[CRITIQUE] : Argentina, 1985

Réalisateur : Santiago Mitre
Avec : Ricardo Darín, Peter Lanzani, Alejandra Flechner, Gabriel Fernandez Capello,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Argentin.
Durée : 2h20min

Synopsis :
L'histoire vraie d'un avocat qui dirige une équipe d'inexpérimentés contre les dirigeants de la dictature militaire argentine.

Critique :

Entre l'hommage vibrant à deux hommes qui ont marqué l'histoire et l'auscultation glaciale d'un peuple blessé et partagé après des années de répression, #Argentina85 est un thriller politico-juridique captivant, un devoir de mémoire complexe et pourtant formidablement accessible. pic.twitter.com/r1tapqp7Ye
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 22, 2022

On avait laissé l'excellent cinéaste argentin Santiago Mitre (El Presidente) il y a quasiment trois mois jour pour jour avec Petite Fleur, proposition joliment singulière entre la comédie romantique déglinguée et la fable surréaliste fleurant bon la douce folie des délires d'Alex de la Iglesia, où tuer son voisin peut autant casser la routine du couple qu'être le ciment de son bonheur.
Résolument moins tourné vers l'humour - même s'il n'en est pas dénué pour autant -, son nouvel effort Argentina, 1985, s'attaquera directement à l'histoire de son pays en revenant sur le procès historique de 1985 contre la junte militaire au pouvoir en Argentine de 1976 à 1983.
Avec intelligence, le film revient sur un événement charnière du pays non pas par le biais d'une auscultation dramatico-stricte et pointue des faits façon témoignage à la lisière du documentaire, mais bien par le biais d'un vrai film de genre, un pur thriller politique aussi tendu qu'il est rythmé au cordeau.

Tirant des parallèles édifiant entre le passé (le présent de l'histoire) et le futur (notre présent), la narration finement orchestrée reste tout du long vissée sur le jeune procureur Julio Strassera - mais aussi son adjoint Luis Gabriel Moreno Ocampo -, père de famille gentiment bourgeois de Buenos Aires chargé contre son gré de s'occuper de l'affaire, une sorte de héros solitaire luttant contre vents et marées (comprendre des menaces frontales) pour mener à bien un procès juste et nécessaire pour une société post-dictature en pleine transition, regardant avec méfiance une démocratie qui lui tendait les bras tout en ayant un besoin désespéré de justice et un désir profond de ne plus jamais revivre ce fléau militaire et autoritaire.
Entre l'hommage, à la fois drôle et vibrant, à deux hommes courageux qui ont marqué l'histoire et l'auscultation glaciale d'un peuple blessé et partagé après des années de répression, Argentina, 85 est un thriller politico-juridique brut et captivant, un vrai devoir de mémoire complexe et pourtant formidablement accessible.

Jonathan Chevrier