[CRITIQUE] : Vade Retro
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Copyright Paname Distribution |
Réalisateur : Antonin Peretjatko
Acteurs : Esteban, Pascal Tagnati, Yolène Gontrand, Céline Fuhrer, Eva Rami,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Épouvante-horreur.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min
Synopsis :
Pour entrer dans l’âge adulte, un vampire doit mordre. Pour conjurer cette virginité, il lui faut du sang « pur ». Autrement, il sait qu’une malédiction s’abattrait sur sa famille : ils retourneraient en poussière, leur château avec.
Norbert a déjà 350 ans, il est temps pour lui de devenir cet adulte. Il a trouvé sa proie, mais qui s’avère être une chasseuse de vampire. Il en sort traumatisé, et une dent en moins. Sa famille décide de l’envoyer à l’autre bout du monde pour vaincre sa soudaine phobie, mordre et sauver leur château. Norbert débarque par erreur sur l’île de Boulet Rouge, régie par le cartésianisme français. L’arrivée de Norbert déclenche bien sûr une chasse au vampire…
On avait laissé le talentueux Antonin Peretjatko il y a quatre ans déjà, avec le savamment barré La Pièce Rapportée, relecture vaudevillesque et plus ou moins éloigné et moderne du Madame Bovary de Flaubert, merveille de satire pertinente et burlesque aussi volontairement absurde qu'elle était profondément politique, portée par la partition redoutable du tandem Anaïs Demoustier (délicate et pétillante)/Josianne Balasko (outrancière comme jamais).
Force est d'admettre donc que son retour, non sans de nombreux remous - pour être poli - côté production (comme on pu l'apprendre les chanceux, dont nous, qui ont découvert le film à l'Étrange Festival), était férocement attendu par chez nous, d'autant que le bonhomme semblait cette fois pleinement embrasser le cinéma de genre et plus particulièrement, celui codifié du film de vampires, avec une vision résolument aux antipodes de ce que l'imaginaire collectif a comme idée du mythe vampirique et de son expression cinématographique, nourrit par un esprit moderne/contemporain qui lui aura plus fait de mal qu'autre chose (et pas uniquement par Twilight, on vous voit venir).
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Décalé - et le mot est faible - le bien nommé Vade Retro implique presque instantanément au spectateur d'établir un pacte de confiance avec les images qu'il est en passe de découvrir, pour apprécier totalement ce chaos volontairement désorganisé vissé sur les aternoiements d'un vampire-boulet et fils unique de 350 balais (excellent Esteban), simili-Tanguy immortel obligé d'entrer dans l'âge adulte en mordant une jeune femme de sang « pur », pour éviter qu'une malédiction ancestrale ne le frappe lui et les siens - ils retourneraient en poussière, leur château avec.
Passé une expérience infructueuse avec une chasseuse de vampire qui le traumatise et lui ôte une dent, il est envoyé par ses désespérés de parents (dont une Arielle Dombasle à qui le projet va comme un gant) en Chine, sauf que son bateau dérive sur l’île de Boulet Rouge, régie par le cartésianisme français...
Si tout n'est pas parfait au final - loin de là même -, difficile néanmoins de ne pas se laisser charmer par ce voyage cartoonesque et gore qui assume tout du long ses bizarreries (même quand elles le font foncer droit dans le mur), et où Peretjatko s'amuse à décortiquer/moquer les codes du genre qu'il aborde avec respect, tout autant qu'il croque, certes avec peut-être moins de malice qu'à l'accoutumée, un portrait grotesque et au vitriol des élites et de la bourgeoisie, même si son humour apparaît néanmoins moins solide sur ses canines que par le passé.
Une expérience à part, peut-être pas aussi heureuse qu'espérer mais qui, une habitude avec le cinéaste, vaut toujours fièrement son pesant de pop-corn en bon cousin moderne du cultissime (pour les mauvaises raisons) Les Charlots contre Dracula.
Jonathan Chevrier