[CRITIQUE] : La vie de château, mon enfance à Versailles

Réalisatrice•eur : Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H'limi
Acteurs : avec les voix de Nina Perez-Malartre, Emi Lucas-Viguier, Frédéric Pierrot,...
Budget : -
Distributeur : Jour2fête
Genre : Animation, Drame.
Nationalité : Français, Luxembourgeois.
Durée : 1h21min
Synopsis :
Violette a 8 ans, du caractère à revendre et un nouveau tuteur ! En effet, depuis la mort de ses parents, elle doit vivre chez son oncle Régis, agent d’entretien au château de Versailles. Lui, c’est un géant bourru, elle une petite fille têtue qui refuse de lui parler et fugue dès qu’elle peut ! Mais dans les coulisses dorées du Roi Soleil ces deux solitaires vont peu à peu s’apprivoiser , apprendre à se connaître, et se découvrir une nouvelle famille...
Cette année, le cinéma d'animation fut étonnamment moins vampirisé qu'à l'accoutumée par les grosses productions made in America (pas forcément les plus recommandables du lot, on est d'accord), tant au-delà des sympathiques mais loin d'être fifous Elio et Dog Man - qui avaient néanmoins le bon goût d'être des efforts originaux -, voire du (joliment) bordélique Looney Tunes : Daffy et Porky sauvent le monde de Peter Browngardt, c'est sensiblement vers une contre-proposition essentielle que nos attentions ont été poussées : le magnifique Mémoires d'un escargot d'Adam Elliot en début d'année, le modeste et mordant Une Nuit au Zoo du duo Ricardo Curtis et Rodrigo Perez-Castro, l'audacieux La vie en gros de Kristina Dufková ou encore les plus récents (ils sont toujours en salles) et bien de chez nous, Maya, donne-moi un autre titre de Michel Gondry et Amélie et la métaphysique des tubes de Mailys Vallade et Liane-Cho Han, en passant par celles de nos cousins suisses - Mary Anning de Marcel Barelli - et canadien - La Mort n'existe pas de Félix Dufour-Laperrière.
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Mais c'est bien vers notre production hexagonale que nos regards se tournent à quelques heures des (précieuses) vacances d'automne, avec un premier long-métrage à quatre mains : La vie de château, mon enfance à Versailles de Clémence Madeleine-Perdrillat et Nathaniel H'limi, extension de leur court-métrage éponyme (adapté depuis sur papier glacé et à la télévision), toujours amoureusement cloué aux basques de leur jeune et fougueuse héroïne de huit ans, Violette, devenue orpheline à la suite de la tragédie du Bataclan.
Tout du long à hauteur d'enfants, le film traite avec une délicatesse rare (à l'image de sa douce animation, toute en 2D) du deuil à travers la maladroite mais sincère reconstruction d'une fillette confrontée à la douleur/colère de l'injustice comme à l'incertitude d'un présent - comme d'un avenir - incertain, auprès d'un oncle avec lequel elle ne partage rien (sauf les blessures de la vie), mais avec qui elle va constituer une petite famille de coeur.
Subtil et poignant, tout aussi malicieux qu'élégant et modeste, le film est un petit bout de poésie brute qui vaut décemment son pesant de pop-corn.
Jonathan Chevrier