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[CRITIQUE] : La Ballade de Buster Scruggs

 

Réalisateur : Joel et Ethan Coen
Acteurs : James Franco, Brendan Gleeson, Zoe Kazan, Liam Neeson, Tim Blake Nelson, Clancy Brown, Stephen Root, Tom Waits,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Western.
Nationalité : Américain
Durée : 2h13min

Synopsis :
La ballade de Buster Scruggs est un western d'anthologie en six volets mettant en scène les légendes du Far West. Chaque chapitre est consacré à une histoire différente de l'Ouest américain



Critique :

Que Joel et Ethan Coen continuent, malgré les années qui passent, à nous éblouir avec des péloches racées et intelligentes, ne nous étonne guère, mais que les deux frangins enchainent les chefs d’œuvres tout en peaufinant leur style de film en film, force est d'admettre que cela pousse sacrément au respect, même s'ils ne sont pas, heureusement, des cas isolés - coucou Spielby et Marty.
Peu importe alors, ce que peuvent penser leurs détracteurs (qui auront, de toute manière, toujours tort), les bro's n'ont pas perdu une seule once de leur mojo depuis Inside Llewin Davis.
Mieux même, ils avaient tout simplement fait de leur dernier long en date, Avé, César !, un sommet de comédie kitchissime et délirante à souhait, captant avec maestria et ironie, les dernières heures de l'âge d'or Hollywoodien dans ce qui est, sans l'ombre d'un doute, l'un des hommages les plus délirants et grotesques de cette époque sur grand écran.



Deux ans et demi plus tard, et passant du côté " obscur " de la production Hollywoodienne - Netflix -, les deux cinéastes ne perdent absolument pas le nord et concoctent une anthologie western façon film à sketchs (et un temps faussement annoncé comme une série) sur l'Ouest Américain : La Balade de Buster Scruggs, sympathique film concept logiquement inégal, mais définitivement immanquable tant il cite avec bonheur, la folie burlesque de leur cinéma tel qu'elle a pu être gravée sur la pellicule via les merveilleux O'Brother, Burn After Reading ou encore Hail Caesar.
Scindé en six parties plus ou moins défendables démarrant sur, malheureusement, la plus bancale - voire dispensable -, The Ballad of Buster Scruggs (parodie cartoonesque du genre, avec un Tim Blake Nelson chantant franchement horripilant) et se concluant plus ou moins de la même manière avec The Mortal Remains (déambulation nocturne dans une diligence avec deux croquemitaines, visuellement hypnotique mais diablement inconsistant, le Coen nouveau tutoie pourtant souvent la grâce dans son ventre mou, avec des chapitres proprement magnifiques.



Que ce soit Near Algodones, segment enlevé et léger façon bis rital aux dialogues savoureux, suivant les basques d'un James Franco parfait en braqueur de banques dont le destin funeste, et symptomatique de la ruée vers l'or de l'Ouest Américain, ne fait que donner de la puissance viscérale au projet; ou encore All Gold Canyon, moment jouissivement absurde, méta et désenchanté sur un chercheur d'or dédiant sa vie à sa passion (Tom Waits, parfait).
Mais, en dehors d'un plutôt réussi et très kafkaïen Meal Ticket, porté par un Liam Neeson machiavélique en imprésario d'un spectacle itinérant façon freak show, c'est surtout le brillant The Gal Who Got Rattled qui remporte le plus l'adhésion, épique western radical et mélancolique fleurant bon l'Ouest sauvage, dominée par la lumineuse Zoé Kazan.
Il était six fois dans l'Ouest, évidemment pas toutes aussi mémorables que le poème brutal et poussiéreux de feu Sergio Leone donc, mais six explorations des différents sous-genres du western, qui ont pleinement le mérite d'exister aux côtés de leurs No Country For Old Men et True Grit.



Sorte de rencontre improbable mais souvent magique, entre le cinéma européen (majoritairement le cinéma italien des 60's) et américain, à la fois hommage sincère et vraie reflexion pertinente sur l'art certes furieusement bancal dans son ensemble, mais pas moins plaisante à découvrir, La Ballade de Buster Scruggs, loin d'être un Coen majeur, n'en est pas moins une belle petite bulle de légèreté en attendant de revoir les deux frangins sur grand écran avec un projet nettement plus solide.


Jonathan Chevrier




Prenant la forme d’un film sketch, le dernier long-métrage de Joel et Ethan Coen, La Ballade de Buster Scruggs prend l’apparence d’un immense pot-pourri de leur cinéma. Malheureusement dans ces 6 segments (en référence au nombre de balles d’un colt), le long-métrage se transforme une déception ou les coups d’éclat sont peu présent, mais les coups de mou bien palpable. Alors, étudions tout cela de plus près en découpant chaque chapitre pour mieux en pointer les points faibles et points forts.


The Ballad of Buster Scruggs



Dans ce premier segment, Tim Blake Nelson incarne le fameux Buster Scruggs, une sorte de Lucky Luke de l’Ouest tirant plus vite que son ombre. Cette mini-chronique prend la forme d’une parodie cartoonesque des films de cow-boy. Malgré sa brève durée, ce sketch est péniblement long dû a l’enchaînement des numéros musicaux qui semble au final servir a caché la relative vacuité de ce premier chapitre.


Near Algodones



En faisant de James Franco un braqueur de banque en manque de chance les Coen renouent avec l’humour noir et l’ironie de leurs œuvres. Tout aussi bref que The Ballad of Buster Scruggs, ce second chapitre parvient pourtant à déployer un propos sur la solitude de l’Ouest, son hostilité et sa violence.


Meal Ticket



Plus consistant dans sa durée, ce troisième chapitre permet aux frères cinéaste de prendre de l’ampleur avec un récit plus lent aux accents dramatiques. Liam Nesson promène dans sa roulotte un homme tronc (Harry Melling) offrant chaque soir des monologues à une foule de cow-boy et autres spectateurs. Se délaissant de l’humour, le segment dépeint l'atrocité du show-business, la lente agonie de la poésie devenue produit de consommation pour les foules. Malgré la force du propos, l’ensemble souffre grandement d’un cruel manque de rythme.


All Gold Canyon



Écrin parfait pour un Tom Waits colossal, ce quatrième chapitre est le premier réel sursaut du long-métrage. Narrant la conquête vers l’or, les Coen braquent la caméra sur un chercheur d’or passant ses journées à creuser des trous. Un personnage typique de leur cinéma, et si la situation tout en absurdité donne envie de sourire c’est pourtant un segment âpre et étrangement onirique.


The Gal Who Got Rattled



Le film que je voulais il se cache dans cet avant-dernier segment. D’une belle ampleur, les Coen offrent enfin le grand spectacle qu’on pouvait attendre d’eux au travers d’une Zoe Kazan magistrale. Imposant une figure féminine dans cet univers masculin, The Gal Who Got Rattled est un écrin romantico-dramatique qui file les seuls réels frissons du long-métrage et nous fait même regretter de devoir abandonner ces personnages.

The Mortal Remains 


Huis clos dans une diligence lancée à grande vitesse, ce chapitre final en plus d’être en soi mauvais souffre irrémédiablement de l’impact encore frais de The Gal Who Got Rattled sur notre esprit. Sa réalisation nous donne presque l’impression d’être dans un Burton se voulant un brin fantastique, on peine à comprendre comment ce chapitre peut réellement nous convaincre avec une telle vacuité.


Thibuat Ciavarella


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