Breaking News

[CRITIQUE] : Le Panache


Réalisatrice : Jennifer Devoldere
Acteurs : José Garcia, Joachim Arseguel, Aure Atika, Tom Meusnier,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Colin, 14 ans, fait son entrée dans un nouveau collège et il flippe : comment s’en sortir quand, comme lui, on est bègue ? Sa rencontre avec Monsieur Devarseau, charismatique prof de français, va le pousser à affronter ses peurs et sortir de son isolement. Maintenant Colin a une bande de copains et un projet : monter sur scène pour jouer Cyrano devant toute l’école.




Critique :



Il fut un temps pas si lointain où la présence devant la caméra de José Garcia était un vrai gage de qualité, lui qui était passé de second couteau de luxe/voleur de scènes désopilant à vrai comédien protéiforme, capable de jongler sans trop d'embûches entre la comédie et le drame - voire même quelques excursions étonnantes vers le fantastique.
Reste que l'accumulation de péloches pas toujours défendables ont fait qu'il a sans doute perdu un brin de son pouvoir attractif même si, paradoxalement, il s'est offert quelques-unes de ses plus belles prestations dans des oeuvres plutôt récentes (Chamboultout d'Éric Lavaine mais surtout Lola et ses frères de Jean-Paul Rouve).

Copyright Thibault Grabherr

Si on l'avait laissé plus tôt cette année aux côtés de Charlotte Gainsbourg dans le très beau Nous, les Leroy de Florent Bernard, où même en second couteau de choix il y a quelques semaines, dans l'excellente comédie gentiment romantique À toute allure de Lucas Bernard, face au tandem Pio Marmaï et Eye Haïdara (en attendant de le retrouver à la distribution de la comédie romantico-musicale Joli Joli de Diastème, pile pour Noël); c'est toujours du côté de la comédie, mais dramatique cette fois, qu'il nous revient en ces dernières heures de novembre avec Le Panache, nouveau long-métrage de la cinéaste Jennifer Devoldère, qu'on avait laissé avec le (très) sympathique Sage homme l'an dernier, adaptation plus où moins directe du seul-en-scène Dans la peau de Cyrano de Nicolas Devort, dont la référence au monument Le Cercle des poètes disparus de Peter Weir, était déjà sensiblement marquée.

On y suit donc les atermoiements d'un jeune adolescent angoissé et démuni au cœur de la jungle collégienne : il est bègue, et son handicap fait qu'il n'arrive absolument pas à s'intégrer, comme tout gamin sujet aux moqueries des autres.
Tout se bouscule cela dit lorsqu'il rencontre, enfin, un enseignant à son écoute et gentiment anticonformiste, un prof de français bien décidé à le confronter frontalement à ses angoisses et à son isolement pour qu'il les dépasse, par la force du jeu, du théâtre et même de l'amour.
Et puis quoi de mieux, après tout, pour vaincre - en partie - les ravages de son bégaiement dans le regard des autres, que de briguer le rôle de Cyrano de Bergerac pour le spectacle annuel de son bahut ?

Copyright Thibault Grabherr

Dit comme ça, ça sent la bonne grosse tartine de Nutella enrobée de chantilly et saupoudrée d'une bonne grosse poignée de chamalow (ne juge pas les mauvaises habitudes alimentaires des autres, on te voit), et force est d'admettre que Le Panache ne cherche pas forcément à contredire cette impression, comédie dramatique tout en glucose qui assume, premier degré, l'innocence confondante d'une formule trop savamment calibrée et balisée pour son bien dont même la mise en scène, sans ampleur et convenue comme l'écriture, ne vient pas relever ce qui ne dépasse jamais le statut du simili-téléfilm TF1 qui se serait payé une distribution des grands soirs.

Et pourtant, au milieu des bonnes intentions malhabiles de son discours sur la tolérance et de son refus de tout cynisme (à l'écran, tout du moins), il y a quelque chose de touchant qui émane de cette séance (très) légère qui coche trop facilement les cases d'un mauvais QCM tout en clichetons, sensiblement grâce à une distribution impliquée dont émane un tandem Garcia/Joachim Arseguel réellement convaincant.
Oubliable donc, et cruellement sans panache (même pas pardon).


Jonathan Chevrier