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[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #5. Chuck

Copyright Warner Bros. Television

Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
Prêts ? Zappez !!!




#5. Chuck (2007 - 2012)

On a tous une petite série doudou que l'on aime d'un amour infini, un show dans lequel on se replonge sans la moindre réserve, que l'on soit dans une humeur triste ou enthousiasmée, un show que l'on pourrait revoir en boucle, sans jamais être lassé, et dont on pourrait presque écrire de tête, le pitch et les dialogues de tous les épisodes.
Si elles sont assez nombreuses pour l'auteur de ses lignes, il y en a une qui se dégage pourtant plus qu'une autre autant par la douceur et la folie qu'elle a su dégager durant sa trop courte vie - 5 saisons et 91 épisodes -, que par la nostalgie intense qu'elle convoque : la merveilleuse Chuck du tandem Josh " Newport Beach " Schwartz et Chris Fedak, qui vient tout juste d'atteindre les treize printemps; une petite merveille qui survit très, très bien aux affres du temps, et dont la joie de s'y replonger à l'occasion, reste toujours aussi forte.

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On y suivait les aléas de l'attachant Chuck Bartowski (Zachary Levi, excellent), un pseudo-nerd passionné de technologies travaillant au service après-vente du Buy More de Burbank (en Californie) et vivant dans la maison familial avec sa soeur Ellie et son fiancé.
Un homme gentiment coincé dans la vingtaine, qui ne se remettait pas autant de son éviction injuste de Stanford (trahit par son ancien BFF Bryce Larkin), autant que de sa rupture avec Jill Roberts (qui l'a justement largué pour... Larkin).
Et son existence plus ou moins paisible va être totalement bousculé un soir lorsque Bryce Larkin, devenu un agent de la NSA, lui envoie un e-mail encodé avec tous les secrets de la NSA et de la CIA, l’Intersecret.
Monumentale erreur, il lance le mail et l'Intersecret est téléchargé dans son cerveau...
John Casey (Adam Baldwin, génialement monolithique), agent de la NSA très protocole et biberonnés aux années Reagan, et Sarah Walker (Yvonne Strahovski, touchante et badass à la fois), espionne de la CIA trahie par Bryce - également son ancien conjoint -, vont alors s'immiscer dans le quotidien de Chuck pour le protéger autant lui que l'Intersecret, qui a une valeur inimaginable, surtout entre de mauvaises mains.
Ils vont lui faire découvrir le monde merveilleusement dangereux de l'espionnage de haut vol, en l'impliquant souvent plus que de raison.
Devant jongler autant entre son quotidien au Buy More et avec ses proches, et sa vie d'espion malgré lui, il va aussi devoir rendre crédible sa fausse relation amoureuse avec Sarah, leur servant de couverture à tous les deux...

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Entre la comédie d'action référencée à mort (les clins d'oeil à la pop-culture sont légion), le thriller d'espionnage toujours grisant même si un poil répétitif sur la durée (le mojo des gros networks sur les dramas du genre, un épisode : une enquête) et la romance touchante et frustrante à la fois, Chuck a su mélanger les genres tout au long de ses cinq saisons, tout en n'hésitant jamais à sortir de sa zone de confort en se remettant continuellement en question; si les deux premières saisons voyait Chuck comme un anti-héros fun mais limité dans le feu de l'action, il deviendra un agent à part entière dès la troisième saison, et même le leader de sa propre agence dès la cinquième.
Des bousculements d'équilibres osés mais intimemement salvateur, rompant la monotonie des intrigues mais influant de facto sur l'évolution des personnages, cruellement essentiel pour accentuer l'empathie de son auditoire.
Car outre une action rondement bien mené, de son humour décomplexé et des références assénées à gogo (bien aidé par une galerie de guests proprement indécente), c'est par la finesse d'écriture de ses personnages et leur propension à murir devant nos yeux, que Chuck a su se rendre aussi attrayante et indispensable.
Que ce soit les seconds couteaux délirants (du BFF Morgan/Joshua Gomez aux collègues Jeff/Scott Krinsky et Lester/Vik Sahay en passant par Captain Parfait/Ryan McPartlyn ou Ellie Bartowski/Sarah Lancaster), les guests de passage (les merveilleux Scott Bakula et Linda Hamilton, dans les rôles de papa et maman Bartowski, les vilains campés par Chevy Chase et Timothy Dalton, ou encore le love interest improbable de Casey campé par la trop rare Carrie-Anne Moss) ou les héros, la série a toujours traités ses personnages avec un même pied d'égalité et un amour sincère et vibrant.

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Et c'est justement l'amour qui a souvent surplombé les débats au coeur de la série, que ce soit celui qui unit les héros (impossible de ne pas voir le plaisir non feint qu'ont les comédiens à tourner ensemble), l'amitié entre tous les personnages (celle entre Chuck et Morgan est un pilier émotionnel du show) ou tout simplement l'idylle compliquée mais addictive entre Chuck et Sarah, l'une des plus joliment contées au cours des deux dernières décennies.
Constamment perturbés par les hésitations entre les deux amoureux (il a tout de suite craqué pour elle, et on le comprend, tandis qu'elle est peu à peu tomber sous son charme pétri de maladresse et de sincérité, deux éléments qui n'ont jamais émaillés son quotidien d'agent de la CIA), tiraillés entre leurs sentiments et la dure réalité de leur quotidien d'espions - ou aimer n'est pas une option -, les scénaristes se sont amusés à tisser les contours séduisants d'une romance certes prévisible et un chouïa niais - mais dans le bon sens du terme -, mais infiniment attachante, un conte de fées entre le prince geek maladroit et la princesse badass au grand coeur, dont le mariage ne fut - heureusement - pas une finalité.
Si lui a mûrit et trouvé un sens à sa vie auprès d'elle, elle s'est adoucit, à commencer à plus croire et s'ouvrir aux autres et à ne plus être refermé sur elle-même, par peur de souffrir.
L'ultime arc du show leur est d'ailleurs totalement dédié, dans ce qui est un sommet de déchirement (finir la série en empoisonnant de l'intérieur sa plus grande force, il fallait oser) culminant à une relecture magique de l'épisode pilote, ou leur amour semble triompher de tout, même de la perte de mémoire (c'est tout ce qu'on espère tout du moins).

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Modeste, drôle et serieuse à la fois, boosté par une B.O. du tonnerre (une tonne de tubes pop géniaux), respectueuse de la culture geek comme peu l'ont été (ses références ne sont jamais gratuites, et les nerds ne sont jamais caricaturés ou tournés en ridicule), incarnés à la perfection par une galerie de comédiens/comédiennes totalement voués à sa cause, Chuck est un show au coeur gros comme ça; une bulle de légèreté et d'optimisme qui a su créer un lien particulier avec ses fans - qui lui ont souvent sauver la peau -, et se terminer en beauté (une conclusion satisfaisante pour tous les personnages, ce qui n'est pas commun), même si la porte vers une hypothétique sixième saison, ou même un film, n'a jamais vraiment été fermée.
Et à une heure ou le manque d'originalité fait rage et le concept de revival bat son plein, s'il y a bien un show pour lequel on ne sera pas contre un petit come-back, c'est bien lui...


Jonathan Chevrier

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