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[CRITIQUE] : Carla et moi

Réalisatrice : Lucie Prost
Acteurs : Finnegan Oldfield, Megan Northam, Florence Loiret CailleLéna Laurent,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.  

Synopsis :
Léo, jeune ingénieur brillant et fêtard qui vit à Berlin, doit rentrer dans son village du Doubs pour vendre les terrains agricoles de son père à une entreprise de forage de métaux rares. Il retrouve sa mère, sa petite sœur, ses copains et son cousin, en désaccord avec le projet de mine. Rapidement, Léo observe d’étranges comportements chez les farios, ces truites qui peuplent la rivière. Il se lance alors dans une enquête hallucinée…




Critique :



Il est le plus français des britanniques et inversement (oui, le genre de punchline tellement facile à décliner, qu'elle est obsolète au moment même où elle est écrite), mais avant tout et surtout une vraie gueule de cinéma, de celle qui marque la rétine, qui prend de la place par sa présence, peut-être pas forcément bestiale mais vivante, vibrante.
Une gueule oui, de celles que l'on oublie pas et, encore plus, quand elles ne sont pas censés voler la vedette.

Car il la vole, Finnegan Oldfield, la vedette,  peut-être inconsciemment au départ (il est même tombé dans le bain du métier par pur hasard), que ce soit du côté de la vieille garde (Tony Gatlif, Anne Fontaine, Stephane Brizé, Éric Barbier, Michel Hazanavicius) que de la jeune (Sébastien Vaniček, Clément Cogitore, Naël Marandin, Katell Quillévéré, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh), même s'il semble désormais totalement conscient de cette aura qui, au fil du temps, s'épaissit, se bonifie comme une excellente cuvée de picrate qui tabasse les papilles.

Copyright Sean Price Williams/Sony Pictures Classics

Fario, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Lucie Prost, ne trahit pas totalement cette vérité, simili-coming-of-age movie aux douces courbes de fable fantastique - avec un doigt de thriller écolo - sous fond de deuil, où le comédien campe cette fois un jeune ingénieur installé à Berlin, qui n'a plus vraiment de plaisir/désir dans la vie (il ne bande plus, littéralement, dans une introduction qui semblerait presque tout droit sortie d'un teen movie de la fin des 90s), et n'a même plus beaucoup goût à la vie, alors qu'il doit retrouver sa ville natale du Doubs, et se confronter encore un peu plus frontalement au deuil de son père agriculteur, dont il doit vendre les dernières terres agricoles à une société minière.

L'équation semble simple et pourtant, rien ne l'est vraiment : la ville a complètement changé, son rapport à sa famille est plus complexe que prévu, des émotions qu'il pensait refouler refont surface mais surtout, la société avec qui il est en passe d'entrer en affaire, à une activité méchamment polluante.
Le tout avec des truites mutantes et bioluminescente (!).

Copyright Sean Price Williams/Sony Pictures Classics

Un sacré programme donc loin d'être toujours adroit (dans sa narration comme dans son insertion d'hallucinations - aux CGI douteux -, qui viennent grossièrement induire l'idée que son protagoniste doit à la fois enquêter sur les maux de la ville, que sur ceux de son âme) mais qui a le mérite d'être plutôt divertissant, d'autant que Prost à la note d'intention assez habile de faire en sorte que son propos environnemental vienne nourrir la (re)construction de son introverti et vulnérable personnage titre, qui trouve peu à peu sa place dans un lieu familial qui le ramène continuellement à un deuil qu'il n'arrive absolument pas à surmonter.

Un premier effort dans tout ce que la définition impose, mais qui charme par sa mélancolie sincère et le jeu nuancé de sa jolie distribution.
La ch'tite surprise ciné de ce (très) très dense mercredi des sorties.


Jonathan Chevrier