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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Palombella Rossa


Réalisateur : Nanni Moretti
Avec : Nanni Moretti, Silvio Orlando, Mariella Valentini, Alfonso Santagata, Asia Argento,...
Distributeur : Malavida Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h29min

Date de sortie : 29 novembre 1989
Date de ressortie : 3 septembre 2025

Synopsis :
À la suite d'un accident de voiture, un jeune député communiste, Michele Apicella, est brutalement frappé d'amnésie. Des amis d'une équipe de waterpolo viennent inopinément le chercher pour un match. Au cours de la rencontre, les souvenirs et réminiscences ressurgissent, notamment sur son enfance et ses débuts au PCI, faisant naître chez lui des réflexions sur la politique, les médias, le cinéma, sa vie... Mais plus le match avance, plus la tension monte : avec son entourage, dans sa tête et aussi… dans la piscine.




À l'instar d'un Ridley Scott, d'un Martin Scorsese où encore d'autres papes d'un septième art qui semble incarner une cure de jouvence pour chacun d'eux, il y a quelque chose d'assez rassurant dans l'idée de voir le précieux Nanni Moretti continuer à voguer sereinement, au présent, dans sa zone de confort et à dégainer des merveilles de mélodrames à l'italienne, à des cinephiles qui ne demandent (presque) que cela.

D'autant qu'il n'y a rien qui nous empêche de nous replonger, encore et encore et dans le même mouvement, au coeur de la magie de ses premiers efforts, à l'instar de sa pépite complexe et prenante Palombella Rossa, à nouveau en salles dans une copie toute pimpante - Merci Malavida Films -, après avoir été adoubé par la dernière réunion cannoise; première pierre du virage résolument autobiographique (mais également politique) de sa filmographie, à la lisière du journal intime cinématographique fermement ancré dans la banalité du quotidien.

© Sacher Film / Collection ChristopheL via AFP / LCJ / Malavida Films

Merveille de cinéma volubile, inventif et savoureusement névrotique flanqué sur chaque recoin d'une piscine (et d'un match de water-polo délirant dont la ferveur qui l'entoure, est proche d'une finale de coupe du monde de football) transformé en temple de la réflexion/crise identitaire, le film, tout en répétitions subtiles et en digressions oniriques, triture et s'amuse avec le thème favori du cinéma (la notion mémoire, et encore plus celle familiale, souvent perdue et/où lointaine), à travers la figure blessée d'un homme hébété et égaré, Michele Apicella, membre d'un Parti communiste en fin de vie et tout aussi lessivé que lui.
Une figure tragi-comique encore aux prises avec une amnésie lancinante et dévorante (suite à un accident de voiture, une immobilité symbolique d'une douleur collective face à un manque de perspectives de tout un parti, à la fois politique comme sociale) qui le rend incapable de se souvenir de qui il est, de ce qu'il fait et de pourquoi il le fait, mais avant tout et surtout où va un monde - grotesque - qu'il ne comprend plus et qu'il n'a, peut-être, jamais réellement compris.

Fable affûtée façon compte-rendu radical de toute une époque désenchantée - l'Italie de la fin des années 80 et son ultra-libéralisme galopant -, gentiment héritier du cinéma de Fellini (une référence totalement assumée cela dit), Palombella Rossa est un bijou de comédie dramatique racée aussi intelligente qu'irrésistiblement drôle, qui mérite amplement sa découverte - et encore plus en salles.


Jonathan Chevrier