/tradition qu'il faut préserver, et modernité/capitalisme galopant), à travers la malédiction d'Ashitaka, jeune prince d'une tribu reculée ayant une le malheur de tuer un dieu sanglier devenu démon, catapulté malgré lui dans un conflit plus grand que lui, entre une Dame Eboshi qui exploite toutes les ressources de la forêt (une figure nuancée, qui prospère en usant de tout ce que la forêt peut offrir, tout en offrant un refuge aux femmes marginalisées et aux malades), et San, une jeune femme élevée par les loups et qui lutte pour protéger la forêt comme ses esprits, de la folie humaine.
Tout en complexité morale et en magie pure - même s'il regorge de séquences éblouissantes et imposantes -, rien n'appelle ici à la poésie réconfortante, à la praxis imaginative Ghiblienne capable de guérir/vaincre tous les maux, tant la dureté et la brutalité qui se dégage du film, héritière de Takahata (impossible de ne pas penser au Tombeau des Lucioles, Le Garçon et du Héron n'en sera d'ailleurs jamais vraiment loin non plus), entre la violence cupide des hommes et celle sauvage des animaux, n'a pas fondamentalement pour but de renouer, artistiquement, avec la perfection et la cohérence délicieusement picturale du passé, mais bien d'incarner un réveil brutal et total face à la dure réalité, de jouer l'irrationalité pour dévoiler le rationnel, sans le moindre filtre.
Chef-d'œuvre tentaculaire formellement grandiose, fable désenchantée et amère aux contours quasi-horrifiques, sublimée par les sonorités harmonieuses - et même un poil excentrique - du maître Joe Hisaichi (peut-être sa plus belle composition auprès du maître Miyazaki), dont la magie comme la grandeur ne font que croître au fil des visions.
Clairement, la ressortie la plus importante et immanquable de l'été.
Jonathan Chevrier
Avec : avec les voix de Billy Crudup, Billy Bob Thornton, Minnie Driver, Claire Danes,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Fantastique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h15min
Date de sortie : 12 janvier 2000
Date de ressortie : 23 août 2025
Synopsis :
Japon, XVe siècle. Jadis protégée par des animaux géants, la forêt se dépeuple à cause de l'homme. Blessé par un sanglier rendu fou par les démons, le jeune guerrier Ashitaka quitte les siens et part à la recherche du dieu-cerf qui seul pourra défaire le sortilège qui lui gangrène le bras. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, à la tête d’une communauté de forgerons, qui doit se défendre contre ceux qui lui reprochent de détruire la forêt pour alimenter ses forges. Parmi ses pires ennemis se trouve San, une jeune fille sauvage élevée par des loups, aussi appelée "Princesse Mononoké", la princesse des spectres...
Il y a quelque chose de profondément grisant et didactique de replonger avec un oeil adulte, sur les premières oeuvres d'un cinéaste que l'on chérit depuis que nous sommes biberonnés par le septième art.
Et encore plus quand celui-ci est un conteur hors pair tel qu'Hayao Miyazaki, dont les premiers efforts ont gentiment pris leur temps pour débarquer dans l'hexagone, la faute à un mélange obscur de distribution difficile et d'intérêt relatif pour une animation familial plus sombre et débridée, en comparaison à tout ce qui était pondu avec plus ou moins de conviction par, entre autres (mais surtout), la firme aux grandes oreilles.
Heureusement réhabilité au tout début des années 2000 dans nos salles obscures (notamment grâce à... Walt Disney, par l'intermédiaire de Miramax, aussi contradictoire que cela puisse paraître), et désormais disponible sous diverses formes (éditions physiques, plateformes SVOD,...), ses mythes et rêves animées peuvent s'épanouir pleinement dans l'imaginaire, au point même de pouvoir s'offrir le luxe de quelques ressorties aux petits oignons à l'occasion, comme avec le monument Princesse Mononoké en ces dernières heures d'un été cinéma définitivement bien plus riche qu'il n'en avait l'air.
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Copyright Wild Bunch Germany 2024 |
Film somme et mature, fruit d'une gestation longue de deux décennies (il était même un temps pensé comme une adaptation sensiblement sombre de La Belle et la Bête), le long-métrage se revendique comme une épopée mythologico-réaliste au cœur de l'ère Muromachi, compilant toutes les valeurs nobles (l'acceptation de soi et des autres, la solidarité, l'amitié,...) comme les thématiques chères au cinéaste (avec en tête l'opposition entre nature/tradition qu'il faut préserver, et modernité/capitalisme galopant), à travers la malédiction d'Ashitaka, jeune prince d'une tribu reculée ayant une le malheur de tuer un dieu sanglier devenu démon, catapulté malgré lui dans un conflit plus grand que lui, entre une Dame Eboshi qui exploite toutes les ressources de la forêt (une figure nuancée, qui prospère en usant de tout ce que la forêt peut offrir, tout en offrant un refuge aux femmes marginalisées et aux malades), et San, une jeune femme élevée par les loups et qui lutte pour protéger la forêt comme ses esprits, de la folie humaine.
Tout en complexité morale et en magie pure - même s'il regorge de séquences éblouissantes et imposantes -, rien n'appelle ici à la poésie réconfortante, à la praxis imaginative Ghiblienne capable de guérir/vaincre tous les maux, tant la dureté et la brutalité qui se dégage du film, héritière de Takahata (impossible de ne pas penser au Tombeau des Lucioles, Le Garçon et du Héron n'en sera d'ailleurs jamais vraiment loin non plus), entre la violence cupide des hommes et celle sauvage des animaux, n'a pas fondamentalement pour but de renouer, artistiquement, avec la perfection et la cohérence délicieusement picturale du passé, mais bien d'incarner un réveil brutal et total face à la dure réalité, de jouer l'irrationalité pour dévoiler le rationnel, sans le moindre filtre.
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Copyright Wild Bunch Germany 2024 |
Chef-d'œuvre tentaculaire formellement grandiose, fable désenchantée et amère aux contours quasi-horrifiques, sublimée par les sonorités harmonieuses - et même un poil excentrique - du maître Joe Hisaichi (peut-être sa plus belle composition auprès du maître Miyazaki), dont la magie comme la grandeur ne font que croître au fil des visions.
Clairement, la ressortie la plus importante et immanquable de l'été.
Jonathan Chevrier