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[CRITIQUE] : Ex Machina


Réalisateur : Alex Garland
Acteurs : Oscar Isaac, Domnhall Gleeson, Alicia Vikander, Sonoya Minuzo,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 11 000 000 $
Genre : Science-Fiction, Thriller.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Caleb, 24 ans, est programmateur de l’une des plus importantes entreprise d’informatique au monde. Lorsqu’il gagne un concours pour passer une semaine dans un lieu retiré en montagne appartenant à Nathan, le PDG solitaire de son entreprise, il découvre qu’il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience dans laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde qui prend la forme d’un superbe robot féminin.


Critique :


Dans la catégorie plumes de talent, celle de l'excellent Alex Garland se pose bien-là, tant elle fait décemment partie des plus virtuoses du septième art - mais pas que - UK de ces quinze dernières années.

Écrivain reconnu, scénariste de génie et, cerise sur le gâteau, l'un des scripteurs chouchous de l'inestimable Danny Boyle (il a signé pour lui les scripts de 28 Jours Plus Tard et Sunshine), le bonhomme n'a clairement plus rien à prouver et pourtant, le voilà qu'il s'est lancé cette année comme défi d'ajouter la luxueuse casquette de metteur en scène à son déjà très riche C.V.


Premier essai sur grand écran, Ex Machina apparait sur le papier comme un huit-clos/thriller psychologique SF aussi ambitieux qu'il est alléchant, porté par trois des comédiens les plus en vues et talentueux du moment : Oscar Isaac, Domnhall Gleeson et la douce et sublime Alicia Vikander.

Ex Machina donc, ou l'histoire de Caleb, un jeune homme de vingt-six ans programmateur dans l'une des plus importantes boites d'informatique au monde.
Chanceux, il gagne un concours pour passer une semaine en pleine montagne dans un lieu isolé appartenant à Nathan, le PDG solitaire mais visionnaire de sa boite.
Caleb découvre alors qu'il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience.

Une expérience durant laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde, incarnée sous les traits d'un superbe robot féminin, Ava...


Fable d'anticipation aussi complexe que fascinante, Ex Machina s'inscrit instinctivement dans la droite lignée des cultes Blade Runner, 2001 ou encore A.I., en traitant avec force et intelligence du thème pourtant usé de l'intelligence artificielle.

Surfant avec subtilité sur les codes du genre, brouillant les pistes et multipliant les interrogations avec un savoir-faire aussi pervers que machiavélique, tout en soulevant des tabous osés (l'amour entre humain et robot comme dans le merveilleux Her de Spike Jonze, ou encore la sexualité entre l'homme et le robot comme dans la série Real Humans) que d'actualité (l'évolution technologique dans notre société actuelle ou, plus subtilement, la condition de la femme dans cette même société), en contrebalançant continuellement le niveau de conscience d'une I.A. avec celle chancelante d'une humanité en pleine déchéance; Alex Garland fait de son premier long métrage une vraie proposition de cinéma méchamment prenante.

Montant petit à petit en tension et en puissance, le film s'ouvre sur un premier acte enivrant, ou l'on découvre le génie de Nathan de manière un brin candide à travers les yeux admiratifs de Caleb, avant que le tout ne prenne très vite les traits d'un thriller implacable au moment ou les masques tombent.
Un second acte anxiogène et troublant d’ambiguïté ou chacun teste/manipule l'autre au sein d'une lutte de pouvoir à trois personnages savoureusement pesante quoiqu'un tantinet prévisible, tout comme son final.


Une certaine prévisibilité du récit qui ne gâche en rien la vision de cet Ex Machina, pure bombe sur pellicule, un huit-clos réaliste (l'économie des effets rend de facto particulièrement crédible cette expérience de création de robots à l'image humaine), sobre, inquiétant et épuré, aussi finement référencé (tragédie grecque aussi bien dans son traitement que dès son titre, sonorités bibliques évidentes doublées de multiples références aux classiques du genre) que dérangeante - humour grinçant en prime.

Porté par une direction artistique remarquable et une mise en scène des plus élégante et maîtrisé (le sens du rythme et du cadre de Garland rappelle même furieusement celui de Boyle), la péloche ne serait cependant rien sans la prestation époustouflante de son trio vedette.

Si Domnhall Gleeson est infiniment juste et attachant dans la peau du naïf et profondément humain Caleb, et que la merveilleuse Alicia Vikander est tout simplement parfaite en androïde aussi intelligente qu'elle est sexuée et provocante; c'est véritablement Oscar Isaac qui - une fois n'est pas coutume -, en impose le plus en Victor Frankenstein des temps modernes intelligent, sauvage et pervers.


Pour son premier passage derrière la caméra, Alex Garland signe une oeuvre boulet de canon percutante et prenante, une jolie réussite ne manquant ni de charme ni de qualité.

De quoi être particulièrement excité à l'idée de voir ce qu'il nous réservera dans un avenir proche, et notamment avec son épopée d'anticipation SF Annihilation, avec la belle Natalie Portman en rôle-titre...


Jonathan Chevrier