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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #86. The Fan

Photo by Columbia/Tristar - © 1996 ColumbiaTriStar 

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !




#86. Le Fan de Tony Scott (1996)

Il y a quelque chose d'infiniment triste dans l'idée de se replonger dans la filmographie bien plus vaste et imposante qu'elle n'en a l'air, du regretté Tony Scott, orfèvre du septième burné autant par amour du cinéma qui envoie que par la nécessité de s'enfermer un brin dans une production commerciale pour s'épargner des échecs cuisants et souvent immerités, problème qu'à un temps connu son illustre frère aîné Ridley, après un démarrage en trombe entre la fin des 70's et le milieu des 80's.
Il y a quelque chose d'infiniment triste donc, mais aussi de profondément grisant tant nombreux de ses essais se révèlent être des moments de cinéma certes pas toujours défendables, mais d'une honnêteté à toute épreuve.
Considéré, à tort, comme un vulgaire thriller sans âme, The Fan, adaptation du best-seller éponyme de Peter Abrahams, est une descente aux enfers certes pas toujours finaude, mais suffisamment bien troussée pour faire son office avec un aplomb .

Photo by Columbia/Tristar - © 1996 Columbia TriStar


Totalement vissée sur la folie d'un Robert De Niro ultra-convaincant en commercial fan hardcore des Giants, et surtout de sa (coûteuse) star vedette Bobby Rayburn dont il devient violemment obsédé, The Fan justifie justement totalement sa vision pour la performance du bonhomme, retrouvant sa folie " Scorsesienne "capable de terrifier son auditoire sans bouger le moindre muscle; un simple regard noir et l'on sait instinctivement que son esprit est ailleurs, dans un endroit ou on ne désire absolument pas l'y rejoindre, et qu'il s'est transformé en un baril de poudre qui ne demande qu'à exploser.
Sans lui, le film ne serait pas aussi fascinant ni même autant digne d'intérêt, tant est si bien qu'il semble avoir été produit 15 ans trop tard pour que la performance de l'éternel Jake LaMotta, paraisse pleinement originale; mais savoir quand il dégainera chacun de ses mouvements dans un jeu du chat et de la souris palpitant face à un Snipes dépassé (à l'écran, face caméra il donne un joli répondant au bonhomme).
Mirer De Niro jouer un psychopathe, c'est comme admirer Fred Astaire danser, tout est une question de nuance et de chorégraphie minutieusement préparée, cette conscience d'avoir franchit les limites mais sans pouvoir s'empêcher de creuser encore plus profondément dans les limbes.

Photo by Columbia/Tristar - © 1996 Columbia TriStar


Articulé en deux temps, les présentations puis le chassé-croisé, ou les deux échangent leurs destins (Gil se fait virer et perd l'amour de son fils, Bobby passe de joueur au fond du trou à, de nouveau, le joyau de la ligue professionnelle), offrant un petit aperçu du quotidien du cercle restreint d'une célébrité sportive (et qui plus est, une star coûteuse) tout en étant joliment rythmé; Le Fan échoue pourtant il est vrai sur un point essentiel : rendre plus palpable l'obsession du personnage de Gil (alors que la folie de De Niro est bien réelle), alors que l'idée qu'il mette en parallèle les déboires de l'athlète aux siens, semble un brin sorti de nulle part.
Mais la partition hypnotique de De Niro en déséquilibré dangereux, la mise en scène maniérée et testostéronée de Scott (au montage stroboscopique toujours aussi personnel), le tout couplé à une bande son rock volontairement assourdissante (alors que le score de Terence Trent D'Arby lui, est résolument plus tonique), font du film une oeuvre ni médiocre ou même anecdotique, mais bien solide et hautement divertissante.
Un Tony Scott mineur reste un film bien meilleur que la majorité de ce que le cinéma ricain nous balance en salles aujourd'hui, aussi triste et réconfortant que cela puisse paraître.


Jonathan Chevrier

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