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[CRITIQUE] : American Nightmare 2 : Anarchy


Réalisateur : James DeMonaco
Acteurs : Frank Grillo, Carmen Ejogo, Zach Gilford, Kiele Sanchez,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 9 000 000 $
Genre : Thriller, Epouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h43min.

Synopsis :

Leo, un homme sombre et énigmatique, brigadier de police, est hanté par la disparition de son fils. S'armant d'un arsenal offensif et défensif, cet homme possédé est résolu à se purger de ses démons. Eva, une mère célibataire tentant tant bien que mal de joindre les deux bouts, et sa fille adolescente Cali vivent dans un quartier défavorisé et n'ont pas les moyens de s'offrir une bonne protection. Quand une poignée de «purgeurs» masqués pénètrent chez elles et les capturent, elles n'ont d'autre choix que de s'en remettre à leur libérateur fortuit, Leo. Au détriment de sa mission de vengeance «autorisée» contre celui qui a porté préjudice à sa famille, Leo, témoin de l'enlèvement d'Eva et Cali, ouvre le feu sur leurs agresseurs alors que Shane et Liz, un couple sur le point de se séparer, sont les victimes d'un acte de sabotage sur leur voiture à quelques minutes seulement du début de la Purge. Trouvant refuge dans le véhicule blindé que Leo a laissé ouvert pour porter secours à Eva et Cali, Shane et Liz s'allient alors à eux pour tenter de se défendre contre ceux qui ont la ferme intention d'exercer leur droit à la tuerie. Alors que ces cinq nouveaux alliés sont poursuivis à travers la ville, dans un sinistre jeu de «tue-moi ou je te tue» effaçant la frontière entre vengeance sponsorisée et justice humaine, tous sont amenés à remettre en question tout ce que leurs dirigeants leur ont toujours prôné.



Critique :

Avant même d'incarner un quelconque renouveau du cinéma horrifique (ce qu'il n'est pas entièrement dans le fond, soyons honnête), American Nightmare aka The Purge en v.o, c'était surtout il y a pile poil un an, la confirmation de la main mise sur le box-office de la méthode Blum, la plus prolifique du cinéma de genre ces dernières années.

Pour preuve, quasiment un film sur deux produit par le lascar, avec des budgets toujours hautement raisonnable - rarement plus de cinq millions de dollars -, ont fait des malheurs en salles, multipliant souvent par dix, voir plus, leurs mises de billets vert initiales.

Des franchises Paranormal Activity et Insidious en passant par Dark Skies ou même Sinister, le Jason était en train de gentiment imposer un nouveau modèle économique à Hollywood, un cocktail détonnant entre concepts bandants, des atours de top budget et un potentiel cinématographique foutrement franchisable.


Mais était donc, car il y a quelques semaines, le succès mitigé - lynché par la critique, boudé en partie par le public - de sa dernière production en date, Délivre-Nous du Mal, pourtant cornaqué par le papa de Sinister Scott Derrickson, a méchamment mis en doute la suprématie du bonhomme, qui nous revient donc cette semaine avec American Nightmare 2 : Anarchy, suite du premier opus salement plus ambitieuse.

80 millions de dollars de recettes sur ses terres pour 3 de budget, exit le huit-clos fauché et bonjour les vastes décors en extérieur, toujours avec le même contexte de départ alléchant à la clé.
Soit une Amérique futuriste et aux ambitions plus paisible, qui décide de maintenir son faible taux de criminalité et de chômage en instaurant, durant une période annuelle de douze heures, La Purge, ou toute activité criminelle, même le meurtre, devient légale et ou laisser s'exprimer ses plus bas instincts est même vivement conseiller.

Tu peux faire ce que tu veux, aucun services d'urgence ne sera disponible, et puis surtout, big bonus, une fois le lendemain venu, tout le monde s'évertuera à faire comme si rien ne s'était passer, ni vu ni connu je t'embrouille.
Amérique terre de violence donc mais clairement terre de liberté et de volontés utopiques, si on en suit Blum et James DeMonaco, de nouveau derrière la caméra avec un poil plus de moyen mais une envie similaire de se pencher sur la lutte des classes dans la société contemporaine ricaine.

Débarrassé de la malheureuse famille Sandlin, DeMonaco focalise son histoire cette fois sur une multitude de personnages allant d'un jeune couple à un mystérieux vigilante bien décidé à purger les rues de sa ville.
Tout comme le premier opus, le film a la même ambition de se placer là comme une bande d'anticipation intelligente et rare, mélange épicé entre Funny Games et Orange Mécanique, le tout sous fond d'une méchante et énervée critique politique contre l'Oncle Sam et sa nation paranoïaque, laxiste sur sa violence et sa tolérance des armes.


Mieux, en élargissant aussi bien ses points de vues que son terrain de jeu, Anarchy parait bien plus fouillé et maitrisé que son prédécesseur, tout en aiguisant fortement ses enjeux basées sur les peurs de nos sociétés occidentales, comme l'écart de plus en plus croissant entre les plus riches et les plus pauvres, la notion de se faire justice soit-même ou encore l'aspect marionnettiste d'un gouvernement - ici les fameux Pères Fondateurs - qui s'amusent à utiliser les civiles comme des jouets.

Plus ambitieux aussi bien dans le fond que dans la forme, mais également dans la volonté de James DeMonaco, de se placer en digne successeur de l'anarchiste le plus précieux du cinéma ricain, John Carpenter, et de son cultissime New-York 1997, American Nightmare 2 étonne grandement et se place aisément comme une suite clairement plus réussite que son ainé, tout en en épousant ses nombreux défauts.

Car si l'ombre de Carpenter plane tout du long sur le métrage (la nécessité de s'allier face à l’oppresseur en terre hostile rappelle aussi bien Invasion Los Angeles que le terrifiant The Thing), la réalisation - franchement quelconque - de DeMonaco est à des années lumières de celle du big John, et le pourtant exceptionnel Frank Grillo est loin d'incarner un Snake Plissken au charisme animal.
Pourtant, force est d'admettre qu'en Punisher du pauvre animé par la haine et le chagrin, le bonhomme fait gentiment son effet sur son cinéphiles.

Mais l'écriture de DeMonaco ne lui rend que trop peu justice, la faute à un manque de relief évident des protagonistes (on assiste in fine à un simple duel gentils persos contre méchants purgeurs), et une volonté constante de vouloir rendre cette efficace série B la plus populaire qui soit.


Maladroit, peu subversif, rarement oppressant, à la violence pas assez graphique et ne causant que trop rarement le malaise, n'exploitant jamais pleinement son potentiel fiévreux (l'illustration du droit au port d'armes, déjà du premier opus), mais parcourut de jolies idées référentiels (les riches usant de la Purge comme un divertissement pervers, rappelle le précieux Running Man avec tonton Schwarzenegger) et d'un ton général plus offensif et engagé, American Nightmare 2 : Anarchy n'est pas encore la purge tant espérée mais s'avère bien plus surprenante et prenante que l'original.

(Très) sympathique donc mais franchement oubliable, on va donc prier pour que le troisième American Nightmare, déjà annoncé, soit un poil moins sage tout en allant franchement à fond dans son message sur la lutte des classes, quitte à littéralement choquer comme le génial Transperceneige de Bong Joon-ho.

Une maigre demande face à une franchise au potentiel réellement énorme, quand on sait qu'une purge par an peut très bien et très vite se définir en un film rapidement torchée par an à Hollywood.
Souriez chers cinéphiles, vous êtes surement en passe de vous faire (entubés) purgés de nouveau...


Jonathan Chevrier


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