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[CRITIQUE] : 3 Days to Kill


Réalisateur : McG
Acteurs : Kevin Costner, Amber Heard, Hailee Steinfeld, Connie Nielsen,...
Distributeur : EuropaCorp Distribution
Budget : 28 000 000 $
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain et Français.
Durée : 1h54min.

Synopsis :
Ethan Renner est un redoutable agent secret résolu à renoncer à sa vie trépidante pour se rapprocher enfin de sa femme et sa fille, qu'il a longtemps tenues à distance pour les protéger. Lorsqu’on lui impose une ultime mission, il doit mener de front les deux combats les plus difficiles de sa carrière : traquer un dangereux terroriste et s'occuper de sa fille adolescente pour la première fois depuis dix ans…




Critique :

Pendant près d'une (trop) longue décennie, l'immense Kevin Costner fut littéralement boycotté à Hollywood, définitivement impitoyable lorsque ses talents - même les plus inestimables - enchainent autant les bides commerciaux que les années de métier au compteur.

Sa jeunesse glorieuse derrière lui, cantonné au rang de has-been avec le flop monumental de son pourtant magistral Postman, le grand Kevin a donc du tâter de la production plus ou moins foireuse avant de gouter de nouveau, aux joies de la célébrité, via des seconds-rôles marquants (The Ryan Initiative, mais surtout celui de papa Kent dans Man of Steel).

Tel le phoenix qui renait toujours de ces cendres, ou l'exemple parfait de la success story Hollywoodienne que le business et les journaux people raffolent (l'acteur adulé et bankable qui sombre quasiment dans l'anonymat avant de redevenir le comédien que tout le monde s'arrache), à l'instar des précieux Sylvester - oui, il l'est - Stallone et Arnold Schwarzenegger, Costner s'est payé une nouvelle place légitime dans la jungle du cinéma ricain, et croule sur les projets bandants.


Fer de lance de cette tentative de fructification de popularité, 3 Days to Kill, ou le nouveau long métrage du sympathique mais irrégulier McG, produit par Luc Besson et Europa Corp.
Le genre de choc culturel assez improbable, car si Costner chez Besson fait déjà figure de pari étonnant, voir une telle figure du septième art américain dans une production française et estampillé Europa Corp, ça sent indiscutablement et dès le départ, la volonté d'offrir un sous-produit Taken avec une copie-calque charismatique de Liam Neeson en vedette, comme ce fut cas par le passé via le maladroit From Paris With Love, avec le jadis respectable John Travolta.

3 Days To Kill donc, ou l'histoire d'Ethan Renner (mélange entre Ethan Hunt et Jeremy Renner de M:I-4, dirons-nous pour jouer les mauvaises langues), un agent de la CIA n'ayant plus que trois mois à vivre, la faute à une maladie incurable.
Décidé à quitter l'agence, le bonhomme se rend à Paris pour renouer contact avec sa femme et sa fille capricieuse et indisciplinée, dont il s'est éloigné.

Sauf qu'une fois là-bas, un agent bien gaulée, lui propose un traitement miracle et expérimental en échange d'une dernière mission.
Histoire de rattraper le temps perdu, Ethan accepte, et tente comme il le peut de jouer à la fois le papounet modèle et le tueur sans merci, au risque justement, de tout risquer...

Génial sur le petit écran (il a produit les cultes Fastlane, Newport Beach et surtout les ,précieuses Supernatural et Chuck), un peu moins sur le grand (pour Charlie et ses Drôles de Dames et We Are Marshall, on a eu droit à Les Anges se Déchainent, le piteux Terminator Renaissance et le cool mais décevant Target), McG n'en est pas moins un faiseur de rêve stylé et judicieusement référencé à la popculture, ce qui atténuait un tantinet nos craintes sur la potentielle vision de cet Europa Corp movie, pour une fois non cornaquée par un yes man de l'écurie Besson.


Et la différence s'en ressent considérablement à l'image, via la mise en scène dynamique, moderne et inventive du bonhomme, qui balance sur pellicule une pluie de scènes d'actions foutrement bien rythmées et lisibles (ce qui n'est habituellement pas vraiment la marque de fabrique de la firme Besson), ainsi que de beaux moments dramatique filmé avec justesse.
Usant admirablement de son décor parisien, loin du cliché " carte postale " - même si la Tour Eiffel est de presque tous les plans, que Costner fait du vélo sans baguette de pain dessus et que l'on sent quand même à certain moment, un gros appel à la pub touristique pour panam -, le cinéaste fait de la capitale française un personnage à part entière de l'histoire.

Mieux, il filme Costner comme l’icône légendaire qu'il est, vielle âme sage et bouillonnante à la fois, qui donne tout ce qu'il faut de charisme et d'intensité pour rendre son personnage d'agent à l'aube de sa mort, profondément tendre et poétique, et ce même dans ses profonds élans de violence.
Véritable point fort de la péloche, qu'il porte sur ses très larges épaules, il arrive même a transcender un script qui ne lui rend pas forcément justice.

Car c'est bien là le grand hic de 3 Days to Kill, outre son défaut certes louable, de vouloir jongler entre la comédie dramatique et la série B musclé et burné : son script, un amas de prévisibilité et de clichés ambulant, et limite même aberrant.
Signé par tonton Besson himself, il regorge de clichés sur la France - comme son récent Malavita -, de défauts inhérents aux prods Europa Corp (les courses-poursuites en berlines, les français qui s'expriment dans un anglais parfait, les dialogues limités, l'ado rebelle, la sidekick sexy, le vilain au nom ridicule et pas du tout charismatique pour un sou...), mais surtout une succession de confusions narratives, qui nous font presque regretté que le papa de Danse avec les Loups soit revenus en tête d'affiche par la petite porte Besson.


Une faiblesse qui fait mal, et ce n'est pas le talent incroyable d'une légende vivante du septième art mondial, ni l'habileté d'un cinéaste loin d'être manchot (McG) et encore moins les courbes affolement appétissante d'une bombe sexuelle (sublime Amber Heard) qui changeront la donne.

Quand on traite une habile série B comme un nanar de bas étage que l'on vend à l'international comme pompe à frics, on se retrouve toujours face à une œuvre hybride qui cherche sa place dans le sillage des nombreuses sorties en salles chaque semaine.

Dommage, car si le fond pêche, dans la forme le film avait tout du thriller badass comme on les aime, justement dans la droite lignée de Taken premier du nom...


Jonathan Chevrier