[CRITIQUE] : Voir le jour
Réalisatrice : Marion Laine
Acteurs : Sandrine Bonnaire, Brigitte Roüan, Aure Atika, Sarah Stern, Kenza Fortas,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min.
Synopsis :
Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.
Critique :
Avec #VoirLeJour, Marion Laine signe un film généreux mais en demi-teinte, qui ne trouve sa puissance et son importance uniquement dans son récit de femmes en colère, luttant contre un système qui les rendent inefficaces, et qui met en danger les futures mères. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/ogHNhphdqc— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) August 14, 2020
Pour son troisième long-métrage, Marion Laine retrouve Sandrine Bonnaire, où elle incarne une auxiliaire de puériculture rattrapée par son passé rock’n’roll.
Le cinéma de la réalisatrice s'intéresse aux relations, de cœur principalement (ses deux premiers films arboraient d’ailleurs ce mot), mais aussi de corps et surtout d’âme. Voir le jour commence par un cœur qui bat, celui d’une femme en train d’accoucher, celui d’un bébé qui vient de naître. Son nouveau film s’installe dans une maternité à Marseille, une adaptation de Chambre 2 écrit par Julie Bonnie. Co-écriture à six mains féminines, le film se veut un hommage à celles qui ne comptent pas leurs heures pour accompagner les jeunes mamans et leurs bébés dans une nouvelle vie ensemble. Un boulot chronophage, mal payé, aux conditions difficiles malgré la vocation de la plupart des professionnels, il est compliqué de séparer son job et sa vie privée. Marion Laine raconte ce quotidien par le biais de Jeanne (Sandrine Bonnaire), une auxiliaire dévouée, au passé sombre qui lui apprendra que malgré tout, elle a fait les bons choix.
Jeanne ne compte pas ses heures au service de maternité où elle travaille. Un soir particulièrement agité en terme de naissance, un couple arrive aux urgences. La femme attend des jumeaux et vient de perdre les eaux. Malheureusement, le service en sous-effectif ne peut pas s’occuper d’elle de suite. Un drame survient alors, secouant la maternité comme un ouragan, un des jumeaux est mort-né. La jeune mère tombe alors dans un état de catatonie, le père cherche un coupable et porte plainte contre l’hôpital. Cet événement tragique est le point de départ de cette chronique sociale des conditions dans lesquelles doivent accoucher des femmes avec des professionnelles débordées, fatiguées par les successions de garde non légal et par un manque d’effectif évident. Une colère est sous-jacente, malgré la bonne humeur et la douceur qui se dégagent entre les auxiliaires. Voir le jour n’est pas un documentaire, mais comme l’actualité nous le montre, la réalité est belle et bien là. La réalisatrice et ses scénaristes vont pourtant tisser l’histoire personnelle de Jeanne autour de ses heures de travail et en dehors, ce qui va alourdir considérablement le long-métrage avec une histoire moins convaincante et bien moins intéressante.
Mystérieuse sur son passé, personne ne sait ce que faisait Jeanne avant de travailler à l’hôpital. Elle est discrète, ne fait pas de bruit mais détient une bienveillance qui la rend très douée dans son métier. Sa place est d’ailleurs à l’hôpital car même son petit appartement où elle vit avec sa fille de dix-huit ans ne lui appartient pas visuellement. Zoé (Lucie Fagedet) est fan de plongée et veut sauver les océans, leur petit studio est à son image, l’océan sur les murs, photos, etc… Nous comprenons par la suite que Jeanne était chanteuse avant, dans un groupe de rock, les Jellyfish. Un des membres du groupe, avec qui elle avait une relation tumultueuse vient de mourir, l’occasion de montrer son passé au grand jour à ses collègues et surtout, à sa fille. Malheureusement, cette partie n’est pas au niveau de ce qui se passe dans l’enceinte de l’hôpital, où l’écriture et le jeu des actrices explorent la transmission, la sororité dans un moment intense, féminin, où la vulnérabilité et la force se rencontrent. Voir le jour trouve sa générosité dans ce récit de femmes en colère contre un système qui les rendent inefficaces au travail et qui met en danger les futures mères. La mise en scène s’habille d’eau et devient organique : la mer, les méduses, le liquide amniotique. Tout est doux, subtil, pour épouser le propos de la maternité dans son sens le plus large. L’accouchement, la perte d’un enfant, l’allaitement ou non, la dépression post-partum... Devenir mère est dur, violent parfois, déroutant. Et le système hospitalier n’aide en rien ces nouvelles mères, au contraire, il les enfonce parfois, entre culpabilisation et dédain. Il ne reste alors que la lutte, une revendication légitime du milieu de la santé. Un engouement collectif qui aide à protéger l’intimité.
Mystérieuse sur son passé, personne ne sait ce que faisait Jeanne avant de travailler à l’hôpital. Elle est discrète, ne fait pas de bruit mais détient une bienveillance qui la rend très douée dans son métier. Sa place est d’ailleurs à l’hôpital car même son petit appartement où elle vit avec sa fille de dix-huit ans ne lui appartient pas visuellement. Zoé (Lucie Fagedet) est fan de plongée et veut sauver les océans, leur petit studio est à son image, l’océan sur les murs, photos, etc… Nous comprenons par la suite que Jeanne était chanteuse avant, dans un groupe de rock, les Jellyfish. Un des membres du groupe, avec qui elle avait une relation tumultueuse vient de mourir, l’occasion de montrer son passé au grand jour à ses collègues et surtout, à sa fille. Malheureusement, cette partie n’est pas au niveau de ce qui se passe dans l’enceinte de l’hôpital, où l’écriture et le jeu des actrices explorent la transmission, la sororité dans un moment intense, féminin, où la vulnérabilité et la force se rencontrent. Voir le jour trouve sa générosité dans ce récit de femmes en colère contre un système qui les rendent inefficaces au travail et qui met en danger les futures mères. La mise en scène s’habille d’eau et devient organique : la mer, les méduses, le liquide amniotique. Tout est doux, subtil, pour épouser le propos de la maternité dans son sens le plus large. L’accouchement, la perte d’un enfant, l’allaitement ou non, la dépression post-partum... Devenir mère est dur, violent parfois, déroutant. Et le système hospitalier n’aide en rien ces nouvelles mères, au contraire, il les enfonce parfois, entre culpabilisation et dédain. Il ne reste alors que la lutte, une revendication légitime du milieu de la santé. Un engouement collectif qui aide à protéger l’intimité.
Marion Laine signe un film en demi-teinte, malgré un propos important sur les conditions de travail à l’hôpital. Voir le jour remet les pendules à l’heure, un métier qu’il soit à “vocation” ou non ne devrait pas être synonyme d’exploitation. Dans un lieu où la vie est sacrée, Jeanne se redécouvre par son passé et ses choix, pour rendre l’avenir un peu meilleur.
Laura Enjolvy
Laura Enjolvy