[FUCKING SERIES] : Stranger Things saison 5, partie 2 : La stratégie du surplace
(Critique - avec spoilers - de la seconde partie - les épisodes 5 à 7 - de la saison 5)
Frustration, c'était le mot qui caractérisait la première partie de l'ultime saison de Stranger Things, qui peinait sensiblement au démarrage au point de ne plus simplement faire du surplace, mais bien du rétropédalage mignon à la lisière de l'absurde : huit épisodes, et les Duffer se permettaient d'opérer un bond d'un an sans la moindre incidence face à une menace Vecna à l'urgence folle, tout en se payant le luxe de ne jamais véritablement faire évoluer ses personnages, en les ramenant continuellement à leurs développements comme à leurs conflits initiaux (Jonathan et Steve se battant pour Nancy, Joyce reléguée à son statut de mère inquiète, Hopper revivant le traumatisme de sa fille disparue,...).
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| Courtesy Of Netflix/Netflix © 2025 |
Seul l'ultime épisode commençait à véritablement entrer dans le vif du sujet, avec l'avènement d'un " sorcier " enfin réveillé et débarrassé de ses peurs.
Autant dire que la seconde partie était attendue de pied ferme et, sans surprise, les Duffer font une nouvelle fois un peu trop durer le plaisir jusqu'à l'extrême, au détour de trois épisodes à la fois creux et surchargés, un ballet redondant de séquences et de dialogues répétitifs (quand ils ne sont pas risibles) plombé par un montage au mieux maladroit, au pire méchamment incohérent (ses flashbacks que l'on rompt pour repartir sur une narration au présent... avant d'y revenir), sans compter une écriture qui réduit ses figures à leurs traits de personnalité les plus caricaturaux
De retour au point de départ sans toucher un billet de la banque, la route vers le grand final s'avère plus laborieuse que jamais, l'imminence de la fin du monde n'empêchant pas la petite troupe de jouer la carte de l'immobilisation consentie pour échanger quelques moments de tendresse (dont on peut ôter le touchant coming-out de Will, l'acceptation de sa sexualité étant clairement l'une des clés de l'affrontement final, face à un Vecna qui tirait sa force de ses faiblesses) et/où sur-expliquer la moindre de leur action (comme le spectateur, lhistoireest devenue tellement alambiqué qu'il faut prendre le temps d'expliquer à tout le monde ce qu'il se passe, même aux principaux concernés), là où les Duffer peinent à passer la seconde pour gonfler le lore de ce feu d'artifice final (les numéros ont bien leurs pouvoirs issus du sang de Henry Creel, tandis que l'Upside Down ne serait in fine pas un monde parallèle au nôtre, mais un immense trou de ver menant à quelque chose de bien pire, l'Abysse), d'autant que la patience de Vecna pour envahir notre monde, commence gentiment à friser avec l'irrationnel.
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Étirer plus que de raison la durée des épisodes comme vouloir espacer leur diffusion, là où le show n'a jamais été aussi captivant que lorsqu'il allait à l'essentiel en fonçant toute berzingue tout en embrassant tous ses extrêmes (action, émotion, nostalgie,...), a été la goutte de pisse qui a fait déborder la cuvette d'un édifice à la stabilité déjà précaire depuis la pourtant divertissante saison 4, tant elle expose toutes ses vulnérabilités comme elle laisse suffisamment de temps à son auditoire pour les encaisser (ce qu'une diffusion plus traditionnelle, aurait permis de diluer avec le potentiel choc du grand affrontement final).
Plus la série avance vers son point final, plus elle démontre les velléités purement commerciales de Netflix à vouloir faire durer la fête plus longtemps qu'elle ne le devrait, plus elle expose l'inutilité de certaines de ses figures pourtant essentielles (le sort réservé a Winona Ryder fait franchement peine à voir), tout comme son incapacité à aller à l'essentiel en ne se délestant ni de ses personnages, ni de ses sous-intrigues superflues.
Il reste deux heures, montre en main, pour que les Duffer fassent en sorte que son Scooby-Gang fracasse Vecna, sauve les douze enfants perdus (dont la géniale Holly, révélation de la saison), savate les méchants savants fous du gouvernement, sauve le monde et obtiennent des dénouements émotionnels crédibles, histoire de ne pas s'inscrire dans l'ombre de l'ultime salve d'épisodes toute aussi frustrante de l'autre monument de la culture populaire des années 2000/2010, Game of Thrones.
Ça semble compliqué, même pour une série faite de "choses étranges "...
Jonathan Chevrier



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