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[CRITIQUE] : En Roue Libre


Réalisateur : Didier Barcelo
Avec : Marina Foïs, Benjamin Voisin, Jean-Charles Clichet,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h29min

Synopsis :
La folle histoire de Louise qui se retrouve un beau matin, prise au piège dans sa propre voiture, terrassée par une attaque de panique dès qu’elle veut en sortir, et de Paul qui vole la voiture et du coup la kidnappe. Les voilà tous les deux embarqués dans un road-movie mouvementé !




Critique :


Parfois plus encore que le drame, le road movie est sans doute le genre cinématographique le plus propice à laisser parler les émotions d'une histoire et de ses personnages, sans doute parce que la simplicité évidente qu'il convoque (aller d'un point A à un point B), lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple à la fois physique et intime.
Après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?
Cette vérité, la wannabe cinéaste Didier Barcelo la prend au pied de la lettre avec son sympathique - même si un brin convenu - premier effort, En Roue Libre, dont le double-sens évident marque autant la dérive évidente de son tandem vedette abîmé par la vie, que leur épopée sauvage et libre sur les routes de France.

Copyright Julien Panie

Elle, c'est Louise, une femme ayant douloureusement franchie les portes de la dépression après avoir été abandonné par ses deux piliers (son mari et son fils) et qui perd tellement pied dans son quotidien, que son corps l'empêche - littéralement - de quitter son véhicule (au point qu'elle se résout carrément à vivre à l'intérieur), dans une crise de panique qui n'a à la fois rien de commun, mais surtout rien d'anodin.
Lui, c'est Paul, un jeune homme paumé qui choisit par la force des choses, les affres de la criminalité autant pour masquer sa vulnérabilité que pour justifier sa quête de justice.
Le second va voler la voiture de la première et la kidnapper par la même occasion, puisqu'elle ne peut se résoudre à en sortir, et les deux, véritables compagnons d'infortune d'une qui ne leur a jamais fait de cadeau, vont alors se lancer dans un road trip improbable direction le Cap-Feret, une aventure imprévisible faîte de hauts et de bas dont l'issue ne sera résolument pas celle pensée au départ...
Faisant totalement fi de l'absurdité de sa prémisse autant que de ses facilités narratives (dont sa psychologie fragile semble un brin bazardée dès ses premières cent bornes), En Roue Libre épouse pleinement les contours d'une odyssée sensible et décalée, une auscultation humaine de deux êtres séparés par l'âge (elle pourrait être sa mère et lui son fils) dont la cohabitation forcée va lentement mais sûrement laisser place à un apprivoisement tendre, une cohabitation salutaire dans un monde désenchanté où ils ne dénotent finalement absolument pas du cadre.

Copyright Stephanie Branchu

Barcelo roule sur une route pavée de velours donc, ne révolutionne absolument pas le genre et dégaine une petite balade chantante dont les sonorités familières restent charmantes à défaut d'être imprévisible, alternant entre une gravité jamais totalement sombre (burn-out, dépression, passage à vide existentiel,...) et un humour suffisamment malin pour déjouer les affres dégoulinant du mélodrame.
Mais il a une carte solide en main pour continuellement garder la tête hors de l'eau : un formidable duo - auquel se greffe le génial Jean-Charles Clichet -, que ce soit une Marina Foïs tout en nuances et en spontanéité, et un Benjamin Voisin plein de fougue.
C'est eux qui rendent crédible et prenante cette fuite en avant impossible face à un passé traumatisant qui sans cesse les rattrape, mais aussi et surtout cette renaissance solaire, fruit d'une virée dans une inconnue - la vie - qui ne fait plus aussi peur.


Jonathan Chevrier