[CRITIQUE] : Vittoria
Réalisateurs : Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman
Acteurs : Anna Amato, Marilena Amato, Nina Lorenza Ciano, Gennaro Scarica,...
Distributeur : Les Films du Camelia
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h20min.
Synopsis :
Jasmine est coiffeuse à Naples où elle vit avec son mari et ses trois fils. Depuis le décès de son père, elle est hantée par un rêve récurrent qui accroit son désir d’avoir une fille. Malgré l’incompréhension de sa famille et au risque de tout bouleverser, elle décide d’entamer les démarches pour adopter.
La faute à une distribution pas toujours heureuse, Californie comme Butterfly, les premiers longs-métrages entre documentaires et fictions du tandem Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman, n'avaient pas pu atteindre nos salles obscures et il aura donc fallu attendre sept ans et ce qui est considéré comme l'ultime opus de leur " trilogie napolitaine ", Vittoria, pour que l'on découvre la délicatesse de ce qui a tout d'une exploration dense et subtilement construite des désirs comme des rêves féminins.
Après une jeune boxeuse décidée à imposée sa marque aux Jeux Olympiques (Butterfly), puis une jeune gamine presque adolescente qui cherche sa place dans le monde (Californie), le duo suit cette fois, scrupuleusement, l'histoire de Jasmine, à la tête d'une famille baigné par l'amour et déjà mère de trois fils qu'elle aime plus que tout au monde, et de son combat contre tout et tous (la vérité dure du temps qui passe, ses proches, une administration complexe, lente et férocement intrusive,...) pour l'adoption de la petite fille qu'elle désire tant, tourmentée qu'elle est depuis la mort de son père par un rêve habitée par une gamine qui lui procure le sentiment de plénitude qu'elle recherche.
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Copyright Les Films du Camélia |
Dans une dialectique étrange sur le papier, qui cherche à renouveler par l'image la réalité (l'héroïne, une magnifique Marilena Amato, fictionnalise son propre parcours avec sa propre famille à l'écran), avec des acteurs non-professionnels qui se plongent au plus profond d'eux-mêmes et de leur vécus pour nourrir une caméra qui explore la moindre parcelle de leur humanité, le film incarne in fine un petit miracle, une expérience étonnante mais surtout incroyablement pure dans sa façon d'immortaliser la vérité d'une existence (sans jamais donner l'impression d'être artificiellement recréée), au plus près des émotions intenses qui émanent de la quête épurée, vitale et brute de bonheur d'une femme follement empathique, décidée à réaffirmer son droit à opérer ses propres choix, à écouter ses propres désirs et concrétiser ses envies comme ses besoins.
Sans filtre et sans réelles fioritures du côté de sa mise en scène (sauf peut-être dans son final, aux effets dispensables), Vittoria est un sacré moment de cinéma qui nous frustre d'autant plus à l'idée de ne pas avoir pu découvrir les premiers efforts de Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman.
La nouvelle garde du cinéma italien est vraiment passionnante à suivre...
Jonathan Chevrier