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[CRITIQUE] : Diana


Réalisateur : Oliver Hirschbiegel
Acteurs : Naomi Watts, Naveen Andrews, Douglas Hodge,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre :  Drame, Biopic.
Nationalité : Britannique, Français et Belge.
Durée : 1h53min.

Synopsis :
1er Septembre 1995 : La princesse de Galles et le docteur Hasnat Khan sont présentés l’un à l’autre par Oonagh Toffolo, amie de Diana, au Royal Brompton Hospital de Londres. Officiellement séparée du prince Charles depuis décembre 1992, Diana a connu plusieurs aventures amoureuses décevantes. Alors qu’elle s’interroge sur le sens à donner à sa vie, elle s’éprend du chirurgien pakistanais et, pour une fois, parvient à garder quelques temps secrète leur liaison. Son divorce définitivement prononcé en août 1996, Diana veut croire à un avenir possible avec cet homme qui l’aime avec ses qualités et ses défauts, indifférent à l’image d’icône princière qu’elle incarne aux yeux du monde depuis plus de quinze ans.
6 Septembre 1997 : Un homme effondré derrière ses lunettes noires assiste aux obsèques de Diana. Peu de gens reconnaissent Hasnat Khan. Alors que les tabloïds affirment que Diana s’apprêtait à épouser Dodi Al-Fayed, rares sont ceux qui savent que, peu avant son accident, elle essayait encore de joindre Hasnat pour le convaincre de revenir à elle.


Critique : 

Qu'on se le dise, le cinéaste Oliver Hirshbiegel est ce que le septième art allemand nous a offert de mieux ses dix dernières années, avec l'inestimable Christoph Waltz.

Après le bouillant L'Expérience (salement remaké par Hollywood avec les pourtant excellents Adrien Brody et Forest Whitaker), et le tout aussi réussi La Chute (sur les dernières heures d'Hitler), le bonhomme nous revient cette années avec une péloche hyper buzzé, Diana, un biopic ciblé sur les dernières années de vie de Lady Di.
Un projet hautement casse-gueule vu l'aura positive démesuré de la Princesse de Cœur, surfant tout autant sur la mode des biopics ciblés (genre les récents et foireux Hitchcock et Jobs), que sur celle des biopics royaux (The Queen, Le Discours d'un Roi et le W.E. de Madonna).

Dés sa sortie, le film s'est lourdement fait démonter par toutes les critiques - qu'elles soient britanniques ou françaises -, toutes ou presque l'ont lynchés, fustigeant autant son inutilité que son côté " téléfilm romantique paresseux ", à peine mieux torché que ce que M6 nous balançait jadis les dimanches après-midis.

Après vision, force est d'admettre que le film n'est pas aussi mauvais qu'annoncé, mais pas franchement meilleur non plus, la faute peut-être, à des attentes beaucoup trop élevées à son égard, suscitées par les cinéphiles impatient que nous sommes, de mirer une péloche consacré à la princesse.


Plus bluette romantique que biopic, Diana, qui s'est visiblement permis quelques libertés scénaristiques, s'intéresse donc au fameux Big Love de la madame : celui qu'elle a vécu avec le chirurgien Pakistanais Hasmat Khan, et non sa romance d'avec Dodi Al-Fayed, qui n'aurait servi que de faire valoir pour rendre jaloux le premier.
Cette thèse osée, on la doit à la journaliste Kate Snell, dont le bouquin - Le Dernier Amour de Diana -, a servi de matière au script.

Pourquoi pas, avons-nous envie de dire, surtout que les sources de la madame seraient encore plus solide que la roche.
Bonjour la love story donc, aussi classique qu'ordinaire, vu que le cinéaste se focalisera bien plus sur le côté " femme comme tout le monde " de la princesse, plus que son penchant royale.
Privilégier l'humain, voilà une idée loin d'être idiote pour décrire la personnalité - sur grand écran -, de la Princesse de Galles, si tenter soit-elle bien sur que celle-ci soit justement traitée.

Ici, même si Hirshbiegel fait preuve d'une trop profonde déférence envers son personnage, la Diana qu'il décrit y est infiniment touchante et empathique.
En femme détruite par un divorce douloureux et médiatique, tourmentée par ses névroses et sa détresse face au bonheur impossible qui la fragilisait de jour en jour, le metteur en cène vise souvent juste et dénote complétement avec l'image un peu gourde que la presse s'est amusé à lui donner, à tort.

Ne cachant que trop rarement ses défauts (notamment le fait qu'elle manipulait, certes maladroitement, les paparazzis pour s'en servir à son avantage, et ce, même si ils lui pourrissait la vie), sans pour autant franchir la limite du politiquement correct - qui aurait pourtant rendu son héroïne encore plus bouleversante -, Diana fait de son sujet une âme à la beauté égale à sa grandeur, soit sans limite.


Vibrant corps et âme justement, pour le besoin vitale qu'elle avait d'être aimé par un homme, la belle croit dur comme fer en sa passion pour Hasnat, amour ordinaire entouré d'éléments extérieurs tous plus ou moins, extraordinaires.

Elle a du sang royale dans les veines, lui est d'une famille musulmane, elle est constamment traquée comme un monstre de foire par la presse à scandale alors que lui, n'aspire qu'à une existence tranquille, sans avoir à se cacher pour exister,...
Bref, tout les sépare, et cette histoire impossible véhicule en elle un (trop) lourd sentiment universel, enrobé de pathos de supermarché, à la date de péremption un brin dépassée.

Ce qui rend donc infiniment redondant toutes les scènes banales de leur intimité - notamment leurs disputes -, car comme pour se plomber encore un peu plus, le film saura se parer de tout son long, de dialogues à la limite du ridicule (dans ses meilleurs moments !).

Dommage, car le trop rare Naveen Andrew, impeccable en amant touchant, livre l'une de ses prestations les plus irréprochables.
En homme de principe élégant, il est d'une sobriété imposante face à une précieuse Naomi Watts, convaincante et habitée.


Si physiquement, la ressemblance n'est pas toujours frappante (pour moi perso, elle reste nettement plus séduisante que Diana Spencer), elle s'efforcera judicieusement de retranscrire toutes les mimiques et subtilités de son modèle, non sans parfois il est vrai, frisé avec la dangereuse frontière du sur-jeu.

Ni vraiment bon, ni vraiment déplaisant, Diana, aussi beau et tragique peut-il être parfois, n'en reste pas moins une fausse promesse de pseudo-biopic, qui masquait en réalité une bluette des plus communes et banales.

Si les fleurs bleues s'en contenteront - certes, il faut admettre que certains passages sont touchés par la grâce -, les cinéphiles purs et durs eux, s'en rongement salement les ongles.

Convenu mais douloureux (difficile de ne pas rester insensible au destin tragique de la princesse, encore plus dans ses derniers instants), Diana rend hommage comme il peut, à un petit bout de femme à la noblesse d'âme extraordinaire.


Ce qui aurait put potentiellement être un drame intime puissant sur une femme perdue, n'est au final qu'un mélodrame sirupeux pas toujours très heureux sur une princesse amoureuse.

Regardable mais pour un vrai biopic digne de ce nom, c'est certain que par chez nous, on repassera...


Jonathan Chevrier


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