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[CRITIQUE] : Outsider


Réalisateur : Philippe Falardeau
Acteurs : Liev Schreiber, Naomi Watts, Ron Perlman, Elisabeth Moss,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
L'histoire vraie de Chuck Wepner, négociant en alcools du New Jersey, qui a tenu 15 rounds contre le plus grand boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, lors du championnat du monde poids lourds en 1975, avant de finalement s'incliner par K.O. technique. Durant les dix années où il a été boxeur, celui que l'on surnommait "Bayonne Bleeder" a eu 8 fois le nez cassé, a connu 14 défaites, deux K.O., un total de 313 points de suture... et a inspiré le personnage de Rocky Balboa dans la franchise au succès planètaire Rocky.



Critique :


1976, après plusieurs années d'une carrière mineure faite de petites apparitions pas forcément notables, Sylvester Stallone, fraichement dans la trentaine, allait tout simplement entrer dans la légende du septième art en créant le personnage de Rocky Balboa; un boxeur des bas fonds de Philadelphie qui se voit offrir l'opportunité de combattre pour le titre de champion du monde.
Aussi déterminé que sa création, Stallone (qui a accouché du premier jet en à peine trois jours, après avoir vu le match entre Mohammed Ali et l'outsider Chuck Wepner), a lutté contre les studios pour vendre son script et - surtout - pour en interpréter le rôle principal, un temps envisagé pour Burt Reynolds, James Caan ou encore Ryan O'Neal.


A force d'obstination, le résultat n'en fut que plus éclatant : 100 millions de dollars de recettes - pour un million de budget -, oscar du meilleur film (devant Taxi Driver et Les Hommes du Président), Sly est intronisé star d'Hollywood et Rocky devient l'une des franchises les plus célèbres de l'histoire du cinéma ricain.
Quarante ans plus tard, et même si il n'a décemment pas connu la carrière qu'il méritait, Stallone a su forger la légende de l’Étalon Italien pour en faire une saga familiale populaire et unique en son genre, une épopée intime à l'implication personnelle incroyable (il est scénariste et acteur principal sur tous les opus, réalisateur sauf sur le 1et le 5eme opus), tant Sly s'est constamment efforcé de tisser un lien invisible et indéfectible entre lui et son auditoire.Mais comme dit plus haut, l'acteur s'est inspiré d'une histoire vraie pour pondre son chef d'oeuvre, celle donc de Chuck Wepner, boxeur de seconde zone natif de Bayonne dans le New Jersey, l'homme sans qui Rocky n'aurait certainement jamais vu le jour.


Surnommé " The Real Rocky " à la suite du succès du métrage, mais surtout " The Bayonne Bleeder ", pour sa propension assez impressionnante, à se vider de son sang sur un ring, le bonhomme a enfin les honneurs d'un biopic sur pellicule, cornaqué par le cinéaste franco-canadien Philippe Falardeau, et incarné avec prestance par le mésestimé Liev Schreiber; lui aussi artisan d'un septième art qui l'a plus cogné que célébré.
Drame humain sous couvert d'un vrai biopic sur une figure fascinante, dont le seul fait de gloire est d'avoir encaisser les assauts terribles de la légende Mohammed Ali sur quinze round, Outsider dépeint avec intelligence le parcours chaotique et tragique d'un boxeur lambda, naïf mais follement charismatique, un héros local écrasé par la notoriété incroyable de son double indésiré, dont l'ombre sublime lui aura causé plus de tord qu'autre chose.
Avec finesse et application, Falardeau s'échine à réhabiliter Wepner aux yeux du monde, tout en offrant un regard amer sur la fascination d'Hollywood sur le noble art, ainsi qu'une satire légère de l'American Dream, et sa facilité déconcertante de faire d'un homme une icône évidemment fugace, avant de le recracher sans vergogne du jour au lendemain.


Petit moment de cinéma épique, humble et passionnant, pas dénué de quelques défauts (un rythme qui s’essouffle sur la durée, Morgan Spector dans la peau de Stallone...) subissant évidemment - comme Wepner - la comparaison avec Rocky (jusque dans ses scènes de fights, la saga de Sly étant la référence number one du genre), à qui il lance quelques clins d’œil dans le rétroviseur, aussi immersif que réaliste (on est littéralement plongé au milieu des 70's), le nécessaire Outsider ne serait sans doute rien sans la performance habitée d'un Liev Schreiber des grands jours, qui porte le projet à bouts de poings depuis plusieurs années maintenant.
Dans la peau d'un véritable showman spectateur d'une vie qu'il n'aura jamais pleinement vécu, le héros de la brillante Ray Donovan irradie l'écran et trouve ici l'un des rôles de sa vie.
Car, après tout à Hollywood, même s'il a le coeur d'un grand champion, Schreiber, comme Wepner, ne sera simplement qu'un éternel outsider...


Jonathan Chevrier





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