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[CRITIQUE] : Respect

Réalisatrice : Liesl Tommy
Acteurs : Jennifer Hudson, Forest Whitaker, Marlon Wayans,...
Distributeur : Universal Pictures International France.
Budget : -
Genre : Biopic, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h25min.

Synopsis :
Le film suit l’ascension de la carrière d’Aretha Franklin, de ses débuts d’enfant de chœur dans l’église de son père à sa renommée internationale. Respect est la remarquable réelle histoire retraçant le parcours de cette icône de la musique.



Critique :


Dans un paysage hollywoodien dominé/gangrenné par des projets simplistes usant inlassablement la même formule établie et éprouvée, le biopic musical moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et facilement déclinable du marché.
La quasi-intégralité de ses films ne sont souvent guère plus que des exercices glorifiés de gestion de marques/icônes, articulés entre des numéros musicaux fédérateurs - et à la lisière du fan service (trop) respectueux -, des performances d'acteurs plus ou moins grimés à la perfection et une intrigue distribuant avec plus ou moins de finesse, des informations biographiques approuvées par la succession et/ou les proches des défunts.
C'est simple, tout de la sélection musicale à la conception de la production, est conçu pour traire la nostalgie préfabriquée des téléspectateurs et à ce stade (ce qui place le biopic de figures populaires/célèbres au même niveau de traitement que celui des adaptations de bandes dessinées), il est quasiment impossible de pleinement s'emballer lorsqu'un nouvel effort vient frapper à la porte de nos salles obscures, même lorsqu'il s'attaque à la reine incontestée de la soul, Aretha Franklin.

Copyright 2020 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All Rights Reserved

Et à raison, malheureusement.
Plus proche de Bohemian Rhapsody que de Rocketman (tout est dit), avec son récit surchargé se lançant dans la mission - vaine - de résumer une vie passionnante et tumultueuse (dont cinquante ans de carrière au sommet) en à peine deux heures et demie, Respect, qui marque le premier passage derrière la caméra d'un long-métrage pour la cinéaste sud-africaine Liesl Tommy, à tout de l'oeuvre " bingo ", qui coche toutes les cases historiques en annhilant tout potentiel investissement émotionnel de son auditoire - pas le temps.
Trafiquant quelques clichés faciles du genre sans le moindre remords (un jeu à boire visant à déceler tous les tropes, rendrait ivre n'importe qui dès la première demie heure), au coeur d'une approche sage et arythmique qui traite du moindre événement majeur de l'existence de Franklin, comme des épisodes savonneux digne d'une telenovela (quand les dialogues, souvent sur-explicatif, n'expose pas maladroitement le contexte historique); Respect se tire d'autant plus une balle dans le pied en prenant le parti de traiter le destin de la chanteuse au travers de la toxicité masculine et des hommes dominateurs qui l'oppressent, tout réduisant ses efforts réels pour se libérer de leur joug, comme de simples véhicules musicaux.

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Plus que de tronquer les moments d'autonomisation de la chanteuse, le script aborde même superficiellement tout ce qui pouvait faire le sel de son histoire (son implication dans le mouvement des droits civiques - son amitié avec Martin Luther King Jr. comme son soutien avoué à Angela Davis -, son rôle de mère, son alcoolisme,...), définissant finalement de manière affreusement binaire - soit par sa voix, soit par ses drames - son incroyable existence.
Reste alors la performance plus que solide d'une Jennifer Hudson habitée, et de solides performances/morceaux musicaux, trop peu malheureusement pour faire du scolaire Respect un biopic majeur rendant hommage à une vraie légende, de ceux qui préfèrent laisser simplement parler la musique, plutôt que de trafiquer artificiellement toutes les notes...


Jonathan Chevrier


 

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