Breaking News

[CRITIQUE] : Nos Pires Voisins


Réalisateur : Nicholas Stoller
Acteurs : Seth Rogen, Zac Efron, Rose Byrne, Dave Franco,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 18 000 000 $
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
À première vue, les jeunes parents que sont Mac et Kelly Radner vivent le parfait rêve américain,avec leur adorable petite Stella et une maison fraîchement (et difficilement) acquise dans un charmant quartier résidentiel. Ce qui n’empêche pas les jeunes trentenaires de se considérer toujours aussi hype et cool. Pourtant, cette nouvelle étape, dans la vie de ces fêtards pas tout à fait repentis, va s’avérer délicate à gérer et les obliger à négocier leur entrée dans un âge adulte pleinement assumé. Quand ils découvrent que leurs nouveaux voisins ne sont autres que les membres fervents et débridés d’une confrérie étudiante, menés par le charismatique Teddy, ils essaient d’abord de s’assurer leur sympathie et leur respect, en tirant le meilleur de cette situation quelque peu inconfortable. Mais la fiesta et les frasques incessantes des étudiants poussent le couple à se montrer plus virulent pour protéger leur territoire et leur tranquillité, et ce qui n’était que des enfantillages dégénère rapidement en un conflit épique de générations.



Critique :


Comment renouveler, voir même dynamiter tant qu'à faire, une comédie américaine contemporaine paresseuse et profondément engluée dans ses sales travers de productions familiales et populaires ?

C'était la putain de question à un million de dollars que s'était posé le génial Seth MacFarlane en 2012 (et cette année également, via son très sympathique Albert à L'Ouest), avec son gentiment piquant Ted, mais c'est surtout la question que s'est également demandé Seth Rogen, pour la conception de son premier long l'été dernier, C'est la Fin, cornaqué avec son comparse de toujours, Evan Goldberg.

Digne successeur de la méthode Apatow, les deux ont donc décidés d'arpenter, tout comme MacFarlane, la voie casse-gueule du trash, pour se démarquer du lot.
Sauf que contrairement à la peluche vivante fumeuse de crack, les deux lascars avaient décidés de faire grimper d'un gros cran, les limites du politiquement correct au cinéma.


Résultat, This is The End incarnera un bon gros carton au B.O. mais surtout un (très) gros fuck sur pellicule, de la part d'une pléthore d'acteurs lassés - tout comme le public -, d'un genre de plus en plus mourant.
Une expérience cinématographique savoureusement conne, drôle et vraie, qui imposait Rogen comme le nouveau roi de la comédie made in US, aux côtés de Sandler et Ferrell, rien que ça.

Et en attendant de découvrir en novembre prochain son déjà très buzzé The Interview, le voilà de retour cet été avec le lourdement potache Nos Pires Voisins, soit la comédie la plus triomphante de l'année au box-office US - au même titre que 22 Jump Street, qui débarque chez nous à la fin du mois -, mais également nouveau long de l'excellent Nicholas Stoller -un autre " Apatow guy " -, papa discret des excellents Sans Sarah rien ne va, American Trip et (avant tout et surtout) 5 ans de Réflexion.

Et si le titre français irrite un brin (comme souvent), en revanche, l'idée de voir le bougre de Seth et la sublime Rose Byrne faire la gué-guerre au beau-gosse Zac Efron tout de tablettes de chocolat vêtu, dans un divertissement pour adultes sauce frat comedy, vaut elle méchamment son paquet de popcorn bien gras.

Avis aux amateurs, Nos Pires Voisins est une visite encore jamais vu dans une fraternité 100% bordélique et obscène made in America...


La péloche suit l'histoire du jolie petit couple qu'incarne Mac et Kelly, qui viennent tout juste de s'installer dans un nouveau quartier avec leur bébé, dit quartier dans lequel ils ont pour voisin une maison qui abrite une fraternité d'étudiants qui font la fête jour et nuit.
Après avoir sympathisé avec cette bande de dévergondés durant une bonne nuit de biture, Mac et Kelly vont finalement livrer une guerre sans merci contre cette génération de fétards sans respect pour ses ainés...

