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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Yi Yi


Réalisateur : Edward Yang
Acteurs : Elaine Jin, Chen XishengIssey OgataJonathan Chang,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Taiwanais, Japonais.
Durée : 2h51min

Date de sortie : 20 septembre 2000
Date de ressortie : 6 août 2025

Synopsis :
Ingénieur en informatique âgé d’une quarantaine d’années, père de deux enfants, NJ fait partie de la classe moyenne taïwanaise. Le soir du mariage de son beau-frère, deux événements vont ébranler sa vie : sa belle-mère tombe dans le coma et son ancien amour de jeunesse ressurgit après vingt ans d’absence. C’est l’heure de la remise en question pour NJ : est-il possible de tout quitter et de repartir à zéro ? Sa femme et ses enfants font eux aussi face à de profonds questionnements...




Le rythme effréné des sorties et l’accumulation constante de nouveaux titres attendus peut nous laisser sur une certaine fatigue d’un point de vue critique, quitte à mettre de côté des œuvres qui auraient mérité notre attention. Heureusement, il existe quelques distributeurs qui proposent des rétrospectives afin de combler sur grand écran certains creux cinématographiques tout en permettant des redécouvertes largement méritées. C’est ainsi que Carlotta, en plus de proposer un retour sur les films de Marcel Pagnol, ressort au cinéma le Yi Yi d’Edward Yang quelques temps après la remise en avant de Confusion chez Confucius et Mahjong du même réalisateur.

Yi Yi s’ancre ainsi dans une même veine chorale aux dialogues ciselés et vivants, à un point où il est frustrant de savoir quoi écrire de correct et juste sur pareil long-métrage. En trois heures, Edward Yang raconte tout, avec un ancrage générationnel à propos qui perpétue son cinéma de connexions et de résonnances dans un bouillonnement commun. La précision de sa mise en scène contribue à cette justesse de ton et d’émotions, le tout dans un élan et un souffle qu’il semble impossible de décrire correctement si on n’a pas posé les yeux sur le long-métrage.

Copyright Carlotta Films

Ainsi, le chemin de vie qui se dessine ne se limite pas qu’à un drame familial mais à des doutes et autres interrogations que la caméra parvient à capter comme un témoin sans jugement, ne cherchant juste qu’à partager cette expérience d’existences voulant se trouver. L’ancrage urbain renvoie à ce biais de perte, tandis que la composition de l’image paraît si simple mais se révèle si évidente et chargée que l’on se dit qu’il y a tant de choses que l’on n’a pas pu voir du premier coup. Il s’en crée une ironie au vu du propos sur l’absence de préhension du temps et sur une vie qui se déroule, en dépit de nos erreurs mais supportée par nos bonheurs.

Nourri par le besoin de connexion et son souffle de vie, Yi Yi constitue un film immense, un de ceux dont la critique (qu’importe son format) risque de diminuer l’intensité émotionnelle qui s’en dégage et la force vibrante en son sein. On peut en tout cas vous dire que c’est une œuvre grandiose d’intime, de celles dans lesquelles on a envie de se plonger par la façon de contrebalancer la cruauté des regrets humains et l’énergie touchante de chaque existence, résonnances d’expériences dont la beauté ne sera jamais assez célébrée.


Liam Debruel