[CRITIQUE] : Transmitzvah
Réalisateur : Daniel Burman
Acteurs : Penélope Guerrero, Milo Burgess-Webb, Alejandro Awada, Gustavo Bassani,...
Budget : -
Distributeur : Outplay Films
Genre : Comédie.
Nationalité : Argentin.
Durée : 1h40min
Synopsis :
Mumy Singer, une célèbre chanteuse trans revient en Argentine pour renouer avec sa famille yiddish et son passé. Enfant, elle avait voulu défier les conventions en refusant de préparer sa Bar-Mitzvah. Avec l’aide de son frère Eduardo, elle décide enfin de célébrer ce rite de passage en organisant une Trans-Mitzvah.
Il n'est pas difficile de dresser, au-delà du constat sensiblement réjouissant que le cinéma argentin arrive de plus en plus à trouver son chemin dans nos salles obscures (et c'est tant mieux, clairement), des points de concordances à la vision du pitch de Transmithzvah signé par le chevronné Daniel Burman, et le tout récent (sorti la semaine dernière et donc toujours en salles) Moi, ma mère et les autres du wannabe cinéaste Iair Said, tant les deux films s'attachent à compter les retours au pays et au cœur de familles juives de ses deux figures titres, pour des raisons différentes - un deuil d'un côté, une envie de renouer avec les siens de l'autre.
Mais si le film de Said penchait sensiblement du côté du cinéma de Woody Allen (avec sa propre personnalité, certes, mais dont les similarités étaient plutôt évidentes), celui de Burman semble plus naturellement se diriger du côté de chez Almodovár avec une fantaisie décalée totalement assumée - trop, sans doute -, dans sa manière résolument moins maladroite que celle de Jacques Audiard, d'aborder le thème de la transidentité (sous fond de petite prise grippe du conservatisme religieux), sujet ô combien d'actualité dans une nation argentine (voire même une bonne frange du continent américain) à la transphobie affirmée.
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Copyright OFICINA BURMAN |
La narration, sinueuse (parce que bardé de sous-intrigues incomplètes) et fragile, s'attache donc au retour au bercail de Mumy Singer, une célèbre chanteuse trans qui cherche à renouer avec sa famille yiddish comme avec son passé, elle qui avait tout quitté au moment même de sa Bar-Mitzvah, qu'elle désire désormais organiser sur le tard, avec l'aide de son frère et avec ses propres règles, en tant que " Trans-Mitzvah "...
Chronique à la fois comico-dramatique chorale et existentialo-surréaliste (avec un tout petit doigt de comédie musicale), d'une âme qui n'a jamais réellement pu opérer comme elle l'aurait voulu son passage à l'âge adulte, et qui va tout faire pour guérir son soi adolescent en rattrapant le temps perdu, le film est une œuvre à la fois attachante mais méchamment désordonnée, louable dans ses intentions progressistes (et noué autour d'une notion de choix de moins en moins facile à avoir comme à affirmer, dans une société contemporaine à l'humanité déclinante) mais qui n'arrive jamais réellement à se dépêtrer de la propre confusion qu'il s'impose lui-même - son écriture comme son rythme et ses tons dissemblables.