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[CRITIQUE] : Shéhérazade

 

Réalisateur : Jean-Bernard Marlin
Acteurs : Avec Dylan Robert, Kenza Fortas, Idir Azougli,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min.

Synopsis :
Zachary, 17 ans, sort de prison.
Rejeté par sa mère, il traîne dans les quartiers populaires de Marseille. C'est là qu'il rencontre Shéhérazade...



Critique :


Choix tout sauf anodin que celui d'arrimer – dès le prélude – son premier long-métrage à des images d'archives immortalisant l'arrivée d'immigrés à Marseille. Ce faisant, Jean-Bernard Marlin ancre son œuvre au plus près de la réalité tout en continuant d'explorer la cité phocéenne et sa jeunesse impétueuse après un 2ème court-métrage – La Fugue remarqué à Berlin (Ours d'Or en 2013). Au cœur de cette chronique sociale, une troupe d'acteurs débutants tous issus de castings sauvages et au parcours de vie volontairement analogue – Dylan Robert sortait tout juste d'un établissement pénitentiaire pour mineurs, Kenza Fortas a connu les foyers, les magistrats sont membres du Barreau de Marseille etc – avec une mention spéciale pour Idir Azougli, second rôle bluffant de justesse.



Jean-Bernard Marlin allie fiction et documentaire avec brio, rappelant parfois les premiers pas d'un Abdellatif Kechiche. La langue tient d'ailleurs un rôle clé dans son film – peut-être même le principal – reflet d'une réalité insoluble, superflu et à la dureté inextinguible. Contraction de shahr (« ville ») et de zâd (« fils, fille »), Shéhérazade n'est d'ailleurs jamais aussi réussi que lorsqu'il s'attache à narrer les errances tant linguistiques qu'existentielles de ses personnages. La mise en scène très sobre, où l'on reconnaît à demi-plan la patte de Jonathan Ricquebourg et son Mange tes morts, permet ainsi de réinventer la tragédie en y greffant une tchatche 100% méditerranéenne.
 


Si le charme opère lorsque le film décrypte avec sensibilité l'éclosion d'une histoire d'amour un brin bancale – et plus largement lorsqu'il effleure les thématiques du genre et de la sexualité – Shéhérazade déçoit en revanche dans sa deuxième partie – à l'exception de la séquence finale, très touchante. Jean-Bernard Marlin y opère en effet un virage à 90° vers le thriller judiciaire – voire le film noir – nettement moins abouti, plus cliché et où sa narration éminemment romanesque se heurte malheureusement aux topoi du film de banlieue, perdant ainsi en émotion et – surtout – en sincérité.


Anaïs


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