[CRITIQUE] : L'Été Nucléaire
Réalisateur : Gaël Lépingle
Avec : Shaïn Boumedine, Théo Augier, Carmen Kassovitz,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Quand survient un accident à la centrale nucléaire voisine, Victor se retrouve confiné dans une ferme avec ses anciens copains du village. L'orage menaçant, ils guettent le passage du nuage radioactif alors qu’ils auraient dû évacuer la zone. En 24 heures, ils vont perdre toutes leurs certitudes.
Critique :
Ce qu'il y a de particulièrement grisant avec le second long-métrage du cinéaste Gaël Lépingle, L'Été Nucléaire (son premier effort, Seuls les pirates, même après un petit tour dans les festivals, reste toujours inédit), c'est sa propension à joliment annoncer la couleur dès les premières secondes de sa bobine : son film se place volontairement en marge des dernières productions " adulescentes " hexagonales, engoncées pour la plupart dans le strict cahier des charges de la comédie urbano-contemporaine à la potacherie souvent irritante.
Sa proposition se veut donc si ce n'est totalement originale, au moins un tant soit peu exigeante et personnelle (son questionnement autour des risques de l’atome hante son esprit depuis l'enfance, lui qui a grandi proche d'une centrale nucléaire dans le Loiret), réglant son pas sur un cinéma de genre ricain prônant un cocktail protéiforme, à défaut de pleinement les maîtriser (ici le home invasion, le survival, le récit d'anticipation et même une pointe de fantastique).
Son introduction, crédible et furieusement angoissante (puisqu'elle se nourrit de notre peur à tous, de l'incident nucléaire), distille l'immédiateté d'une menace sourde et invisible qui frappe sans prévenir une poignée de jeunes dans la vingtaine, qui se retrouve obligés de se confiner dans une ferme faute d'avoir pu être évacué, alors qu’un nuage radioactif plane dangereusement au-dessus de leurs têtes.
La symbolique a beau aussi fine que du gros sel (une jeunesse frappée par une menace contre laquelle elle se bat publiquement), elle n'en est pas moins pertinente tant elle surplombe tous les artifices maladroits et faciles du teen movie, pour confronter des jeunes face à une vie d'adulte dans laquelle ils ont dû mal à se projeter, et encore plus quand leur avenir est à nouveau frontalement remis en cause par les choix d'une politique gouvernementale martelant pourtant sans cesse qu'elle ne peut pas être pérenne sans eux.
En répondant de manière positive - voire même un brin naïve -, avec son groupe étonnamment solidaire (et dénué de toute hiérarchie en interne), Lépingle fait lentement virer sa tension et ses contours bis vers l'observation philosophico-sociétale gentiment paranoïaque, questionnant nos croyances - aveugles où non - envers ceux qui nous gouvernent.
Carpenter - toute propension gardée bien évidemment - n'est jamais très loin, à ceci près que son écriture prévisible ne s'évite pas de grosses maladresses (ses personnages sont assez caricaturaux et manquent souvent de relief) quand son interprétation ne fait pas preuve d'une fadeur irritante - et que son montage ne s'épargne pas quelques longueurs.
Dommage tant sa mise en scène joliment immersive, fruit du format 35mm, renforce son minimalisme et le côté quasi-documentaire de son histoire, autant qu'il conserve une vision à l'échelle humaine d'une situation apocalyptique qui charrie des angoisses bien réelles, et pas si étrangères de celles qui nous ont tiraillés en pleine pandémie.
Un étonnant teen movie bien de chez nous.
Jonathan Chevrier
Avec : Shaïn Boumedine, Théo Augier, Carmen Kassovitz,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Quand survient un accident à la centrale nucléaire voisine, Victor se retrouve confiné dans une ferme avec ses anciens copains du village. L'orage menaçant, ils guettent le passage du nuage radioactif alors qu’ils auraient dû évacuer la zone. En 24 heures, ils vont perdre toutes leurs certitudes.
Critique :
Rafraîchissant teen movie que #LÉtéNucléaire, petit survival qui fait lentement virer la tension de sa menace nucléaire et ses contours bis, vers la réflexion philosophico-sociétale gentiment paranoïaque, questionnant nos croyances - mais pas que - envers ceux qui nous gouvernent pic.twitter.com/1OFbBP05N0
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 13, 2022
Ce qu'il y a de particulièrement grisant avec le second long-métrage du cinéaste Gaël Lépingle, L'Été Nucléaire (son premier effort, Seuls les pirates, même après un petit tour dans les festivals, reste toujours inédit), c'est sa propension à joliment annoncer la couleur dès les premières secondes de sa bobine : son film se place volontairement en marge des dernières productions " adulescentes " hexagonales, engoncées pour la plupart dans le strict cahier des charges de la comédie urbano-contemporaine à la potacherie souvent irritante.
Sa proposition se veut donc si ce n'est totalement originale, au moins un tant soit peu exigeante et personnelle (son questionnement autour des risques de l’atome hante son esprit depuis l'enfance, lui qui a grandi proche d'une centrale nucléaire dans le Loiret), réglant son pas sur un cinéma de genre ricain prônant un cocktail protéiforme, à défaut de pleinement les maîtriser (ici le home invasion, le survival, le récit d'anticipation et même une pointe de fantastique).
Son introduction, crédible et furieusement angoissante (puisqu'elle se nourrit de notre peur à tous, de l'incident nucléaire), distille l'immédiateté d'une menace sourde et invisible qui frappe sans prévenir une poignée de jeunes dans la vingtaine, qui se retrouve obligés de se confiner dans une ferme faute d'avoir pu être évacué, alors qu’un nuage radioactif plane dangereusement au-dessus de leurs têtes.
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La symbolique a beau aussi fine que du gros sel (une jeunesse frappée par une menace contre laquelle elle se bat publiquement), elle n'en est pas moins pertinente tant elle surplombe tous les artifices maladroits et faciles du teen movie, pour confronter des jeunes face à une vie d'adulte dans laquelle ils ont dû mal à se projeter, et encore plus quand leur avenir est à nouveau frontalement remis en cause par les choix d'une politique gouvernementale martelant pourtant sans cesse qu'elle ne peut pas être pérenne sans eux.
En répondant de manière positive - voire même un brin naïve -, avec son groupe étonnamment solidaire (et dénué de toute hiérarchie en interne), Lépingle fait lentement virer sa tension et ses contours bis vers l'observation philosophico-sociétale gentiment paranoïaque, questionnant nos croyances - aveugles où non - envers ceux qui nous gouvernent.
Carpenter - toute propension gardée bien évidemment - n'est jamais très loin, à ceci près que son écriture prévisible ne s'évite pas de grosses maladresses (ses personnages sont assez caricaturaux et manquent souvent de relief) quand son interprétation ne fait pas preuve d'une fadeur irritante - et que son montage ne s'épargne pas quelques longueurs.
Dommage tant sa mise en scène joliment immersive, fruit du format 35mm, renforce son minimalisme et le côté quasi-documentaire de son histoire, autant qu'il conserve une vision à l'échelle humaine d'une situation apocalyptique qui charrie des angoisses bien réelles, et pas si étrangères de celles qui nous ont tiraillés en pleine pandémie.
Un étonnant teen movie bien de chez nous.
Jonathan Chevrier