[CRITIQUE] : Une enfance allemande : Île d'Amrum, 1945
Réalisateur : Fatih Akin
Acteurs : Jasper Billerbeck, Laura Tonke, Diane Kruger, Matthias Schweighöfer,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Guerre.
Nationalité : Allemand.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Printemps 1945, sur l’île d’Amrum, au large de l'Allemagne. Dans les derniers jours de la guerre, Nanning, 12 ans, brave une mer dangereuse pour chasser les phoques, pêche de nuit et travaille à la ferme voisine pour aider sa mère à nourrir la famille. Lorsque la paix arrive enfin, de nouveaux conflits surgissent, et Nanning doit apprendre à tracer son propre chemin dans un monde bouleversé.
On avait laissé le cinéma de Fatih Akin sur une note mi-figue, mi-raisin : Rheingold, où il s'inspirait des observations sociales des "hood movies" US (voix-off Scorsesienne en prime) pour sa mise en images d'un destin bigger than life qui incarnait in fine une sorte de Réussir ou Mourir tout aussi policé mais allemand, que parvenait tout de même à relever une tension constante comme la prestation impliquée de Emilio Sakraya.
Sensiblement opposé - et le mot est faible - est son nouveau long-métrage, Une enfance allemande : Île d'Amrum, 1945 (dont on préférera le titre original, infiniment moins chargé, Amrum), qui se revendique comme une plongée au coeur des derniers jours du Troisième Reich en avril 1945, sur l'île d'Amrum en Allemagne du Nord, au plus près des souvenirs d'enfance de feu le scénariste et réalisateur d'Hark Böhm (connu pour ses collaborations avec Rainer Werner Fassbinder, et dont le film peut se voir comme un bel hommage posthume, lui qui nous a quitté le 14 novembre dernier), figure emblématique du cinéma allemand et ancien membre des Jeunesses hitlériennes.
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D'une sobriété rare - surtout pour Akin et son cinéma jusqu'ici plus brut et radical -, entre le récit historico-personnel à la fois didactique et poignant, et la fable féerico-enfantine douce-amère tout droit sortie de l'œuvre de Roald Dahl, le film croque un juste et douloureux récit initiatique au plus près des aternoiments d'un gamin débrouillard et harcelé à l'école (une violence qu'il reproduit sur les animaux, quand bien même cela part d'une notion de chasse plus que d'un brutalite inherente à l'idéologie familiale, portée par une mère qui ne se résigne pas à accepter la fin du Troisième Reich) qui, soumis à la propagande nazie depuis l'avènement au pouvoir d'Hitler et le début du conflit, voit ses convictions comme son innocence se fissurer lorsqu'il est confronté aux dures lois des secrets de famille tus et d'une vérité qui peut parfois blesser par son âpreté.
Drame de guerre émotionnellement dense et continuellement à hauteur d'enfant (dont il épouse les contradictions avec empathie), Une enfance allemande : Île d'Amrum, 1945, proche dans le ton du beau Belfast de Kenneth Branagh, se fait une jolie séance humaniste et éclairée, rugueuse et mélancolique, dominée par la prestation impressionnante du jeune Jasper Billerbeck.
Jonathan Chevrier







