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[CRITIQUE] : H6


Réalisatrice : Ye Ye
Avec : -
Budget : -
Distributeur : Nour Films
Genre : Documentaire
Nationalité : Français, Chinois.
Durée : 1h54min

Synopsis :
Le destin de cinq familles se joue à l’hôpital N°6 de Shanghai. A travers leurs histoires croisées se dessine un portrait de la Chine d’aujourd’hui entre culture traditionnelle et modernité. La solidarité, la tendresse et le sens de l’humour permettent aux familles et patients de tenir le cap face aux aléas de la vie.



Critique :


À une heure de crise pandémique mondiale où la santé n'a jamais été un sujet aussi crucial, il n'y a sans doute rien de plus évocateur pour prendre le poul d'une nation et avoir un échantillon représentatif de sa population, que de poser une caméra au coeur de l'un de ses établissements de santé.
Que ce soit les personnels de santé, les patients où les familles de ceux-ci, qu'ils soient séparés par des barrières culturelles, économiques ou sociales, tous ne peuvent qu'être unis pour lutter contre les tragédies du quotidien qui les unissent.
C'est ce constat qui sert de toile de fond à H6, premier long-métrage de la wannabe cinéaste Ye Ye, une observation anthropologique de destinées liées les unes avec les autres, dressant un portrait édifiant d'une Chine contemporaine tiraillée entre traditions, modernité accrue et un capitalisme dénué de toute compassion et d'humanité.
Vissé sur les couloirs du Sixth People's Hospital, lieu tentaculaire et effervescent ou des millions de personnes gravitent chaque année, Ye Ye embrasse les difficultés de cinq patients bien distincts dans leurs sacrifices pour se faire soigner, exemples symptomatiques d'une nation où l'égalité des chances dans l'accession aux soins n'est qu'une chimère.

Copyright Nour Films

Tout à un coût, se faire soigner comme être traité avec un tant soit peu de dignité, mettre en péril tout le quotidien d'une famille ou laisser le destin suivre son court.
Captant avec justesse et sans le moindre misérabilisme, la détresse des patients autant que leur force de résilience absolument admirable, H6 oscille constamment entre le drame fataliste et oppressant et la fresque sociale à l'humour étonnamment cathartique.
Une approche holistique rythmée entre ceux qui n'ont d'autre choix que de vendre leur âme pour avoir une chance de soulager leur douleur, et le personnel médical et son mode de fonctionnement (notamment quelques employés assez atypiques, tous tentant de faire le bien dans un système effroyablement défaillant), ou la détresse psychologique, la misère et la solitude solitude côtoient continuellement la tendresse des proches et la solidarité qui subsistent dans ce qui est une sorte de communauté au sein même de l'hôpital, où l'importance de la cellule familiale est tout aussi forte que les efforts du corps hospitalier.
Tout en pudeur et en désespoir, dénué de tout regard politique même s'il scrute frontalement le fonctionnement déshumanisant et capitaliste de toute une nation (autant que le rapport de son peuple face à la maladie et à l'injustice); H6 est un instantané de vies poétique, humain et criant d'honnêteté, qui touche autant par la froideur de son réalisme que par son optimisme à toute épreuve, même dans la douleur.
Une magnifique découverte.


Jonathan Chevrier


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