[FUCKING SERIES] : Sandman saison 2, vol. 1 : Le retour des limbes

(Critique - avec spoilers - de la première partie de la seconde saison)


Excellente surprise à sa sortie sur Netflix, la série Sandman semble ironiquement être retombée dans des limbes télévisuelles, la faute à des audiences jugées peu suffisantes, des coûts considérés trop élevés et les scandales ayant entouré l’auteur des comics d’origine il y a quelques mois. Cela crée un sentiment évident de frustration vu la qualité d’un programme qui n’hésite pas à sortir d’une certaine structure d’épisodes pour mieux faire déployer son monde et d’une annonce de fin prématurée, comme le démontrent ces premiers épisodes d’une deuxième saison divisée en deux parties.

Très vite, on retrouve l’univers de Rêve et de sa famille d’Infinis, réunis par les événements avant qu’un certain élément ne déclenche inévitablement son lot de situations. Le côté progressif du récit intéresse tant la jonction des différents points narratifs se fait constamment en conséquence, renvoyant notre personnage principal dans ses imperfections et dans un statut d’éloignement qu’il a lui-même développé. Tom Sturridge parvient à conserver le ton renfrogné qui se divise par diverses failles au cours de ses pérégrinations, le tout dans un casting où le jeu marqué renforce sa mise à l’écart émotionnelle de manière pertinente.

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Dès lors, les épisodes conservent une certaine saveur, la surprise de la salve initiale en moins. On pourra regretter qu’aucun ne trouve la même grâce que la rencontre avec Mort ou la relation de notre héros avec un personnage transformé en immortel mais il serait injuste de ne pas constater la richesse sentimentale de l’œuvre, notamment dans ses choix d’adaptation (cf. le personnage de Wanda). Ces fines connexions qui se développent perpétuent cette idée de mythologie où nos protagonistes sont bien souvent à bout de leurs rôles et doivent se réinventer pour mieux se retrouver, avec une tonalité variable qui se tient malgré tout dans ces six premiers épisodes.

Cette première partie de la deuxième saison de Sandman a donc du charme et de l’intérêt par ce qu’elle permet de développer narrativement, mythologiquement mais surtout émotionnellement. On s’attend à ce que cette réintroduction permette à sa seconde partie d’exploser tant on sent une mise en retrait un poil trop étouffante pour son propre bien. Cela ne nous a quand même pas empêché d’apprécier ce que les esprits derrière la série (et qui se sont distanciés de l’auteur original) ont pu concocter dans ce retour de Rêve et de ses univers à la fois drôles, caustiques, cyniques, brutaux et touchants.


Liam Debruel