[CRITIQUE] : One More Jump
Acteurs : -
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien, Suisse, Libanais.
Durée : 1h23min.
Synopsis :
Abdallah, athlète professionnel, a réussi à s'échapper de Gaza. Son ami Jehad, lui, y vit toujours. Il y entraîne de jeunes athlètes pour qui le sport reste le seul espace teinté d'espoir au milieu du conflit. Faut-il partir pour accomplir ses rêves ou rester pour se battre pour son pays ? La question forme le fil rouge de ce récit bouleversant sur le dépassement personnel.
Critique :
En opposant deux âmes en pleine adversité qui peinent à donner un sens à leur vie, bravant la gravité - à tous les niveaux - via la pratoque du Parkour, pour se sentir un tant soit peu en vie, #OneMoreJump tutoie la grâce et incarne un documentaire aussi sensible qu'essentiel. pic.twitter.com/GteIW0sgMz
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 12, 2021
On a tous été plus ou moins " initié " à la discipline spectaculaire et réellement extrême du Parkour (sport né au coeur de la banlieue parisienne, consistant à franchir avec agilité tous les obstacles - même les plus imposants - qui composent le milieu urbain), au début des années 2000 grâce aux bondissants et charismatiques Yamakasis, petit phénomène de mode - mais vrais grands athlètes - que Luc Besson s'est empressé d'user jusqu'à la moelle dans un bon paquet de productions de l'époque, sous le pavillon de feu Europa Corp.
Une discipline qui a su traverser les frontières et qui, cette fois, est mise en valeurs par Emanuele Gerosa dans le grisant One More Jump, un documentaire poignant traçant le portrait de deux jeunes palestiniens à l'amitié contrariée mais unis dans le dépassement de soi, Abdallah et Jehad.
Le premier a pu quitter Gaza pour gagner l'Italie - plus précisément Florence - et tenter ainsi de vivre de cette discipline (offrant un regard de l'intérieur, sur les motivations saines et compréhensibles d'un parcours migratoire).
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Le second lui, vivant dans la rancoeur du départ de son ami - ils avaient prévu de partir ensemble -, est resté en Palestine autant pour s'occuper de son père malade et handicapé, que pour initier les jeunes générations au Parkour.
En opposant deux visions de l'espoir bien distinctes même si étroitement liées (la lutte, que ce soit celle de réaliser son rêve et d'avoir une vie meilleur, face à celle de se battre pour la liberté, résister par la transmission pour améliorer le lendemain d'un pays à l'agonie), mais surtout deux âmes en pleine adversité qui peinent à donner un sens à leur vie, bravant la gravité - à tous les niveaux - et mettant leur résistance à rude épreuve pour se sentir un tant soit peu vivant, dans un monde triste et de misère ou ils se sentent, partout, des étrangers.
Dommage en ce sens, que la durée réduite du récit ne donne pas plus de temps pour explorer en profondeur ses deux héros désenchantés mais jamais désespérés, car on pourrait rester des heures devant cette oeuvre aussi sensible et modeste qu'elle est essentielle.
Jonathan Chevrier