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[CRITIQUE] : Broken City

 

Réalisateur : Allen Hughes
Acteurs : Mark Wahlberg, Russell Crowe, Catherine Zeta-Jones, Jeffrey Wright, Kyle Chandler, Barry Pepper, Nathalie Martinez,...
Distributeur : Studio Canal
Budget : 55 000 000 $
Genre :  Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.

Synopsis : 
Billy Taggart, un ancien flic reconverti en détective privé tente tant bien que mal de faire tourner son affaire. Le jour où l’homme le plus puissant de New York, le Maire lui confie la mission d’enquêter sur la supposée infidélité de sa femme, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver au coeur d’une vaste machination sur fond de campagne municipale.


Critique :

Ensemble, et ce dès leur première péloche, le bouillant et archi-culte Menace II Society, uppercut dévastateur dans la gueule d'une Amérique meurtrie post Rodney King/émeute de L.A, les frangins Hughes, Allen et Albert pour être plus précis, prouvaient directement qu'ils en avaient là ou il fallait pour reprendre le flambeau du black power du cinéma US, beaucoup trop longtemps porté à bout de bras par Spike " Fucking Genious " Lee.

Et si la suite de leur carrière n'aura, injustement, pas connu la même reconnaissance que leur premier et glorieux essai (une honte que le puissant Dead President, que le sublime et gothique From Hell, mais surtout que l'immense chef d’œuvre Le Livre d'Eli, ne furent pas reconnus à leur juste valeur en salles) la faute notamment à une volonté louable de ne pas vendre leur cul au puissant etablishment Hollywoodien (ce qui explique leur boycott pure et simple dans la Cité des Anges, et leur filmographie assez maigre après vint ans dans le business), force et d'admettre qu'en à peine quatre longs, les bonhommes ont salement marqués de leur empreinte les productions du pays de l'Oncle Sam.

D’où notre grande surprise lorsque l'on a appris l'an dernier que le binôme, au lieu de perdurer dans la voie de l'exceptionnel, décidait de continuer sa carrière séparément, le premier, (Albert) tentant de monter l'impossible avec son Motor City (un action movie avec Gerard Butler dans la peau d'un héros quasi-muet sans la moindre réplique ou presque, ça fait pas bander tout le monde même après Drive), tandis que le second, Allen, après un passage loin d'être remarquable dans l'anthologie de courts métrages New York I Love You (ne me demandez pas lequel est le sien, de toute manière il n'y a absolument rien à sauver de toute la bande), se lançait dans la production de ce Broken City, aux allures follement alléchantes.


Alléchant pour son casting d'une part (Wahlberg, Crowe, Zeta-Jones, Pepper, Chandler et Wright, ça en fait du beau linge !), mais surtout pour son propos, revenant au fondement même du cinéma des frères, soit un brulot sociale frontale, visant à poignarder dans le bide et les yeux dans les yeux, une justice trop souvent injuste et régit par les plus riches, ainsi qu'une politique aussi véreuse qu'incompétente, le tout sous fond de crise du logement et d'hommage sincère aux thrillers cultes des années 70.

Sur le papier évidemment, on était salement client et on ne demandait qu'à être séduit avec une trique bien dure devant une heure cinquante de pure cinéma comme on les aime, seulement voilà, loin d'assumer toutes ces belles promesses, le premier film en solo du Allen fait franchement de la peine, à se demander même si il n'aurait pas dut le filmer avec son frangin pour se consacrer tout seul à un projet un petit peu moins ambitieux.

Si côté interprétation, il est difficile de jeter la pierre à qui que ce soit (Wahlberg fait du Wahlberg en privé/ex-flic qui enchaine les affaires crapoteuses pour bouffer, avant de se lancer dans une quête de rédemption salvatrice; Pepper est excellent en complet contre-emploi dans la peau d'un candidat modèle tandis que Crowe lui, est incroyable en maire manipulateur, putain de connard empestant toujours le mal et le whisky), que le score est sincèrement solide, tout comme la photographie et la mise en scène mobile, sophistiqué et fluide du Hughes (sa grammaire ciné est toujours au top, il est maitrise toujours à la perfection ses plans séquences et ses travellings circulaires), la Vraie grosse tare du métrage réside dans son scénario, gros tâcheron plombant signé par le novice Brian Tucker, dont on se demande même comment il a pu vendre le tout aux frangins révolutionnaires.


Incohérent (ça trouve des papiers importants en parfait état dans des poubelles, ça casse des couvertures en se " cachant " simplement dans des buissons), balisé, prévisible, faussement sérieux et engagé (ça prend pour point d'orgue la récente crise immobilière pour in fine la sous-traitée avec fainéantise) et slalomant la plupart du temps entre clichés du genre, pics envers le milieu du cinéma (via la compagne de Wahlberg, la sublime mais sous-utilisée Natalie Martinez, pic aussi faible que sans conséquence) et rythme ronflant (n'est pas digne héritier de Sydney Lumet qui veut), Broken City n'atteint jamais le statut de puissante charge virulente à l’encontre de l'Amérique bien pensante qui lui était promis, n'usant que trop peu du décor contemporain qui lui sert de toile (New-York, aussi belle que dangereuse, ou la violence peut frapper à tous les coins de rues) et avortant (sacrifiant même) toutes ses pistes ou sous-intrigues au potentiel incroyable.

Cousu de fil blanc, ce simple film noir sur fond de corruption, chantage et rédemption, aussi sympathique et regardable soit-il, laisse donc un sale gout amer dans la bouche de tout cinéphile qui réalise dès sa première moitié, qu'il n'exploitera jamais à fond tout le potentiel qu'il a en lui.


Un aveu de faiblesse parfois classe mais généralement décevant, indigne du doué Allen Hughes, qui nous fait intimement réalisé que oui, séparément un Hugues d'un côté + un Hugues de l'autre, ça fait un résultat bel et bien moins bon que deux Hughes en même temps.

Bon les gars, à quand un retour commun au business en tant que duo ?

Parce que ce n'est pas que vous nous manquez (enfin si, un peu), mais si vous vous acharnez à vouloir faire des films indignes de votre talent, autant le faire à deux, non ?


Jonathan Chevrier

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