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[CRITIQUE] : La femme à la fenêtre

Réalisateur : Joe Wright
Acteurs : Amy Adams, Anthony Mackie, Fred Hechinger, Wyatt Russell, ...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Américain
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Anna Fox, une psychologue pour enfants agoraphobe vivant cloîtrée dans sa demeure new-yorkaise, se met à espionner par la fenêtre la famille d'allure parfaite qui s'est installée de l'autre côté de la rue. Sa vie bascule quand elle assiste par hasard à un crime épouvantable.


Critique :



Netflix nous donne notre lot de suspens en ce milieu de mois de mai, à quelques jours de la réouverture des salles. Après Oxygène de Alexandre Aja, c’est au tour de Joe Wright de voir son film apparaître directement sur plateforme, dans des conditions tout à fait différentes cependant. La femme à la fenêtre, adaptation du best-seller éponyme de A.J. Finn, était prévu pour une sortie dans nos salles obscures. Mais dans les méandres de reshoot, de rachat et de pandémie, le film prend la voie de la SVOD, avec en outre des critiques de projections tests extrêmement mitigées. Qu’en est-il de ce thriller psychologique au relent hitchcockien ?

Copyright Netflix / Melinda Sue Gordon

Difficile ne pas pas penser à Hitchcock quand on lit le synopsis de La femme à la fenêtre. Surtout quand on sait que l’auteur du livre s’est inspiré de Fenêtre sur cour. Comment faire taire les comparaisons ? Joe Wright décide d’y aller franco en instaurant dès les premières minutes de nombreuses références cinématographiques à l’intérieur même du récit. Le film de Alfred Hitchcock, ainsi que Les Passagers de la nuit sont vus au travers du regard d' Anna Fox (brillante Amy Adams), comme un miroir sur sa propre histoire. Cela donne l’occasion au cinéaste de se lâcher en termes d’esthétisme, empruntant une ambiance old school pour mieux enfermer son personnage. Agoraphobe, Anna ne sort jamais de son immense maison new yorkaise lugubre, s’enfermant à la fois dans sa maison, dans son mal-être et dans la fiction via l’écran de télévision. Elle observe ses voisins, comme elle regarde sa dvdthèque, pour s'imprégner d’autres histoires que la sienne. Le récit prend le point de vue d’Anna pour mieux perdre le spectateur. Comment comprendre ce qui se passe quand nous n'avons qu’un aspect biaisé de l’histoire ? L’atmosphère poisseuse qu’instaurent à la fois la lumière de Bruno Delbonnel et le montage saccadé des cauchemars d’Anna fonctionne parfaitement. Les spectateur‧trices comprennent très vite que rien ne va dans cette maison, sans mettre le doigt dessus, avant bien entendu le dernier quart du film. La mise en scène joue souvent avec le cadre de la fenêtre, des portes, même du poste de télévision, pour enfermer Anna. Le réalisateur souligne les moindres aspects de son décor pour installer l’angoisse, miroir de la souffrance de son personnage. Le son prend également une place prépondérante, comme les gouttes d’un lavabo qui fuit, la sonnerie du téléphone, des rires d’enfants pendant Halloween. Tout prend de la place dans la bande sonore, distordue, trop intense. Voit-on la vérité par les yeux d'Anna, ou un mensonge créé à partir de son esprit ? Joe Wright garde un rythme soutenu pour contenir ce mystère.

Copyright Netflix / Melinda Sue Gordon

Malgré ce malaise constant, La femme à la fenêtre arrive vite à bout de souffle et s’embourbe dans un dernier quart très fragile. Si on pouvait faire fi de sa grandiloquence tout le long, allant de pair avec un récit très inspiré, la fin tire vers de la mauvaise série B, laissant de côté toute l'atmosphère intelligemment instaurée depuis le début. On ne comprend pas ce revirement très cheap, à côté de la plaque et loin de la mise en scène classieuse de Joe Wright. À se demander si toute cette séquence n’a pas été ajoutée de force par la production, désireuse de mettre un peu de sang dans ce sage thriller. Il est vraiment dommage de finir de façon si amère, car la grande majorité du film n’a pas à rougir malgré une conception chaotique. Amy Adams se donne corps et âme dans ce personnage si touchant, elle-même entourée d’acteur‧trices quatre étoiles, Gary Oldman et Julianne Moore, qui viennent de façon éparse asseoir leur talent.
Joe Wright signe un thriller psychologique aux inspirations hitchcockiennes assumées et donne un très beau rôle à Amy Adams, qui s’en sort évidemment royalement. La femme à la fenêtre n'est pas une catastrophe en soi, avec sa mise en scène jouant astucieusement avec l’espace et le cadre, mais perd définitivement pied dans un dernier quart trop poussif.


Laura Enjolvy



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