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[CRITIQUE] : L'Affaire Roman J.


Réalisateur : Dan Gilroy
Acteurs : Denzel Washington, Colin Farrell, Carmen Ejogo, Amanda Warren,..
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Judiciaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h03min.

Synopsis :
À la mort de son mentor, Roman J. Israel, avocat aussi idéaliste que déterminé, voit sa vie bouleversée. Dans l’univers des tribunaux surchargés de Los Angeles, celui qui fut son modèle et une figure légendaire des droits civiques laisse un vrai vide. Recruté par l’ambitieux George Pierce, Roman se lie d’amitié avec une militante de l’égalité des droits. Confronté à des événements extrêmes, il va pourtant remettre en question l’engagement qui a déterminé toute sa carrière…



Critique :




Fine satire de la télé poubelle (le sensationnalisme, le voyeurisme à outrance dénuée de toute déontologie, ou l'apologie de l’appauvrissement des valeurs morales consommé jusqu'à plus soif par des téléspectateurs/complices passifs), du jusqu'au-boutisme du pseudo-journalisme (Où est réellement la limite du droit à l'information ? Et où est celle qui sépare l'information du show/spectacle racoleur d'audiences ?) et plus largement, de la société ricaine (mais pas que) d'aujourd'hui et son American Dream dépassé, une société foutrement égoïste où seul le profit, la nécessité de réussite sociale et la quête de célébrité importent; Night Call était un premier film aussi brillant et épuré que férocement grisant, intronisant de facto dans la short-list des cinéastes à suivre, un Dan Gilroy définitivement aussi talentueux que son frangin Tony.



Raison de plus à nos yeux, d'attendre avec une certaine impatience son second passage derrière la caméra, L'Affaire Roman J., drame procédural sur une figure marginale et troublée, un vétéran du barreau infiniment brillant qui a passé sa vie à défendre les droits civiques avant de se retrouver face à un dilemme qui va remettre en cause toutes ses certitudes.
Un petit moment de cinéma qui rappelle instinctivement Michael Clayton de... Tony Gilroy, porté par rien de moins que l'inestimable Denzel " Fucking " Washington, dont l'implication physique paraissait déjà totale rien que dans les premières images promotionnelles.
Toutes les étoiles semblaient alignées pour que Roman J. Israel Esq en v.o, incarne donc un thriller sombre et moderne sincèrement irrésistible, dont on conterait la maestria avec un enthousiasme non feint.
Mais, visiblement, l'astronomie n'est pas toujours une science exacte...


Aussi honnête que puisse être sur le papier la proposition de Dan Gilroy (il dépeint à nouveau un L.A nocturne loin d'être touristiques où les loups sont de sortie), sa seconde péloche ne décolle jamais vraiment, et a très (trop ?) vite le mauvais goût de se complaire dans une mollesse sentimentale assommante malgré un premier tiers aussi original que prometteur.
Comme son héros, le film ne semble jamais vraiment à l'aise dans ses baskets et s'esquinte sensiblement l'arrière-train en s'échinant à faire le grand écart entre le drame procédural poignant et le thriller noir prenant, sans ne jamais viser juste dans chaque genre et en se plombant de toute part via des erreurs de parcours pas toujours pardonnable (dialogues lourds, retournements de situations/tons pas toujours compréhensible,...).
Et c'est in fine l'abattage remarquable d'un Denzel Washington qui saura garder le film un minimum en vie, avec son look de Don King du pauvre et un maniérisme obsessionnel proprement fascinant; imposant en juriste savant habité par son idéalisme et en complet désaccord avec le monde qui l'entoure, totalement pris au piège dans un corps et une routine asociale.


Hypnotique et désarmant de justesse, accompagné par un Colin Farrell magnétique faisant ce qu'il peut avec son personnage (un avocat cynique et arriviste à la fois bon gars quand il faut...), et une Carmen Ejogo convaincante, L'Affaire Roman J. n'a ni la férocité mordante ni l'humour noir salvateur (deux atouts majeurs qui accentuaient le réalisme de son étude social), et incarne ni plus ni moins qu'un fascinant ratage, un mélodrame procédural certes humaniste mais douloureusement mou du genou.


Jonathan Chevrier


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