[CRITIQUE] : Official Secrets
Réalisateur : Gavin Hood
Acteurs : Keira Knightley, Matt Smith, Matthew Goode, Ralph Fiennes,...
Distributeur : e-Cinéma
Budget : -
Genre : Thriller, Espionnage.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h52min
Synopsis :
2003 : les États-Unis et l’Angleterre souhaitent intervenir en Irak.
Katharine Gun, employée des renseignements britanniques, reçoit une note de la NSA : les États-Unis sollicitent l'aide de la Grande-Bretagne pour rassembler des informations compromettantes sur certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU et les obliger à voter en faveur de l’invasion. Gun prend alors la décision de divulguer le mémo à la presse afin d’empêcher la guerre.
En choisissant d’exposer cette vaste conspiration politique, la lanceuse d’alerte va tout risquer : sa vie, sa famille, sa liberté…
Critique :
Haletant et riche en émotions, mêlant astucieusement commentaires politiques et portrait affûtée d'une figure morale fascinante et touchante, #OfficialSecrets joue brillamment avec les codes du drame journalistique et judiciaire, pour en incarner l'une de ses + récentes réussites pic.twitter.com/yt6tzgvdFS— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) January 2, 2020
On avait laissé ce bon vieux Gavin Hood (l'excellent La Stratégie Ender, le pitoyable X-Men Origins : Wolverine) avec une expérience mi-figue, mi-raisin il y a trois piges, Eye in The Sky qui malgré un casting férocement hupé (Helen Mirren, feu Alan Rickman, Aaron Paul et Barkhad Abdi), n'arrivait jamais vraiment à dépasser le stade du thriller d'espionnage plan-plan et mou de la cuisse.
Mais ce n'est pas une raison pour autant, de ne pas attendre avec une certaine impatience son nouveau long-métrage, Official Secrets, qui ne quitte pas le carcan du thriller politique au sujet houleux, ni sa bonne habitude de définitivement savoir s'entourer (Keira Knightley, Matt Smith, Matthew Goode et Ralph Fiennes).
Articulée autour des aléas d'une dénonciatrice qui risque tout pour faire ce qu'elle pense être juste - même si cela ne fait finalement aucune différence sur la réalité -, Katharine Gun, une employée britannique du GCHQ qui, en 2003, a divulgué un document sensible dans l'espoir d'empêcher son pays d'envahir l'Irak (une décision qui n'a rien fait pour arrêter cette guerre mais l'a injustement trouvée passible d'une peine d'emprisonnement, et failli causé l'expulsion de son immigré musulman de son mari), la péloche est un solide et divertissant thriller politique dans la veine du très récent The Report et du sublime Fair Game (qui traitait aussi d'une invasion de l'Occident en Irak), poussant habilement tous les curseurs vers le vert pour déclencher toutes les bonnes réactions scandalisées et convaincre son auditoire de sa sincérité.
Modèle de professionnalisme et d'énergie, Official Secrets, scindé en deux parties bien distinctes, évolue à un rythme soutenu, rythmé comme une procédure policière ayant pleinement conscience de l'urgence et de l'importance de son sujet, et focalisé sur un bel exemple de moralité, qui prend une vraie position de principe au détriment du prix à payer.
Excitant (ça l'est toujours un minimum quand des hommes et des femmes travaillent en concert pour vaincre la corruption du monde qui nous entoure) et riche en émotions, mêlant astucieusement commentaires politiques (avec une vraie question sur les conséquences dévastatrices de l'invasion de l'Irak) et un suspens haletant, le film ne pète pas dans la soie de l'originalité d'un genre - le drame journalistique - suffisamment fournit chaque année dans les salles, mais il en épouse merveilleusement tous ses codes pour en incarner l'une de ses plus récentes pépites.
Surtout qu'il a le bon gout d'offrir le meilleur rôle de récente mémoire, à une Keira Knightley habitée et dominée d'une fureur vertueuse dans la peau de Katharine Gun, tiraillée entre sa loyauté (celles envers ses collègues, le peuple britannique - mais pas son gouvernement -, sa famille et son mari vulnérable) et sa conscience.
Sa prestation, et la mise en image d'un acte courageux devenu affreusement futile (même s'il est toujours bon d'agir que de ne rien faire), vallent clairement leur pesant de popcorn.
Jonathan Chevrier