[CRITIQUE] : Nos Batailles

Réalisateur : Guillaume Senez
Acteurs : Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch, Lucie Debay,...
Distributeur : Haut et Court.
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas.



Critique :

Merveilleux et bouleversant drame sur la vie et l'équilibre fragile qui nous maintient à flot autant que sur la paternité, aussi dur qu'il est d'une luminosité incroyable, #NosBatailles est un petit bijou de drame social mature, intime et humain, porté par un brillant R.Duris pic.twitter.com/GatPAvi4ci

— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 1 octobre 2018

Jusqu'à maintenant, 2018 fut une année plutôt riche pour le génial Romain Duris et ce, même si les films auxquels il a prêté son talent n'ont pas forcément briller par leur qualité, que ce soit le B movie fantastico-apocalyptique (et plutôt reussi) Dans la Brume, ou le polar noir " True Detectiv-esque jusque dans sa promotion " Fleuve Noir (nettement moins défendable).
Reste que, justement, il restait au comédien un troisième film à présenter aux spectateurs et de loin le plus alléchant du lot : Nos Batailles, second long-métrage de Guillaume Senez (le touchant Keeper), qui avait tout du drame social poignant dont on aurait bien du mal à s'en remettre.
En s'attachant au quotidien difficile d'un homme professionnellement établit et qui se combat souvent pour les autres (il est un contremaître syndicalisé et impliqué dans son entreprise), devant faire face dans l'intimité, à une existence de père de famille douloureuse depuis le départ soudain de sa femme - qui ne reviendra pas -, le cinéaste belge, qui poursuit ici le thème fascinant de la paternité déjà abordé dans son premier essai (via le prisme d'un rôle parental non désiré), capte avec délicatesse la complexité du monde et de la vie dans ce qu'elle a de plus touchante et sincère - malgré une ouverture brutale -, sublimant les regards et les étreintes déchirantes et pleine d'amour d'un père pour sa progéniture, ou s'attachant avec justesse et pudeur sur son largage complet, entre larmes, maladresses et angoisses silencieuses.

Une histoire banale dans le fond mais joliment universelle puisque sa sincérité ne sonne jamais faux et sa vérité, dénuée de tout misérabilisme putassier, nous touche continuellement en plein coeur (difficile par exemple, de blâmer une mère fuyante autant sa famille que la dépression qui la guette).
La péloche pourrait presque se voir alors comme une légère extension de Kramer contre Kramer, une extension épurée de tout affrontement conjugal cela dit, mais tout autant centrée sur un père courage et faillible devant se relever d'un uppercut colossal et résister face aux embûches qui l'attendent, incarné avec prestance par un formidable Romain Duris (dans l'un de ses plus beaux rôles à ce jour), bien épaulé par des camarades de jeu féminines au diapason (Laetitia Dosch, déjà de Keeper, et Laure Calamy en tête).
Merveilleux et bouleversant drame sur la vie et l'équilibre fragile qui nous maintient à flot (la chaleur des rapports affectifs luttant contre la détresse de la routine, la beauté de la solidarité luttant contre la froideur du monde professionnel,...) autant que sur la paternité (compliqué et fatiguante autant qu'elle est gratifiante et salvatrice), aussi dur qu'il est d'une luminosité incroyable, Nos Batailles (titre infiniment juste pour le coup) est un petit bijou de drame social mature, intime et humain.
Une ode à la famille porteuse d'espoir et, surtout, d'amour.


Jonathan Chevrier