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[CRITIQUE] : Stan & Ollie


Réalisateur : Jon S. Baird
Acteurs : Steve Coogan, John C. Reilly, Shirley Henderson, Danny Huston,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Comédie.
Nationalité : Britannique, Américain, Canadien.
Durée : 1h37min

Synopsis :
1953. Laurel et Hardy, le plus grand duo comique de tous les temps, se lancent dans une tournée à travers l’Angleterre.
Désormais vieillissants et oubliés des plus jeunes, ils peinent à faire salle comble. Mais leurs capacités à se faire rire mutuellement et à se réinventer vont leur permettre de reconquérir le public, et renouer avec le succès.
Même si le spectre du passé et de nouvelles épreuves ébranlent la solidité de leur duo, cette tournée est l’occasion unique de réaliser à quel point, humainement, ils comptent l’un pour l’autre…



Critique :


Il ne se passe plus une semaine - ou presque - sans que le très répandu biopic ne vienne envahir des salles obscures un brin au bord de l'indigestion, tant les pépites se comptent douloureusement sur les doigts d'une main méchamment amputée et ce, même si ce riche début d'année ciné 2019 s'amuse à volontairement nous contredire avec malice.
Passé Marie Stuart, Reine d'Écosse mercredi dernier, c'est l'alléchant Stan & Ollie de Jon S. Baird qui pointe le bout de son nez cette fois, en s'attaquant à rien de moins que deux monstres sacrés, un duo comique sans nul pareil qui a su révolutionner l'histoire d'un septième art qui n'aurait sans doute pas été le même sans lui : Stan Laurel et Oliver Hardy.
Deux légendes de l'humour à la carrière monumentale (plus d'une centaine de films en vingt-cinq ans), dont l'énergie et la drôlerie férocement communicative face caméra, résonne encore aujourd'hui.



Plus que de s'intéresser à l'aube de leur triomphe, ou même à sa période la plus glorieuse et fertile, le papa du jouissivement barré Ordure ! avec James McAvoy, préfère celle infiniment plus fascinante du crépuscule, de la fin d'une apogée ou la vieillesse vient frapper à la porte autant que l'oubli, cruel et presque inéluctable dans un monde du cinéma ou les modes et les goûts changent plus vite que les saisons, ou la jeunesse et la modernité est constamment privilégié à l'expérience et la maturité.
Hommage vibrant transpirant l'amour pour les deux artistes de tous les pores de sa pellicule, retranscrivant avec une vérité rare l'amitié bouleversante qui les liait, Stan & Ollie fait constamment fit de sa facture infiniment classique - mais loin d'être désagréable - et trouve le dosage miraculeusement exact entre académisme poli et envolée mélancolique pour incarner un biopic ciblé d'un charme fou, peignant avec finesse l'univers des deux légendes à l'humour implacablement drôle et attachant.
Pétri d'ingéniosité et de folie, Baird et ses deux acteurs vedettes absolument grandioses (Steve Coogan et John C. Reilly, d'une implication sans bornes et grimés juste ce qu'il faut), ressuscite l'âme de Laurel et Hardy sur un tout petit peu moins de quatre-vingt-dix minutes bien trop courtes avec un tel respect et une telle justesse que l'on jurerait presque les voir à travers silhouettes, quelques regards, quelques gags - tout en candeur et en maladresse enjouée - ou traits de visages si familiers.



Touchant et allant tellement plus loin que le simple statut de péloche comico-dramatique alternant rires et moments plus émouvants - ce qu'il fait également à merveille -, le film sonde les affres de la vie d'artiste (plus timidement celui de l'industrie du septième art), cruelle et pleine d'amertume, autant que les regrets d'hommes frappés par le temps qui passe, et les regrets d'une vie pleine et pourtant déjà trop proche de son baroud d'honneur.
Ballade aussi déchirante qu'elle est drôle et enthousiasmante, Stan & Ollie est un tendre et subtil portrait de deux génies du septième art, un moment de cinéma débordant d'une générosité au moins aussi imposante que celle qui caractérisait ceux à qui il s'échine à rendre le plus modeste et respectueux des hommages.
Un pari joliment réussi, qui n'a pourtant pas trouver sa route dans une course aux statuettes dorées où il avait pourtant pleinement sa place...


Jonathan Chevrier


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