Joussivement régressif mais surtout réellement trash, Nos Pires Voisins est un festival de gags politiquement
incorrect (Rogen qui trait - littéralement - Byrne, ou encore son mignon petit bambin qui joue avec une capote) et très masculin, un party movie fandard et efficace, une sorte de mélange entre le cultissime American College et Projet X version 2.0, avec un vrai metteur en scène et une vraie ambition scénaristique comparé au second, mais surtout un vrai casting de talents, porté par un trio de tête absolument brillant.

Zac Efron tout d'abord, étonnement génial en trublion de service/gourou trash follement charismatique, accro à la défonce et aux défis physiques, mais qui s'avère in fine assez attachant dans ses excès pour pleinement emporté l'adhésion face à un Seth Rogen toujours aussi impeccable, même si il cabotine ici bien plus qu'à l'habitude.

Mais la palme revient cette fois-ci à la sublime et piquante Rose Byrne, qui avec son charme indécent et sa classe naturelle, prouve une nouvelle fois après le désopilant Mes Meilleures Amies, qu'elle est capable de faire rire dans n'importe qu'elle situation, sans ne jamais (trop) verser dans la vulgarité ni même entaché sa lumineuse aura.
Ici, loin d'être une simple femme passive - elle est même méchamment agressive -, c'est elle qui prend le pouvoir, avec autorité, sur son mari dans cette guerre de voisinage pas comme les autres.


Enragé, transgressif et foutrement drôle, on regrettera un brin en revanche, que passé un première demie heure exceptionnel, le cinéaste ne creuse pas plus en profondeur la continuité de sa thématique sur l'amour amorcé dans ses précédents longs (la rupture dans Sans Sarah, le mariage et ses responsabilités dans 5 ans...) via cette fois, la naissance et l'impact d'un bébé dans une vie de jeune trentenaire fraichement établit dans l'âge de raison, épuisé par les responsabilités et méchamment nostalgique de l'âge irresponsable justement incarné par ses ennemis de palier, une confrérie d'étudiants véritablement déchainés et qui n'a pas encore la crainte du lendemain.

Soit tout autant une guerre des voisins façon Sans Aucun Doute hardcore qu'une guerre des générations et intérieur de personnages qui nage, en apparence, dans le bonheur et qui vont devoir choisir entre leur confort d'adulte, et le fantasme de leur jeunesse de plus en plus fuyante à mesure que les années passent.

Dommage donc que cette fois, cette chronique humaine et universelle au potentielle culte énorme, peine à trouver son public cible (s'adresse t-il finalement aux jeunes qui ont peur d'entrer dans la vie active ou aux adultes, dépressifs de ne plus pouvoir s'en échapper ?) et soit dénuée de toute la mélancolie qui faisait la saveur de son meilleur effort, 5 Ans de Réflexion.

Mais ce qu'il perd en émotion et en tendresse - au delà d'une morale générale assez bateau et d'un rythme en dent de scie -, le film de Stoller le retrouve dans sa volonté d'incarner un véritable défouloir sur pellicule, une anthologie anarchique du délire constant et dopé à la surenchère et à la débauche épique, qui si il n'incarne pas le culte escompté n'en reste pas moins une parfaite comédie estivale graveleuse et joyeusement politiquement incorrect.


On lui a préféré le généreux et pourtant bancal Albert à L'Ouest, et il y a de grandes chances pour qu'on lui préfère également l'attendu 22 Jump Street, mais ce n'est pas pour autant que l'on doit bouder notre plaisir face à cette belle partie de rigolade qui échappe à tout contrôle, un feu d'artifice du mauvais gout terriblement fun et réjouissant.

Un joyeux bordel trash qu'il serait finalement fâcheux de manquer en salles, entre deux blockbusters pétaradants...


Jonathan Chevrier

Aucun commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.