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[FUCKING SERIES] : Tulsa King saison 2 : The Boss Sly is back


(Critique - avec spoilers - de la saison 2)



On avait été de ceux, évidemment peu objectif, à avoir vraiment aimé la première saison de Tulsa King dominé par un Sylvester Stallone plus charismatique que jamais (la série a été faite pour lui, et elle ne serait strictement rien sans lui), petite relique d'un autre temps qui ne cherchait jamais à n'être plus qu'une douce (voire même un brin génialement absurde) distraction télévisuelle, visant à célébrer dans l'ironie complice et le respect sincère, l'une des plus grandes légendes du cinéma qu'on aime.

La télévision de Taylor Sheridan qu'on aime, lui qui capture comme peu l'essence du coeur de l'Amérique profonde et de ses propres règles, ici avec une histoire parsemés de personnages richement complexes et plaisants à suivre, qui n'ont pas vraiment peur de dire ce qu'ils pensent (où d'agir de manière impulsive avant d'épouser la moindre idée de réflexion).

Copyright Paramount+

D'autant qu'il avançait cette fois sur un terrain qui lui était quasiment inconnu : un exercice aussi méchamment musclé qu'il est jouissivement détendu comme si, au lieu d'un café serré à la SicarioWind River où même Yellowstone, il préférait jouer la carte de l'expresso gentiment désinvolte où il distillerait goutte à goutte - quitte à décontenancer les habitués de son univers - sa maestria comme pour mieux laisser la magie opérer par elle-même, sans être forcée.

Un véritable bonbon donc, à qui l'exercice d'une diffusion éparse (un épisode par semaine) ne bottait pas vraiment mais qui, abattue d'une traite, faisait des ravages et s'avérait même étonnamment addictive, au point donc d'attendre sa seconde monture avec une furieuse impatience, elle qui promettait d'asseoir encore un peu plus l'empire naissant du mafieux vieillissant Dwight " The General " Manfredi, obligé par les siens de quitter la Grosse Pomme pour faire percer en solitaire le business familial du côté de Tulsa, en Oklahoma - jusqu'à ce qu'il se détache complètement d'eux, avec fracas, las de leurs nombreuses trahisons.

Une extension qui était à la fois menacée par l'ombre des accusations de l'ATF, la colère croissante de son ancienne famille mafieuse et quelques nouveaux ennemis locaux, que ce soit l'homme d'affaires local Carl Thresher (Neil McDonough, rompu à ce genre de rôles), pas content qu'il aille titiller le marché de la marijuana, où encore le mafieux de Kansas City, Bill Bevilaqua (un Frank Grillo vraiment heureux d'être là), qui réfute totalement l'idée de l'existence de Dwight sur son territoire.

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Un sacré - et très prometteur - programme donc pour une seconde salve d'épisodes qui peine pourtant cruellement à trouver son ton sur toute son entièreté, quand bien même elle s'échine à sensiblement gonfler les cibles autour d'un Manfredi/Sly toujours aussi plaisant à suivre, au moins autant qu'à développer drastiquement la profondeur de sa nouvelle " famille " et de sa nature joliment diversifiée et atypique.

Démarrant sur une sorte de drame juridique à l'intérêt inexistant (impossible de croire à un retour du mafieux en prison), avant de véritablement trouver son élan dès un solide troisième épisode, le show s'ankylose parfois de trop de fioritures fantaisistes pour laisser pleinement vivre ses intrigues passionnantes et complexes, mais il impose aussi et surtout une vérité qui est à la fois sa plus grande force et, paradoxalement, sa plus grande vulnérabilité : Dwight Manfredi est intouchable - tout comme son business -, parce que la série ne serait rien sans lui.
Ce qui implique que la moindre menace installée ne peut totalement faire vaciller un personnage dont la rigidité face à ses propres principes et ses propres envies, est chevillé au corps depuis le départ.

Prévisible, Tulsa King déroule sans trop de gravité une saison 2 oscillant donc entre digressions comiques plus où moins superflus (qui prennent le pas sur l'émotion palpable de la saison 1, laissée de côté), et oppositions homériques et westerniennes en diable aux issues majoritairement connues - quand elle ne sont pas un brin décevante -, dans un élan à la fois mal rythmé voire même précipité dans son dernier virage, bien qu'elle sait toujours aussi bien gardé entier l'intérêt de son auditoire - grâce à Stallone comme à sa belle galerie de personnages.

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C'est paradoxal et, au fond, assez amer de se dire que la série ne répond jamais véritablement à toutes les belles promesses qu'elle a su, subtilement, distiller avec le temps, sans pour autant réussir à rebuter tant il est difficile de s'en détacher, de ne pas attendre l'épisode suivant avec une impatience non feinte - et un espoir qui, il est vrai, s'étiole de plus en plus -, à l'image des plus grandes séries policières/mafieuses du petit écran.

On attendra donc, quand-même, ce que nous proposera sa troisième saison, elle qui devrait se bâtir sur l'étonnant cliffhanger du final de la saison 2 (un Dwight Manfredi kidnappé en pleine nuit, et visiblement obligé de bosser pour une agence gouvernementale, possiblement le FBI), pour savoir si la quiétude de la routine qu'elle s'est imposée (des conflits majeurs à l'exécution mineure, un manque sérieux d'action, un empire un brin bâti sur les cendres d'une relation père-fille pourtant centrale dans la mythologie de la série), saura retrouver un semblant de peps salvateur.

Dans l'état, on continuera toujours autant à se balader dans les rues de Tulsa, mais le cœur n'y sera plus vraiment...


Jonathan Chevrier