[CRITIQUE] : A Secret Love

Réalisateur : Chris Bolan
Acteurs : Terry Donahue et Pat Henschel
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h23min.

Synopsis :
Tombant amoureuse en 1947, deux femmes - Pat Henschel et le joueur de baseball professionnel Terry Donahue - entament un voyage d'amour de 65 ans et surmontent les préjugés.

Critique :

Célébration belle et douce-amère face à la bêtise humaine,#ASecretLove dépeint plus de 60 ans d'un amour caché entre deux femmes courageuses, Terry Donahue et Pat Henschel, qui ont su faire de la longévité de leur bonheur, le + beau des triomphes contre l'hermétisme de la société pic.twitter.com/mrljzloRDa
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) May 1, 2020

On aura beau frénétiquement (et stupidement selon certains), taper sur la qualité relative contenu de Netflix aussi bien d'un point de vue télévisuel que cinématographique - il en faut pour tous les goûts, vraiment -, avouons cependant que sur le terrain sinueux du documentaire, la plateforme s'est toujours attaché à diffuser des propositions si ce n'est essentielles, au moins hautement recommandables.
Décemment plus de la première catégorie que de la seconde, le merveilleux A Secret Love de Chris Bolan, une célébration douce-amère de la romance entre deux femmes américaines sur six décennies.
Ou l'histoire vraie, aussi bouleversante que révoltante, de Terry Donahue et Pat Henschel, qui se sont rencontrés et sont tombés amoureuses l'une de l'autre en 1947, bien qu'il faille plus de 60 ans avant qu'elle lève le secret de cette passion à leurs proches (surtout pour ne pas briser la carrière de Donahue dans le baseball).

Réussite incroyable de nos jours, de voir deux personnes s'aimer autant - et encore plus cachés des yeux du monde - sans discontinu pendant près de 70 ans (sad but true), Terry et Pat ont malgré tout vécu une vie pleine et heureuse, travaillant pour la même entreprise de design d'intérieur à Chicago et construisant leur propre intimité relationnelle au coeur de leur maison commune.
Ce sera seulement en 2009, qu'elles ont prudemment révélé la nature de leur relation à la nièce de Terry, Diana Bolan, qui leur a convaincu de raconter publiquement leur histoire.
Lorsque nous les rencontrons à l'écran, les deux femmes ont déjà 80 ans, et sont en passe de quitter la maison qu'elles partagent depuis 21 ans, pour emménager dans une résidence avec assistance, et si Donahue a une expression douce et ouverte, Henschel elle, est sensiblement plus cynique et poivré, et c'est un pur délice pour les écoutilles de les entendre parler de leur vie commune.
Illustrant leur histoire avec une pluie de vieilles photographies (dont certaines, magnifiques, ne trahissent absolument pas l'amour qu'elles partageaient l'une pour l'autre) et de films familiaux, Chris Bolan rend un hommage vibrant et émouvant aux héroïnes de sa propre famille, laissant transparaître dans leurs regards brillants d'octogénaires, les jeunes femmes dynamiques et passionnées qu'elles ont toujours été.

C'est proprement révoltant et enrageant de se dire aujourd'hui, que la société leur ait fait sentir qu'elles devaient se cacher pour s'aimer, mais le fait que leur bonheur est su se cristalliser avec autant de puissance à travers les décennies et la cruauté de leur quotidien, est ce que l'on peut considérer sans exagérer, comme l'un de ces triomphes incommensurables de la vie.

Jonathan Chevrier