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[FUCKING SÉRIES] : Stranger Things : The Story of Eleven and The Upside World


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


À quelques exceptions près (Marseille et Love surtout), la précieuse plate-forme Netflix est très vite devenu le compagnon indispensable pour tous les sériephiles purs et durs que nous sommes, aussi bien pour son (très) large catalogue que pour la qualité indéniable de ses créations originales, capables de contenter plus d'un public exigeant.
A tel point que chacune de ses nouveautés - ou tout simplement, chaque nouvelles saisons de ses propres séries -, se voient scruter avec une attention toute particulière, comme de véritables événements à part entière.

Ce qu'est, sans l'ombre d'un doute, Stranger Things, de loin la promesse la plus excitante de cette morne saison estivale 2016 - avec Suicide Squad.
Gageons pourtant que sur le papier que la première création des frangins Duffer (le thriller apocalyptique - et inédit – Hidden, mais aussi scénariste sur la précieuse Wayward Pines), est un projet casse-gueule par excellence.


Prenez deux jeunes showrunners inconnus du grand public mais méchamment ambitieux dans leur envie de constituer un appel du pied maousse costaud à tous les amoureux de l'époque bénie des 80's (sans pour autant tomber dans le fan-service bête et facile), associez-les à un casting de talents reconnus (les mésestimés Wynona Rider et David Harbour, Matthew Modine) ou en passe de le devenir (Millie Bobby Brown), et saupoudrez-le tout d'une intrigue façon teen movie surnaturel (la disparition d'un jeune garçon, l'enquête d'une poignée de personnes pour le retrouver et l'apparition soudaine de deux figures fantastiques) et vous obtiendrez Stranger Things; une claque télévisuelle comme on aimerait en recevoir plus souvent dans la poire.

A l'instar de M. Night Shyamalan, Jeff Nichols et J.J. Abrams (les plus dignes héritiers contemporains de Spielberg et Amblin), les Duffer manient avec finesse le processus de citation/réappropriation qui régit leur univers cinématographique ultra-référentiel, pour accoucher d'une série ovniesque aux savoureuses frontières de Twin Peaks - qui renaîtra bientôt de ses cendres -; ou quand Les Goonies et E.T. tutoient du bout de la bicyclette Poltergeist et Dead Zone.
Fragmenté en huit épisodes présentés en huit chapitres à la durée égale, à la fois comédie touchante (sur l'amitié, l'amour et la famille), satire politique maligne (l'Amérique et sa course à l'armement en pleine Guerre Froide), relecture originale du mythe du super-héros (via le personnage de Eleven) et film de science-fiction tendu et mystique; la première saison conte avec sincérité et modestie, une histoire ou tout sonne juste et vrai.


Crédible et addictive de bout en bout grâce à un suspens tout aussi habilement maîtrisé que son ambiance est jouissivement mystérieuse et envoûtante, dosant avec parcimonie son humour, ses séquences de tensions et d'émotions (notamment dans l'épisode final, aisément l'une des scènes les plus poignantes de la télévision US cette année); la série transpire les années 80 jusque dans sa moindre parcelle de bobine (les détails, d'une simple affiche de cinéma aux talkies-walkies old school, sont légion), salue avec révérence ses icônes inspiratrices (les oeuvres de Steven Spielberg, John Carpenter, David Lynch et Stephen King en tête) tout en basant son rapport au surnaturel sur deux éléments simples mais diablement efficaces; un monstre sans visage venant d'un autre monde et attiré par le sang, ainsi qu'une jeune fille aux pouvoirs aussi étrange que son passé.

Drôle, grave et follement passionnante, la création des frères Duffer multiple sans frémir les points de vues et les personnages, volontairement caricaturaux et hauts en couleur (tout en étant finement croqués, surtout les quatre enfants vedettes), pour ainsi mieux glorifier son attachante bande de " losers " magnifiquement empathique grâce à la prestation pleine d'authenticité d'une poignée de gamins; bande dominée par la formidable Millie Bobby Brown (Intruders) qui, dans la peau de Eleven, incarne la grande révélation d'un show qu'elle porte quasiment sur ses larges épaules.



Impressionnant visuellement (même si certains effets spéciaux laissent à désirer), porté par une bande originale démente (dans laquelle le score shooté aux synthés s'accouple avec fougue aux meilleurs tubes de l'époque) et un casting totalement voué à sa cause, Stranger Things offre un regard dans le rétroviseur aimant et respectueux à tout un pan chérit du septième art, tout en incarnant - comme 11.22.63 ou encore The Path -, l'une des meilleures nouvelles séries de la saison télé 2016.

Une belle pépite à l'état brut grisante et prenante qui, si elle ne révolutionne certainement pas le genre (certains crieront certainement à la citation bancale et stérile), apporte néanmoins une pierre solide et passionné à son édifice; pierre qui devrait se voir bonifier par une seconde cuvée (plusieurs zones d'ombres sont pleinement exploitable pour la suite), dont on espère qu'elle pointera très vite le bout de son nez dans les mois à venir.


Jonathan Chevrier


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