[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #105. The Karate Kid Part II
(Columbia Pictures/IMDb/TNS) |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#105. Karaté Kid II de John G. Avildsen (1986)
Comment faire suite à un véritable bijou, voilà la question qui a dû méchamment tirailler le tandem Avildsen/Kamen passé le merveilleux The Karate Kid, coming of age/buddy/fight/teen movie qui tutoie gentiment la grâce du divertissement mainstream qui a du coeur et de l'âme, et dont le triomphe colossal, fut amplement mérité.
Concocté deux ans plus tard et démarrant pile poil là ou le premier s'était terminé, avec la victoire de Daniel au tournoi de karaté de San Fernando Valley (avec en prime un petit pétage de plomb de John Kreese, que l'on peut juger totalement inutile à la vue de ce second opus, mais qui sera essentiel comme point de départ pour la construction narrative du troisième et dernier film de la trilogie); Karaté Kid II consolide notre attachement profond au tandem Daniel/Miyagi, en renforçant justement leur amitié qui se transforme non plus en relation amicale entre un maître/sensei et son élève, mais bel et bien entre un père et un fils de substitution, tous deux étant justement privés depuis longtemps, de ces deux figures dans leurs existences.
(Columbia Pictures/IMDb/TNS) |
Et c'est par le deuil - la mort du père de Miyagi -, et la double quête spirituelle en plein moment de vérité (le sous-titre FR du premier film justement) des deux héros (initiatique pour Daniel alors que l'âge adulte et des choix de vies futures s'offrent littéralement à lui, et de rédemption pour Miyagi, tant il est confronté à ses choix passés et aux conséquences dévastatrices qu'ils ont causés) au coeur d'Okinawa - et plus directement le village de Tomi, encerclé par des bases de l'armée US -, le pays natal de Miyagi; que le métrage va souder leur union à jamais, dans le respect, la noblesse et les larmes.
Obligé de retourner sur sa terre natale pour voir son père mourant et organiser ses obsèques selon la tradition, Miyagi va donc devoir retrouver tout ce qu'il avait laissé quarante-cinq ans plus tôt : un chagrin d'amour Yukie, qu'il a abandonné parce qu'elle était promise à un autre homme (un arrangement entre la famille la plus pauvre de son village, et la plus riche), et son meilleur ami Sato, le fameux homme promis à Yukie, et qui s'est tellement senti déshonoré qu'il a invoqué un duel à mort contre lui; combat qui n'eût pas lieu puisque Miyagi s'est enfui avant (considéré comme lâche par les siens, ils combattra même au nom de l'armée Américaine pendant la Seconde Guerre Mondiale, rendant sa trahison encore plus symbolique).
Un contexte houleux qui va s'apesantir encore un peu plus lorsque Daniel, qui tombe peu à peu sous le charme de la nièce de Yukie, la belle Kumiko, va s'embrouiller sévère avec Chozen, le neveu et élève de Sato...
(Columbia Pictures/IMDb/TNS) |
Bon complément au premier opus , car il ne se concentre non plus sur l'adolescent - qui continue de parfaire son apprentissage - mais bien son aîné, rendant son exploration de facto plus complexe et mature, enrichissant ce qui avait déjà été établi par le passé (la relation père-fils entre Daniel et Miyagi est comme dit plus haut, plus forte, le premier réconfortant même le second dans son deuil), tout en développant subtilement la dynamique de ses personnages (plus autonomes sans que cela brusque l'intensité de leur tandem, et tous deux engoncés autant dans une flamme passionnelle que dans un combat à mort, à différente échelle), The Karate Kid Part II se démarque de la structure du premier film tout en en reprenant deux points essentiels, et déjà tirés de la saga Rocky (un ennemi insistant et un combat final grisant), autant que son habile gestion entre humour et drame.
Jouissant toujours autant des sonorités entêtantes de Bill Conti (plus douce et dramatique, la flûte de pan de Gheorghe Zemfir est toujours aussi envoûtante), tirant parfaitement parti de son cadre poétique - certaines images sont d'une beauté sans nom -, le film profite aussi et surtout d'un jeu plus confiant de ses interprètes, en pleine possession de leurs personnages : si Ralph Macchio est encore plus attachant dans la peau de Daniel LaRusso (un temps exempt de son arrogance, même s'il reste toujours aussi provocateur), Pat Morita lui, crève l'écran une nouvelle fois en ayant la possibilité de laisser exploser toute sa palette dramatique.
(Columbia Pictures/IMDb/TNS) |
Pas exempt de défauts franchement irritants (l'impérialisme so américain du héros courageux qui s'en va vaincre l'ennemi sur ses terres, les interactions dans un anglais parfait entre les personnages, merci l'Amérique de ne jamais jouer la carte de la crédibilité pour ne pas trop brusquer ton audimat avec des sous-titres...), tout en étant parfois sacrément pataud dans sa narration (le face turn de Sato bien trop prévisible en tête), Karaté Kid II n'en est pas moins réussite mais surtout infiniment plus défendable que le troisième opus.
Un pur divertissement " à l'ancienne " en somme, solide dans son action et puissant dans ses thèmes (l'importance de la famille, de l'amitié et de l'amour, la nécessité de rester fidèle à ses racines, le courage, la miséricorde et la sagesse), qui se laisse mirer sans le moindre déplaisir.
Jonathan Chevrier