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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #97. Friday the 13th : The Final Chapter

Courtesy Everett Collection // © Paramount Home Video


Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse d'un cinéma fantastique aussi abondant qu'il est passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !



#97. Vendredi 13 - Chapitre IV : Chapitre Final de Joseph Zito (1984)

Contrairement à ce que son étrangement peu flatteuse réputation le laisse trop souvent entendre (entre une méconnaissance des spectateurs et une gentille campagne de dénigrements de la part de mauvaises langues bien baveuses), la saga Vendredi 13 ne recèle en son sein que très peu de vrais navets, entre un premier opus qui vieillit super mal, un huitième absolument calamiteux (il reste à jamais un film qui ne vaut que pour un seul meurtre : celui de l'uppercut sur les toits de la Grosse Pomme) et un neuvième ou Jason n'est quasiment pas là (true - and dark - story), bah... ça passe, moins qu'un Halloween tout aussi prolifique certes, mais plus qu'un Pinhead gangbangisé par Miramax.

C'est simple, en ôtant le premier - ou c'est maman qui zigouille -, Jason Vorhees ne s'est finalement illustré quasiment que dans du slasher oscillant entre le sympathiquement divertissant et le gentiment oubliable.

Mais quand il laisse parler son génie - et ses quelques élans érotico-mou de la fesse gauche -, le représentant ultime du boogeyman invincible (logique, puisqu'il ne meurt jamais vraiment), à la carcasse aussi putride qu'imposante, et dont le sport national n'est pas le canoë kayak en eau douce mais bien le dépeçage d'ados au coin du feu, ne fait jamais les choses à moitié.
Considéré comme les esprits du bon goût, comme l'un des meilleurs films de la saga - aux côtés de Jason le mort-vivant et Jason X -, Vendredi 13 : Chapitre Final, qui a le bon ton de suivre l'esprit totalement décontracté de la machette de l'opus précédent tout en 3D, pour pleinement écrire la définition même de la saga (alors qu'il était censé la clore, mais nous ne sommes pas à une contradiction près avec l'office du tourisme de Crystal Lake) : un bon carnage régressif et riche en tripailles, qui renie tout souci de cohérence pour mieux laisser exploser la brutalité d'un Jason plus sauvage que jamais - avec en prime, le retour de Tom Savini aux SFX.

Courtesy Everett Collection // © Paramount Home Video

Chapeauté par un solide faiseur de cauchemars testostéronés, Joseph " Fucking " Zito, pas encore devenu le réalisateur chouchou du Chuck et de la Cannon, et passé un générique mixant toutes les aventures de la famille Vorhees (une habitude de la saga, et une preuve encore plus probante de la volonté - un temps - d'en finir avec le bonhomme), Chapitre Final, qui reprend directement après les événements de Meurtres en trois dimensions (avec un Jason pas vraiment mort, qui se réveille de la morgue pour découper un couple d'infirmiers à la cuisse facile) déploie son odyssée du chaos avec un enthousiasme non feint, jetant entre les mains de son tueur impitoyable une pluie d'ados boutonneux sous hormones, décidés à camper à Crystal Lake au lendemain même d'un massacre - souci de réservation, assurément.

Un groupe composé entre autres, d'un Crispin Glover pré-Retour vers le futur dont les talents pour la danse (contemporaine, où pas loin) confirme qu'il avait bien besoin de son fils Marty, pour séduire une nana (la séquence vaut à elle seule, la vision du film).
Mais le plus grand ennemi du fils de Pamela Vorhees ne sera ni l'un de ses ados, ni la ville (qui n'en a strictement rien à branler des massacres), ni la mort en elle-même et encore moins la suspension d'incrédulité du spectateur, mais bien un gamin/futur nemesis, Tommy Jarvis (un Corey Feldman pas encore Bagoo des Goonies), rejeton rusé et caché de Savini (il est particulièrement doué pour la conception de masques en latex), qui vit dans les environs avec sa mère et sa sœur, et qui lui taillera méchamment - et littéralement - la gueule dans un final dantesque (où il rasera son crâne, dans un eclair de lucidité improbable, pour ressembler à un Jason plus jeune et faire buguer le lascar, pas le pire cosplay d'Halloween).

Pétri d'incohérences folles mais charclant comme jamais (c'est l'un des plus gores de la saga, et sensiblement l'un des plus riches en plans sensuels aussi), mis en scène avec solidité par un Zito qui va strictement à l'essentiel (et qui a, semble-t-il, autant un vrai fétichisme pour les vitres brisées qu'une misogynie gentiment exacerbée), en jouant la carte du slasher à la fois féroce et décontracté, Chapitre Final tient sans forcer bien plus la route que la majorité des autres films de la saga, et proucre le même plaisir régressif a chacune de ses visions - même répétées.
Par chez nous, on appelle ça une put*** de réussite et au cœur des franchises horrifiques des 80s/90s, c'est plutôt une denrée rare - et encore plus pour celles passées sous le pavillon Miramax.


Jonathan Chevrier